Février 2013, au casino Grand cercle d’Aix-les-Bains (73) – Dans les couloirs de l’établissement, Brice Bernard pose tout sourire devant un vitrail, au côté de David Berton. Les deux hommes, à l’époque respectivement secrétaire du Front national de la jeunesse pour Chambéry (73) et responsable départemental, se font photographier effectuant une « quenelle ». Un geste « antisystème » – sous-entendu contre un système qui serait dirigé par les juifs – popularisé par l’humoriste antisémite Dieudonné. Un geste qui vaut à David Berton d’être écarté l’année suivante de la liste Front national aux élections municipales de la ville thermale. Mais qui n’a pas empêché Brice Bernard de continuer de monter les échelons du Rassemblement national (RN) : il est candidat dans la 4e circonscription de Savoie pour les élections législatives anticipées.
Contacté, Brice Bernard assure qu’il n’y avait « aucune connotation antisémite de [sa] part » et qu’il n’a « aucune sympathie pour Dieudonné ». Il tient même désormais à souligner sa « proximité depuis 2021 avec les autorités religieuses juives sur Chambéry et Aix ». Mais ce n’est pas son seul dérapage. Toujours en 2013, son acolyte David Berton publie une autre photo, sous-titrée « “Le racisme” et la caricature », où l’on voit l’actuel candidat aux législatives fermer les yeux et tenir des baguettes, laissant sous-entendre qu’il imiterait une personne asiatique. Cette fois-ci, le candidat se défausse sur son « ancien » ami, avec qui il serait devenu adversaire politique. Et pour la photo, elle pourrait même être… truquée ! « À l’âge de la transformation des photos par l’IA, impossible de contrôler ce que font les autres ou ce que disent les autres. » Sauf que la photo a bien été postée sur Facebook en 2013, bien avant ChatGPT ou Midjourney.
Brice Bernard a aussi fait une pose raciste sur une photo publiée sur Facebook par son acolyte David Berton, où il parodie une personne asiatique. Contacté, Brice Bernard a répondu que la photo pourrait être truquée « à l’âge de la transformation des photos par l’IA ». Sauf que la photo a bien été postée sur Facebook en 2013. / Crédits : Facebook
Des connexions radicales
Le candidat fricote aussi avec des radicaux. En février dernier, Libération pointait déjà le cas de Brice Bernard et évoquait son « amitié » sur Instagram avec Frédéric Chatillon – l’ancien chef néofasciste du Groupe union défense (Gud), dissous ce mercredi 26 juin en Conseil des ministres, et ami intime de Marine Le Pen. Malgré ces révélations, Brice Bernard n’avait rien changé… Jusqu’à nos questions. « Je ne connais pas personnellement M. Chatillon. J’avoue ne pas avoir vu qu’il était sur mes réseaux », a-t-il répondu. Sauf que Brice Bernard suivait bien ce prestataire historique du Rassemblement national. Ce « follow » a été retiré dans la nuit après notre prise de contact avec le candidat.
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Il n’a par contre pas arrêté d’être « ami » avec Bastien C., autre membre de la mouvance néofasciste cette fois-ci locale. C’est un militant du groupuscule Edelweiss, bien connu à Chambéry pour ses violences, et qui a servi de base au Bastion social en Savoie. L’homme a, d’après nos informations, fait partie d’un groupe de néofascistes qui a agressé une personne à une terrasse le soir de la Fête de la musique à Chambéry. Au côté de Bastien C. ce soir-là se trouvaient notamment Franck Cuter, un militant violent qui a écopé d’un rappel à la loi pour l’attaque d’un concert de la Fédération anarchiste locale en 2017. Une année durant laquelle Cuter tractait aussi pour la campagne présidentielle de Marine Le Pen… aux côtés de David Berton.
Bastien C. aurait aussi « proposé son aide pour tracter lors d’actions militantes », selon Brice Bernard pour expliquer son amitié sur Instagram avec le militant. « Je ne le connais pas plus. J’ignorais ce que vous me dites autant pour Edelweiss que pour le Bastion », assure le candidat. Le groupe était pourtant proche de David Berton, l’ex-ami du candidat Brice Bernard, qui a quitté le RN pour créer le clan la Montagne en 2018, un groupuscule communautaire également proche des suprémacistes blancs des Braves. Brice Bernard les a côtoyés le 17 novembre 2018. Ce jour-là, les Gilets jaunes bloquent la voie rapide de Chambéry : Brice Bernard, délégué départemental du Rassemblement national depuis plusieurs années, est aux côtés de Berton et sa bande. Au même endroit, se trouve également la section locale du Bastion social. Là encore, Brice Bernard plaide la méconnaissance :
« Je ne suis pas ces groupuscules, je ne m’y intéresse pas. »
Propos racistes, homophobes, antisémites, complotistes, anti-IVG, liens avec des groupuscules radicaux… Retrouvez ici, la liste des candidats du Rassemblement national épinglés par StreetPress.
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- Christian Pérez, 8e circonscription du Finistère. Le candidat RN qui compare les joueurs de l’équipe de France à des « clandestins ».
- Tiffany Joncour, 13e circonscription du Rhône. Ses amis de groupuscules identitaires violents l’aident à faire campagne.
- Josseline Liban, 2e circonscription du Calvados. Une nouvelle candidate RN raciste et complotiste.
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