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    19/03/2024

    Il avait attaqué un local du PCF en 2019

    Un ancien néofasciste vient en aide aux réfugiés gazaouis

    Par Arthur Weil-Rabaud , Daphné Deschamps

    Depuis fin 2023, Aubert Michon du Marais est engagé auprès de SOS Chrétiens d’Orient pour aider les Gazaouis qui fuient les bombardements israéliens. Une repentance pour cet ancien membre de plusieurs groupes d’extrême droite raciste et antisémite ?

    Dans la cour d’une maison du Caire en Égypte, plusieurs volontaires de l’ONG d’extrême droite SOS Chrétiens d’Orient chargent des colis humanitaires à l’arrière d’un pick-up. Mobilisés depuis le lancement de l’offensive israélienne sur la bande de Gaza qui a fait suite à l’attaque du Hamas le 7 octobre, les volontaires envoient des cartons remplis de conserves et de lait infantile aux familles gazaouies en détresse, aidés par des membres du Croissant-Rouge. Parmi la petite équipe en action, paire de baskets Adidas Sambas bleu marine aux pieds et pull gris, un visage familier dans la région lyonnaise : Aubert Michon du Marais.

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    En Égypte, Aubert Michon du Marais est « chef de mission » depuis décembre dernier. Il est engagé auprès de SOS Chrétiens d’Orient pour aider les Gazaouis qui fuient les bombardements israéliens. / Crédits : DR

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    L'engagement de l'ancien néofasciste pour les Palestiniens peut surprendre au regard de son passif dans le groupe raciste Bastion social. Il s'inscrit pourtant dans la droite lignée de la doctrine des nationalistes-révolutionnaires français. / Crédits : DR

    Âgé de 25 ans, le jeune homme n’est pas qu’un simple volontaire : sur le site et les réseaux sociaux de l’association, il est présenté comme « chef de mission » en Égypte. Une fonction qu’il occupe depuis décembre dernier, après plusieurs mois passés en Arménie, toujours avec SOS Chrétiens d’Orient, par ailleurs accusée de complicité de crimes de guerre en Syrie. Celui qui se décrit comme « engagé dans la continuelle recherche du bien commun » sur le site de l’ONG est surtout connu dans le Rhône pour son engagement politique radical. Notamment au sein du mouvement néofasciste Bastion social (BS), créé en 2017. Un groupe qui prône la « préférence nationale » et ne veut accorder son aide qu’aux « Français de souche » avec ses maraudes et distributions alimentaires. Aux nombreuses sorties islamophobes, antisémites et xénophobes de ses membres s’ajoutent des violences, parfois racistes. Mayeul, le frère jumeau d’Aubert, a d’ailleurs été un temps poursuivi pour agression à caractère raciste, envers un couple d’origine maghrébine avec d’autres membres du Bastion social à Marseille. Un passif qui n’empêche pas le militant vingtenaire de fournir une aide aux réfugiés gazaouis, dont la grande majorité est musulmane. Contacté pour en savoir plus sur cette repentance, Mayeul Michon du Marais n’a pas donné suite aux sollicitations de StreetPress. Cet engagement s’inscrit en tout cas dans la droite lignée de la doctrine des nationalistes-révolutionnaires français, qui ont toujours soutenu la Palestine face à Israël, notamment par antisémitisme.

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    Du Bastion social aux néonazis

    Avec son frangin, qui milite aujourd’hui dans les rangs du mouvement identitaire pro-Stéphane Ravier Défends Marseille, Aubert a d’abord gravité autour des royalistes de l’Action française. La fratrie Michon du Marais y croise notamment un certain Marc de Cacqueray-Valmenier. À la dissolution du Bastion social en 2019, accusé « d’appeler à la haine, aux discriminations et aux actions violentes », les deux frères ne quittent pas le militantisme et décident de rejoindre Lyon Populaire. Un groupuscule né dans les cendres du BS, fondé et dirigé par le militant néonazi Eliot Bertin. Ce dernier est aujourd’hui en détention provisoire pour sa participation supposée à l’attaque d’une conférence sur la Palestine début novembre dans le Vieux-Lyon, bien loin du bon samaritain Aubert !

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    À Lyon, Aubert Michon du Marais a côtoyé les royalistes et les identitaires. Notamment ici en octobre 2020, où il fait le service d'ordre (tout à gauche) d'une mobilisation du collectif Marchons enfants, aux côtés des militants Sinisha Milinov et Adrien Ragot, condamnés pour pour des agressions violentes. / Crédits : DR

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    L'ancien militant du Bastion social (deuxième en partant de la droite) a été condamné en 2019 pour avoir fracassé les vitres du local du PCF à coups de barre de fer avec deux proches de l’Action française. / Crédits : DR

    C’est également à cette époque que le philanthrope fracasse les vitres du local du Parti communiste français à coups de barre de fer avec deux compères proches de l’Action française. Bien loin de sa « continuelle recherche du bien commun », Aubert Michon du Marais est alors condamné à quatre mois de prison avec sursis, assortis de 105 heures de travail d’intérêt général.

    « Chacun à sa chance à SOS Chrétiens d’Orient »

    Le militant passé par l’Issep – l’école privée lyonnaise fondée par Marion Maréchal-Le Pen – a coché toutes les cases de l’extrême droite lyonnaise avant son départ pour le Proche-Orient. En octobre 2020, il assure le service d’ordre d’une mobilisation du collectif Marchons enfants, qui rassemble la Manif pour tous et une vingtaine d’autres associations conservatrices. Casque de moto sous le bras, il se tient aux côtés d’autres militants de Lyon Populaire, mais aussi des royalistes ou encore les identitaires Sinisha Milinov et Adrien Ragot, condamnés pour des agressions violentes dans la capitale des Gaules.

    Contactée à propos du passé militant de son chef de mission, SOS Chrétiens d’Orient affirme « ne pas s’intéresser aux engagements politiques éventuels de [ses] collaborateurs, qui sont libres de leurs engagements ». L’asso’ a aussi répondu ne pas pratiquer « l’inquisition des pensées et du passé ni de la vie personnelle ou des opinions » :

    « Chacun à sa chance à SOS Chrétiens d’Orient, comme à la Légion étrangère. Même les procureurs idéologues de StreetPress qui veulent changer de vie. »

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