La présidente du collectif, Delphine, témoigne pour Streetvox depuis le commissariat où les militantes sont retenues depuis le début d’après-midi. Elles y sont encore à plus de 17h.
A l’occasion de la visite de Vladimir Poutine à Paris, on a voulu l’interpeller, lui et Emmanuel Macron, sur la situation des homosexuels en Tchétchénie et en Russie. Malheureusement, on n’a pas eu la chance de mener à bien notre happening. On s’est fait immédiatement arrêter, sous de faux prétextes.
On voulait perturber leur petit dispositif
On est arrivé un peu avant 13h ce lundi 29 mai au Château de Versailles, où les deux chefs d’Etat devaient se rendre. On n’espérait pas du tout entrer au Château, mais on voulait perturber leur petit dispositif. Être visibles des médias et des deux présidents, aussi.
Notre action consistait en une simple banderole en anglais — pour toucher les médias internationaux— « stop aux persécutions en Tchétchénie et en Russie ».
Devant le Château de #Versailles #urgencetchetchenie pic.twitter.com/1RZUlQFFMB
— FièrEs (@assoFierEs) 29 mai 2017
On s’est mises à l’écart, loin des grilles de sécurité et loin de l’entrée, pour éviter de se faire arrêter en se mettant dans l’illégalité.
On a pu déployer notre banderole une minute et demie à peu près. Des gendarmes nous ont immédiatement demandé de partir.
Les homos tchétchènes et russes persécutés, mais il ne faut pas trop le dire
Ensuite, on a attendu pendant plus d’une heure, encerclées par six gendarmes alors qu’on n’était que trois, avant d’être emmenées au commissariat, loin des regards et des caméras du monde entier.
Pourtant, les Tchétchènes et les Russes ont bien besoin de coups de projecteur. En Russie, les homosexuels doivent se cacher sous peine d’être arrêtés. Un peu avant les JO de Sotchi, en 2014, une loi est passée pour interdire la « propagande homosexuelle ». En sachant que se tenir la main entre hommes ou entre femmes en public est considéré comme de la propagande.
En Tchétchénie, les persécutions contre les homosexuels existent depuis longtemps, mais depuis deux mois, elles ont changé d’échelle.
Les témoignages se multiplient pour décrire une situation abominable : des centaines de personnes arrêtées, déportées et tuées après avoir été piégées. La position russe sur cette question est encore floue, et la commission d’enquête envoyée par Poutine ne semble pas vraiment efficace.
Macron trouve la situation « inadmissible » mais déroule le tapis rouge à Poutine
Macron, en pleine campagne présidentielle, s’était fendu d’un petit tweet pour dire que ce qui se passait en Russie était « inadmissible ». Les discours sont bien beaux, mais les actes se font aujourd’hui attendre alors que la situation est urgente.
On déroule le tapis rouge à Poutine alors que des vies sont en danger, que des cas de meurtres et de tortures avérées se déroulent en ce moment-même. Les populations LGBT n’ont pas l’air d’être la priorité. On souhaitait que notre happening mette ce débat sur la table, mais les forces de l’ordre en ont décidé autrement.
Pendant les JO de Sotchi, en Russie, des militants qui protestaient contre ces lois LGBTophobes étaient régulièrement arrêtés. On ne pensait pas risquer la même chose en France.
On n’a rien fait d’illégal, mais on a passé l’après-midi au commissariat
Ça fait maintenant trois heures qu’on est retenues sans motif au commissariat. Nous ne sommes pas en garde à vue. Normal, notre action n’est pas illégale : les gendarmes n’arrêtent pas de nous le dire. Ils prétendent qu’ils nous ont embarquées à des fins de vérification de nos identités, sauf que c’est fait depuis longtemps.
Ils ont aussi pris nos trois dépositions, mais refusent actuellement de nous laisser partir. On attend on ne sait quoi ni pour combien de temps.
Ils ont aussi confisqué notre banderole pour de bon. Pour faire une expo peut-être ?
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