StreetPress publie son mini-mag’ papier consacré au sport à Paris. Lâchez vos écouteurs, oubliez votre chrono : le sport, c’est aussi un moment de partage, à la sortie du boulot comme en plein dimanche après-midi. Alors pendant que tous vos collègues pédalent en ligne à la salle ou courent en meute au bord du canal, allez donc tâter de la petite balle orange avec l’ancien champion du monde de tennis de table Philou Gatien ou partagez un moment bayonnais avec les accros de la pelote basque.
« Une des difficultés a été de creuser des salles de réunion dans les piliers du stade », s’amuse Benjamin Carlier, le directeur du Tremplin. StreetPress le retrouve dans l’enceinte du stade Jean Bouin (Paris 16e), où son incubateur de start-up s’est installé. Unes de L’Équipe aux murs ou maillot de foot sous verre, la pépinière cultive l’esprit sport.
Comme les pros
Ouvert en 2015, le Tremplin réunit une cinquantaine de start-up qui révolutionnent la pratique sportive, en pro comme en amateur. Sylvain Ract, 26 ans et ex-étudiant à Télécom ParisTech, a fondé Footbar. Le jeune homme aux lunettes cerclées tient dans sa main une pastille ronde à peine plus grande qu’un galet. Il l’insère dans la poche d’un bandeau en tissu noir qu’il scratche autour de son mollet. Il s’agit en fait d’un émetteur qui permet aux joueurs de foot d’enregistrer tous leurs déplacements lors d’un match. « Les utilisateurs le placent généralement sous leur chaussette ou leur protège-tibia », précise son concepteur.
Sur l’écran de son smartphone, il nous montre l’application développée par sa start-up. Elle traite les datas collectées par la puce. Au menu : nombre de kilomètres parcourus, vitesse moyenne des accélérations et même explosivité. Ces stats basiques ne sont qu’une première étape. À terme, l’application va proposer à ses utilisateurs des données précises concernant le nombre de passes, de têtes ou de tirs effectués pendant un match. Exactement comme pour les pros.
Le patron du game, Benjamin Carlier / Crédits : Michela Cuccagna
Mais alors que pendant un PSG – Barça, ces chiffres sont collectés à l’œil nu par des statisticiens postés devant des télés, ceux de Footbar seront produits par intelligence artificielle. La technique ? Du machine learning. En clair, des employés de la start-up notent les faits et gestes des joueurs lors de matchs test afin de les corréler avec les signaux recueillis par l’émetteur. Lorsque la base de données sera suffisamment grande, les résultats seront fiables. « Pour le moment, nous avons quelques milliers de matchs enregistrés. 90 % des rapports sont efficaces mais ce n’est pas encore suffisant », détaille Sylvain.
Terrains privés
Pour développer son projet, Footbar s’est associé avec la chaîne de terrains de foot en salle Soccer Park et son vaisseau amiral Le Five, situé porte de La Chapelle. « Les joueurs de foot à 11 ne sont pas forcément riches alors que ceux qui font du foot à 5 ont un pouvoir d’achat », observe l’ingénieur. Car dans ces hangars, les clients déboursent en moyenne 100 euros de l’heure pour un terrain. Grâce à Footbar, contre quelques euros supplémentaires, ils peuvent accéder à leurs statistiques.
D’autres entreprises du Tremplin surfent sur le succès de ces terrains privés pour développer leur business model. Krank est une application qui met en relation des joueurs et des équipes en fonction de deux variables : la géolocalisation et le degré de proximité sur Facebook. Si une team d’urban foot a besoin d’un gardien de but à la dernière minute, elle poste une annonce sur le réseau social. À l’inverse, un joueur qui n’a pas d’équipe peut savoir si des matchs sont organisés, près de chez lui, par des personnes de son cercle. « Cela permet aux terrains d’urban foot d’optimiser leur taux de remplissage », confie Baptiste Lignel, product manager de la start-up. Krank perçoit, de leur part, une commission sur chaque mise en relation. Tout le monde est content.
Tout le sport
Dans l’un des open spaces trône un œuf de 2 mètres 50 de hauteur. Une de ses parois est dénudée. Elle est quadrillée par des dizaines de petits lampions jaunes et verts. On se met debout à l’intérieur, on ne bouge plus pendant quelques secondes… Souriez, vous êtes filmé ! L’œuf est en réalité une cabine qui permet à ses utilisateurs de réaliser leur avatar en 3D grâce à 240 caméras. quinze minutes plus tard, votre clone digital est dans votre smartphone via l’application d’Exsens, la société qui développe le projet.
L’objectif : proposer aux clients de salles de fitness un suivi de leur morphologie. « Tous les mois, ils pourront se scanner et voir l’évolution de leur corps. Cela va leur permettre de pointer leurs faiblesses et d’optimiser leur entraînement », explique Laurent Thomas, chargé de la recherche et du développement. D’ici six mois, les caissons devraient être installés dans un premier réseau de clubs de gym.
L’œuf qui qui réalise votre avatar en 3D / Crédits : Michela Cuccagna
Mais au Tremplin, même des sports comme le water-polo ou le hockey sur gazon ont leur application. SportEasy propose un outil capable d’administrer un club amateur en deux clics. De l’envoi de messages groupés à la mise à jour des cotisations en passant par la préparation des déplacements. « Et puis, il y a toute une partie plus fun. Par exemple tu peux noter tes coéquipiers et, à la fin de la saison, tu peux savoir qui a été le meilleur joueur de ton équipe », poursuit Nizar Melki, le cofondateur. Fort de sa base de données qui recense près de 30 000 équipes, SportEasy propose des partenariats à des équipementiers ou à des sponsors sportifs.
Let’s make money
Devant un poster géant de Roger Federer, Benjamin Carlier s’enthousiasme : « Les pouvoirs publics comprennent enfin que le sport peut avoir un poids dans le développement économique. » Le Tremplin est un projet porté par le ministère des Sports, dans la foulée de la création en son sein d’un bureau consacré à l’économie, et la Mairie de Paris qui souhaite faire de la ville une capitale de la tech. Les deux institutions, associées à une dizaine de partenaires privés, le financent.
Parmi les start-up les plus rentables, on peut citer Digifood. Celle-ci s’inscrit dans le volet animation de stade de l’incubateur. Elle propose aux spectateurs une application qui leur permet de commander sandwichs ou boissons à la buvette, sans avoir à quitter leur siège. De quoi passer outre la sempiternelle file d’attente de la mi-temps. L’idée plaît. En décembre dernier, Digifood a levé 500 000 euros et l’application est désormais disponible à Santiago Bernabéu, l’arène mythique du Real Madrid, ou au Parc OL, le stade de l’équipe de Lyon. « Les supporters de la tribune Serfim ont même un chant en l’honneur de Digifood », sourit Alexandre Armange, l’un des fondateurs de la start-up.
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