« Ils n’avaient ciblé et frappé que des noirs et des arabes », commente un policier. Le 20 avril dernier, après la sortie des cours au lycée Victor-Hugo, dans le 3e arrondissement de Paris, une quinzaine d’agresseurs ont attaqué des élèves. Les assaillants les ont cognés avec des béquilles et les ont gazés à l’aide de bombes lacrymogènes, criant des insultes racistes. Le 13 juin au petit matin, 12 d’entre eux ont été interpellés à leurs domiciles, comme le raconte le Parisien.
StreetPress a eu accès au profil des agresseurs présumés, placés en garde à vue pour violences volontaires avec « trois circonstances aggravantes » : en réunion, avec arme et en raison de la race ou de la religion. Ils sont très jeunes. Sur les 12 interpellés, neuf ont entre 14 et 17 ans. Les trois autres ont 18, 20 et 24 ans. Parmi ces majeurs, Antonin C. et Pierre C. – qui ne sont pas de la même famille – sont également connus pour avoir fait partie du projet d’expédition punitive contre des supporters marocains lors du match France-Maroc, en décembre dernier. Le premier doit même être jugé en septembre prochain, aux côtés de figures de la mouvance d’extrême droite violente comme Marc de Cacqueray ou Paul-Alexis Husak. Quant à Louis N., 20 ans, il affiche ses sympathies pour le GUD et le parti Reconquête d’Eric Zemmour sur ses deux comptes Twitter.
La division Martel
Plusieurs indices laissent à penser que certains de ces jeunes feraient partie du groupuscule division Martel. Une bande nommée ainsi en référence au chef franc Charles Martel – grand-père de Charlemagne – qui a vaincu l’armée omeyyade à Poitiers en 732. « Une hybridation entre certains Zouaves et des militants identitaires », a pu détailler Libération à leur sujet. Ce groupe s’est notamment illustré le 29 avril en participant au rassemblement d’extrême droite contre l’accueil des réfugiés à Saint-Brévin-les-Pins (44) – dont le maire avait démissionné quelques jours plus tard. Sur Instagram, une photo publiée en story aux alentours du 20 avril par un compte se réclamant de la division Martel attire l’attention. On y voit 18 hommes habillés en noir, avec des casquettes et cache-cous, poser dans un escalier entre l’allée Vivaldi et la rue de Reuilly, dans le 12e arrondissement de Paris. Ils arborent une béquille et font des saluts de Kühnen, ersatz de salut hitlérien inventé par le néonazi Michael Kühnen pour contourner l’interdiction de ce geste. Le 15 juin au soir, le compte qui a posté cette story a désactivé son compte Instagram.
La photo avait été également postée en juin par un autre membre de la division Martel, likée notamment par un des agresseurs présumés, Antoine C., qui aime mettre en avant sa pratique du Jiu-jitsu Brésilien. Ces éléments laissent penser qu’il pourrait s’agir de l’expédition punitive du lycée Victor-Hugo. Mais sans certitude totale, StreetPress ne publiera pas cette image.
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Au moins huit agresseurs présumés devant la justice
Après leur garde à vue le 13 juin, les décisions de justice sont tombées. Au moins six ont été déférés devant la justice. Louis N., 20 ans, et Pierre C., 18 ans, sont passés devant le tribunal et la 23e chambre correctionnelle le jeudi 15 juin. Pour les mineurs Maxim W. et Noé H., 17 ans, ou Alexandre H. et Alexandre A., 16 ans, ils ont été déférés devant le tribunal pour enfants.
Quant à Antoine C., 17 ans, et Alexandre E., 15 ans, ils ont reçu une convocation par officier de police judiciaire (COPJ) et passeront devant le tribunal à une date ultérieure. Et pour Merlin C. et Killian M., 15 ans tous les deux, le procureur a estimé que l’infraction était insuffisamment caractérisée. StreetPress ne sait pas quel sort a été réservé au doyen du groupe, Antonin C., et au plus jeune, Marco J., 14 ans à peine.
Le Parisien souligne que l’agression raciste « pourrait avoir un lien avec un canular » fait à un jeune du groupe. Le journal rappelle aussi que lors des interpellations, des « carabines à plomb de fabrication artisanale » ont été retrouvées chez certains de cette jeunesse très radicale.
Image de Une de Samuel Alerte.
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