Stade du Moustoir, Lorient – Le drapeau est resté affiché pendant une heure aux grilles du parcage des supporters rémois, à côté de certains stadiers sans réaction. Une banderole tricolore bardée d’une croix celtique, symbole de l’extrême droite nationaliste. Si un tel signe peut être aperçu dans les manifestations d’extrême droite, il est loin d’être courant dans les enceintes sportives françaises. Selon le chercheur Sébastien Louis sur Twitter, « cela fait plus d’une dizaine d’années que des supporters radicaux n’exposaient pas ce genre de symbole dans une tribune lors d’un match ». « Le climat post-électoral est donc propice à ce genre d’exhibition », analyse-t-il. Le 2 mai, la LFP a annoncé qu’elle ouvrait une procédure contre le club marnais. Chez StreetPress, les accrocheurs ont tout de suite été identifiés : il s’agit des MesOs Reims. Et ce n’est pas leur seule action du weekend.
Les hooligans MesOs Reims ont affiché un drapeau à croix celtique dans le parcage du stade de Lorient, lors d'un match le 1er mai dernier. / Crédits : DR
L’attaque d’un bar
Les MesOs sont un groupe de hooligans néonazis rémois connus pour leurs violences à répétition. Pour ce déplacement à Lorient, ces adeptes du bras tendus étaient renforcés par des indeps (le nom français des hools) toulousains et de l’ancienne tribune Boulogne selon nos sources. En mars, tout ce petit monde s’était déjà illustré dans un fight à plus de 100 en banlieue de Reims.
Habitués des coups de poing et d’éclat, les MesOs ont également attaqué la veille un groupe de supporters lorientais dans leur bar favori. Les fans locaux sont pourtant réputés pour « réfuter toute violence », assure un connaisseur du groupe. Mais quand ils sont dans leur rade, les ultras sont « quand même vigilants et captent s’il y a quelque chose de bizarre », raconte un salarié du troquet fétiche. Déjà dans la semaine du 20 avril, une quinzaine d’hooligans de Metz se sont pointés en marge d’un match en semaine pour en découdre. Le schéma s’est produit à nouveau avec les MesOs. « Ils sont arrivés du centre-ville », se souvient le barman. Il pointe :
« Je ne comprends pas qu’un groupe pareil ne soit pas identifié par la police avant. On va essayer de comprendre dans les jours à venir. »
Alors que les Lorientais profitent d’une soirée DJ, les MesOs et leurs alliés débarquent cagoulés en noir dans la rue. « Ils ont appris que ça arrivait vers eux et ils sont sortis pour protéger leurs femmes et leurs enfants présents, ainsi que le bar », narre le témoin. L’équipe du troquet a rangé en vitesse la terrasse et fait rentrer tout le monde pour fermer à double tour, jusqu’à ce que les forces de l’ordre débarquent.
Alors qu'ils ont attaqué un bar la veille, les MesOs ont tranquillement pu déambuler dans Lorient et prendre place dans le secteur visiteur du stade du Moustoir. / Crédits : DR
La baston a été brutale selon les témoins. Chez les quelques ultras présents pour profiter de la soirée, plusieurs seraient partis aux urgences avec parfois un nez cassé et un « a failli se faire rouler dessus par une voiture des hooligans », détaille le barman. « Au final, il y a eu plus de peur que de mal mais c’est assez incroyable », juge ce dernier, qui craint « le pire si ça se reproduit ».
Les pieds dans l’eau, les bras en l’air
L’attaque n’a pas empêché les MesOs de tranquillement continuer leur weekend. Le dimanche après-midi, ils ont fait un arrêt par Larmor-Plage, une commune qui borde Lorient, avant le match et l’accrochage de la croix celtique. Sur les sables de Port-Maria, le groupe composé d’une trentaine de personnes a fait trempette, notamment Edwin Dailly, condamné à deux reprises par la justice pour des violences aux abords des stades en 2015. Loin d’être intimidés par les nombreuses terrasses de restaurants qui leur font face, la bande MesOs, toulousains et Boulogne ont affiché la croix celtique avant que dix d’entre eux fassent des saluts nazis pour leur album de souvenirs. Une séance photo repérée par le journaliste de Mediapart Donatien Huet.
Lors de leur déplacement à Lorient en mai 2021, les MesOs se sont arrêtés sur une plage voisine pour faire des saluts fascistes. En caleçon de bain et faisant un salut nazi, il s'agit d'Edwin Dailly, multicondamné pour ses violences aux abords des stades. / Crédits : Via Donatien Huet
Les bas du front aux bras tendus ont ensuite pu prendre place dans le parcage visiteur, au milieu des ultras rémois. Une action commune entre ces derniers et les supporters lorientais était programmée. Les deux groupes ultras devaient afficher des banderoles pour dénoncer le contexte sécuritaire actuel autour des fans de football. Cette saison, plus de 110 arrêtés ministériels ou préfectoraux d’interdictions de déplacements ont été recensés par l’Association nationale des supporters (ANS). Dans la plupart des stades de Ligue 1, des bannières ont ciblé la Division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH) et la Ligue de football professionnelle (LFP), qui laissent faire selon les ultras.
Suite à l’attaque de leur bar, les Lorientais n’ont finalement rien affiché tandis que celle des ultras rémois aurait été détruite par les hooligans des MesOs.
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Contactés, les supporters lorientais et le Stade de Reims n’ont pas répondu aux sollicitations de StreetPress.
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