À l’issue de leur procès du 12 juin 2024, Gabriel Loustau et Halvard Knoepffler ont été condamnés à six mois d’emprisonnement avec sursis, et Louis Germanaz et Briac Fraval de Coatparquet à respectivement cinq et sept mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt – des peines aménageables en surveillance à domicile avec bracelet électronique. Les quatre ont également interdiction d’entrer en contact.
10 juin, 1h45 du matin, 6e arrondissement de Paris – Quelques heures seulement après l’annonce de la première place de Jordan Bardella et du Rassemblement national aux élections européennes, cinq jeunes hommes déambulent dans les rues. Très alcoolisés, ils croisent la route d’un passant, âgé de 19 ans, selon le Parisien et le PV d’interpellation que StreetPress s’est procuré. Armés d’un bâton et d’une ceinture, ils lui lancent alors :
« Toi sale pédé, t’es un trans. »
L’un des cinq agresseurs lui assène alors un coup de poing à l’arcade gauche, sous les yeux d’une témoin. Les jeunes hommes la menacent et l’insultent, avant de prendre la fuite. À quelques rues de là, des policiers remarquent un des nervis, qui tient une ceinture dans sa main droite. Les agents interpellent finalement quatre des cinq membres de l’équipée homophobe : Briac Fraval de Coatparquet, Louis Germanaz, Gabriel Loustau et Halvard Knoepffler. Alors qu’ils sont en train d’être embarqués, le quatuor leur signifie qu’ils font tous « partie du Groupe union défense », le Gud, une organisation néofasciste étudiante adepte du coup de poing.
Après la victoire de Jordan Bardella aux élections européennes, les militants du Gud sont sortis « casser du PD ». / Crédits : DR
Gabriel Loustau est un des leaders du Gud et une des figures derrière le mégaphone lors du défilé néofasciste parisien du Comité 9 mai. Cette année, il a posé fièrement avec Manuel Andrino Lobo, chef de FE-La Phalange, un parti nostalgique du franquisme. / Crédits : DR
Les policiers notent que les quatre militants d’extrême droite sentent « fortement l’alcool » et ont même « l’élocution pâteuse ». À tel point qu’ils sont d’ailleurs jugés « inaptes à se voir notifier leurs droits » par l’officier de police judiciaire. Comme l’a révélé Libération, certains auraient également revendiqué dans leur garde à vue leur « appartenance » au Rassemblement national. Des liens historiques entre les deux groupes existent depuis leurs premières années d’existence dans les années 70, comme StreetPress le rappelait en vidéo. Selon Libé, l’un d’eux aurait déclaré aux policiers qu’ils avaient hâte d’être « dans trois semaines », après le premier tour des élections législatives anticipés et une possible victoire du Rassemblement national :
« On pourra casser du PD autant qu’on veut. »
Des néofascistes aux familles ancrées au RN
Ils ont tous accepté d’être jugés en comparution immédiate ce 12 juin au tribunal judiciaire de Paris, procès toujours en cours au sein de la 23e chambre correctionnelle. Comme l’a indiqué Mediapart, parmi la petite équipe, Briac Fraval de Coatparquet et Louis Germanaz comparaissent pour « violences sans incapacité commises en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre de la victime », tandis que Gabriel Loustau et Halvard Knoepffler sont présentés à la justice pour « abstention volontaire d’empêcher un crime ou un délit contre l’intégrité d’une personne ». Ils sont bien connus de StreetPress. Gabriel Loustau est un des leaders du Gud, et une des figures derrière le mégaphone lors du défilé néofasciste du Comité du 9 mai. C’est également le fils d’Axel Loustau, ancien chef de ce syndicat étudiant, néofasciste ami de Marine Le Pen et ancien conseiller régional RN. Le fils Loustau a aussi été directeur général dans la société de sécurité du paternel, Astoria, qui empoche des millions d’argent public et dont StreetPress vous avait parlé en janvier dernier. Une société où est également passé en stage, à un poste de contrôleur de gestion, Halvard Knoepffler, militant d’origine norvégienne, quand son ami Gabriel était aux commandes de la boîte.
Alors qu’ils sont en train d’être embarqués, le quatuor leur signifie qu’ils sont tous membres du Gud. Certains auraient également revendiqué dans leur garde à vue leur « appartenance » au Rassemblement national. / Crédits : DR
La grand-mère de Briac Fraval de Coatparquet est l’ancienne responsable départementale des Côtes-d’Armor du Front national et une ancienne candidate pour le parti frontiste à de nombreuses élections législatives. / Crédits : DR
Quant à Briac Fraval de Coatparquet, il baigne lui aussi à l’extrême droite depuis son plus jeune âge. Selon un site de généalogie, sa grand-mère paternelle serait Myriam Fraval de Coatparquet. Il s’agit de l’ancienne responsable départementale des Côtes-d’Armor du Front national et une ancienne candidate pour le parti frontiste aux élections législatives – en 1988, 1993, 1997, 2002 et 2007 – dans le même département. Une matriarche qui a reçu Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch ou Marion Maréchal dans la maison familiale.
À l’heure de la publication, le procès des quatre militants est toujours en cours.
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