En ce moment

    31/01/2023

    « Une retraite de la hess, ça sert à quoi ? »

    Et toi, c’est quoi ta retraite de rêve ?

    Par Elisa Verbeke , Chloé Bazin

    Deuxième mobilisation pour protester contre la réforme des retraites, ce mardi 31 janvier. Les étudiants et jeunes travailleurs sont bien motivés à travailler, mais pas jusqu’à 64 ans. StreetPress leur a demandé ce qu’ils feront de leur retraite.

    Camélia et Alia

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/1_alia_et_camelie.jpeg

    Alia et Camélia. / Crédits : Chloé Bazin

    « Quelle retraite ?! », s’exclame Camélia, 26 ans, quand on lui demande où elle se voit après sa carrière. Cette éducatrice spécialisée l’admet haut et fort : « Vu la tournure que c’est en train de prendre, je n’imagine plus du tout une retraite, que ça soit à 60, 62, 67 ou 80 ans. J’me dis qu’on va crever avant. » Remontée, elle continue : « Aujourd’hui on vient donner de la voix en espérant faire changer les choses. Mais j’y crois pas trop. » À côté, son amie Alia, 21 ans et étudiante en droit, ne se voit pas en France. Elle regrette l’atmosphère générale du pays, surtout, « les idées qu’on se fait sur les immigrés ». Elle se rêve en Thaïlande, à finir ses jours sur une plage.

    Jules, Itsel et Greg

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/2_jules_itsel_et_greg.jpeg

    Jules, Itsel et Greg. / Crédits : Chloé Bazin

    « Ma retraite de rêve serait d’en avoir une ! », lance Greg. « À bientôt 30 ans, j’ai cotisé à peine trois ans. J’ai fait une reconversion dans mes études. » Il bosse désormais dans la mode, et justement : « J’aurais juste aimé avoir la certitude de pouvoir un jour me reposer, sachant que j’ai un travail qui peut être assez physique et contraignant, à passer des journées de plus de 10 heures devant une machine à coudre. » Ses parents ont bien une maison dans les Antilles, et il a des amis là-bas, mais : « Si j’ai pas de pension pour payer la nourriture, les taxes, les impôts, les factures… Ça sera quelle retraite ? Même si c’est le soleil ? Une retraite de la hess à quoi elle sert ?! »

    « Je vais déjà faire un burn-out en travaillant à l’hôpital public, je veux pas partir à 67 ans ! », redoute Itsel, 23 ans, étudiante en médecine. La future urgentiste ajoute : « Je suis une meuf, et si je veux un gosse, je ne partirais pas à la retraite avant 67 ans. Je veux partir à 60 ans, explorer les autres versants de la vie. Faire des randonnées, avoir un corps adapté à la vie et pas usé par le travail. Pouvoir faire ce qui me plaît. » Elle termine : « On crée un monde centré autour du travail. C’est de l’acharnement [cette réforme]. »

    Cheryle et Penelope

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/3_cheryle_et_penelope.jpeg

    Cheryle et Penelope. / Crédits : Chloé Bazin

    Cheryle et Pénélope ont 19 ans et étudient le droit et l’histoire de l’art à la Sorbonne. Elles entendent bien profiter de leurs années de retraite « tranquillement » : « Ma retraite de rêve serait à la campagne ou loin de la ville. J’aurais beaucoup d’animaux, et je ferais du tricot ou de la peinture, ce que je n’ai pas le temps de faire maintenant. » Pénélope pense la même chose, elle ferme les yeux et s’imagine dans « un petit potager, ou avec des fleurs, en train de faire de la peinture ». Et pour ça, il faut être « en bonne santé » : « Être en forme, être capable de déménager. Et là, ça ne se profile pas du tout dans ce sens-là. »

    Jérôme

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/4_retraite_avant_arthrite.jpeg

    Jérôme. / Crédits : Chloé Bazin

    « Je veux profiter de ma retraite pour faire de l’associatif », affirme Jérôme, 26 ans. Il voudrait former les jeunes au droit, à l’éloquence, aux questions liées à la transition écologique et à l’égalité. Il va bientôt commencer un nouveau travail à la mairie de Paris et s’en fiche de finir sa carrière à 67 ans : « Je vais être tellement passionné par ce que je vais faire ! Par contre, je ne trouve pas ça juste que les personnes qui commencent plus tard, ou qui font des reconversions, partent à la retraite au minimum à 64 ans. »

    Lucile

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/5_lucile_.jpeg

    Lucile. / Crédits : Chloé Bazin

    « Je veux vivre à la campagne avec ma meuf ! », s’exclame Lucile, des paillettes dans les yeux. « Je veux vivre près de la montagne, pour faire des randos. » À 25 ans, elle est doctorante en science politique, et « je ne m’imagine pas à 67 ans enseigner des CM (cours magistraux) ou des TD (travaux dirigés), apprendre des choses à des étudiants, c’est impossible. Je vais être à la ramasse ! », sourit-elle. « En plus je ne me fais pas d’illusion, je suis une meuf. Ça fait que reporter l’espérance d’avoir une retraite et la qualité de vie qui va avec. Ça fout le seum… » Elle ne sourit plus.

    Virginia et Rose

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/6_virginia_et_rose.jpeg

    Rose et Virginia. / Crédits : Chloé Bazin

    Virginia et Rose ont 18 ans. Rose veut la retraite à 60 ans. « Je ne veux pas avoir à me soucier d’avoir assez de trimestres, assez de points, etc. Et je veux ça pour moi, pour mes amis et pour ma famille », dit-elle fermement. Les deux filles sont dans la même promo en lettres à la Sorbonne. Virginia, elle, se voit « à 60 ans, sur une plage ». Elle sourit doucement en imaginant la scène. « Je veux juste profiter de mes dernières années de vie. »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/fille_puffy_beige_girls_just_wanna.jpeg

    Rose. / Crédits : Chloé Bazin

    Selon la préfecture de police, 87.000 personnes se sont mobilisées à Paris contre la réforme des retraites, ce mardi 31 janvier. La CGT revendique 500.000 manifestants dans la capitale.

    À LIRE AUSSI : Non, les jeunes ne se foutent pas de leurs retraites

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER