Des hooligans russes néonazis sous le soleil du sud-ouest ? Ce 18 août, le Toulouse FC affronte Nantes pour la reprise du championnat de Ligue 1. Les travées du Stadium sont bien remplies, particulièrement le virage Brice Taton, où se massent les plus fervents supporters et ultras du TFC : les Indians Tolosa. Malgré la bonne ambiance générale, un incident passé sous les radars est immortalisé par une photo, publiée huit jours plus tard sur un canal Telegram dédié au hooliganisme, intitulé The Last Russian. On y voit une dizaine d’individus floutés, le bras tendu, réunis autour d’un drapeau bleu nuit arborant une épée stylisée sur un blason chevronné. Le message qui l’accompagne annonce en anglais :
« Des hooligans russes et français soutiennent le Corps des volontaires russes. »
Le groupe RDK
Créé en août 2022, le Corps des volontaires russes (en russe Rousski Dobrovol’cheski Korpous, RDK) est une unité paramilitaire basée en Ukraine. Opposée au régime de Vladimir Poutine, elle combat pour la mise en place d’un État blanc autoritaire en Russie, comme annoncé dans son manifeste Homo ethnicus. Son dirigeant est Denis Kapoustine, dit Nikitine, militant néonazi fondateur du circuit de combat (et marque de vêtements) White Rex – dont les initiales WHTRX apparaissent d’ailleurs griffonnées sur le drapeau exposé à Toulouse. La centaine de combattants du RDK a mené en 2023 plusieurs incursions sur le sol russe dans l’oblast de Belgorod.
Mais depuis son offensive dans l’oblast de Koursk, lancée le 6 août, les opérations des groupes armés russes rattachés à l’armée ukrainienne semblent reléguées au second plan. Le RDK en profite pour refaire de la politique : ses représentants ont participé par exemple à la conférence Nation Europa qui s’est tenu le 28 août dans la ville de Lviv, en présence de différents mouvements d’extrême droite européens, dont les Allemands de III Weg (La Troisième voie en VF) et les Italiens de Casapound, accompagné de Gabriele Adinolfi, vétéran du néofascisme impliqué dans certains attentats des Années de plomb.
Désormais, le RDK tente de structurer un réseau de soutien européen, comme avait pu le faire après 2014 le groupe néonazi Misanthropic Division. Il ne se cantonne plus à l’Ukraine ni à la Russie, où le groupe affirme disposer d’un réseau clandestin de sympathisants répartis sur tout le territoire. Une vidéo publiée le 7 septembre montre effectivement ses partisans actifs dans différentes localités, ainsi que des armes et des opérations de sabotage.
Venus voir l’extrême droite à Toulouse
Si ses membres ou ses sympathisants ont fait le voyage jusqu’à Toulouse, ce n’est pas un hasard. La Camside, bande de hooligans du TFC connue pour ses sympathies d’extrême droite, reste active dans la ville rose. Un des membres du groupe sur la photo, à droite, a d’ailleurs un t-shirt « Camside Tolosa ». Le 29 avril 2023 déjà, lors d’une rencontre entre les Violets et Nice en finale de Coupe de France, des membres du groupe avaient réalisé des saluts nazis, accompagnés de hooligans parisiens. La bande, où se trouvait le hooligan néonazi César Aujard, avait aussi commis une agression raciste et tabassé un assistant parlementaire LFI.
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La présence potentielle de hooligans russes liés à un groupe armé, aux côtés de leurs homologues français, interroge. Les Indians Tolosa, le groupe ultra qui anime le virage Brice, indiquent avoir découvert cet incident après le match, lorsque la photo du drapeau a circulé sur les réseaux, et affirment être « attentifs à l’avenir à ce que ça ne se reproduise pas ». La venue d’hooligans russes jusque dans le stade toulousain serait surtout un sacré pied-de-nez aux services de sécurité français. De telles arrivées sont toujours encadrées, encore plus depuis que des supporters russes ont causé des violences très importantes à Marseille lors de l’Euro 2016. Contactés, ni la police, ni le ministère de l’Intérieur n’ont répondu à nos sollicitations.
Un ultra est un supporter dont le but premier est de suivre son équipe en déplacement et de la soutenir de la meilleure façon, que ce soit par des chants ou des animations. Ce que ne fait pas le hooligan, chez qui la violence est souvent l’objectif principal. Les groupes ultras se revendiquent pour la plupart apolitiques, ce qui n’est pas le cas des hooligans, qui sont pour beaucoup en France orientés à l’extrême droite.
Contacté, le club de Toulouse n’a pas répondu à nos sollicitations.
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