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    19/01/2023

    « Si je finis mes études à 25 ans, ça m'emmènera à travailler jusqu’à 68 ans. C’est inimaginable ! »

    Non, les jeunes ne se foutent pas de leurs retraites

    Par Elisa Verbeke , Baptiste Villermet

    Dix jeunes expliquent à StreetPress pourquoi ils ont marché dans Paris, ce 19 janvier. Certains pour leurs retraites et leur santé, d’autres pour celles de leurs proches.

    « ​Les jeunes s’en foutent, de leur retraite, ce n’est pas un sujet », a assuré un ministre au JDD. Ils étaient pourtant présents dans les rues de Paris et partout en France ce jeudi 19 janvier 2023, pour protester contre la réforme des retraites. 10 étudiants, lycéens et jeunes salariés ont expliqué pourquoi ils ont décidé de descendre dans la rue.

    Romane, 22 ans, étudiante en dernière année d’éduc’ spé’

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    Romane, 22 ans, étudiante en dernière année d'éduc' spé’. / Crédits : Baptiste Villermet

    Dans le cortège des travailleurs de l’hôpital, Romane est bien plus jeune que ses camarades de lutte. Cette étudiante de 22 ans, en dernière année d’éduc’ spé’ est particulièrement remontée : « Je suis ici avec mes parents. Ils travaillent avec des publics difficiles, à l’hôpital psychiatrique. Et moi aussi je vais travailler avec des publics difficiles. » En colère, elle reproche : « Ce sont des métiers pénibles, qui ne sont pas considérés comme tels. On est des travailleurs oubliés. Et pourtant, on va devoir travailler encore plus longtemps. »

    Axel, 18 ans, étudiant en sociologie

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    Axel, 18 ans, étudiant en sociologie. / Crédits : Baptiste Villermet

    C’est la première manifestation d’Axel. À seulement 18 ans, cet étudiant en première année de socio accompagne sa mère, syndiquée à Force Ouvrière Essonne. « Il y a une vraie différence à partir à 62 ou 64 ans. Quand tu exerces des métiers manuels ou des métiers avec moins de prestige, où tu gagnes moins, le corps est plus abîmé. Ils taffent et paient la retraite des riches, car eux vivent plus longtemps et plus confortablement. »

    Colline, 22 ans, ingénieure agronome dans une fondation de recherche, et Chloé, 24 ans, mannequin

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    Colline, 22 ans, ingénieure agronome et salariée d’une fondation de recherche, et Chloé, 24 ans, mannequin. / Crédits : Baptiste Villermet

    « Ma mère doit partir à la retraite plus tard que mon père, parce qu’elle était à 80% pour nous éduquer. Elle a une maladie professionnelle, à 52 ans. Dans quel état elle sera si elle doit travailler jusqu’à 65 ans ? », s’insurge Colline, 22 ans, avant d’ajouter : « Si on allonge cette durée-là, les gens vont vivre plus de pénibilité à la fin de leur carrière. » Cette ingénieure agronome est reconnue comme travailleuse handicapée : « J’ai peur qu’avec d’autres réformes, on me retire cette reconnaissance. » Chloé, 24 ans et mannequin, tient une brosse à toilettes à l’effigie de Macron. Elle ajoute : « C’est un ras-le-bol général. J’en ai ras le cul de ce gouvernement, ce foutage de gueule me rend malade. »

    Chahine, 24 ans, étudiant en santé publique et épidémiologie

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    Chahine, 24 ans, étudiant. / Crédits : Baptiste Villermet

    Chahine distribue des journaux marxistes nommés « Révolution » sur la place de la République. « Un mouvement politique qui compte beaucoup de partisans en Angleterre ! », certifie-t-il. L’étudiant en Master 2 de santé publique et en épidémiologie a 24 ans. Pour lui, cette réforme est « brutale » : « Si je finis mes études à 25 ans, ça m’emmènera à travailler jusqu’à 68 ans. C’est inimaginable ! La moyenne de l’espérance de vie en bonne santé tourne autour des 60 ans. Ce qu’on nous promet, c’est de travailler après cet âge. Il faut dire non tout de suite ! »

    Noémie, 16 ans, lycéenne

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    Noémie, 16 ans, lycéenne. / Crédits : Baptiste Villermet

    Noémie, 16 ans, est la vice-présidente du syndicat FIDL Val-de-Marne. Pour la lycéenne, « cette réforme est anti-sociale ». « Les vieux vont travailler plus longtemps alors qu’un quart des plus pauvres sont morts avant leur départ à la retraite. » L’air déterminé, pancarte à la main, l’élève en première générale poursuit : « Les pauvres vont devoir cotiser pour que les plus riches touchent leurs retraites. » L’augmentation de l’âge de départ à la retraite l’inquiète. « Nos aînés seront plus longtemps sur le marché de l’emploi. *Ce sont des emplois qu’on n’aura pas, alors qu’on sait que le taux de chômage chez les 18 – 25 ans est de 18%. » Soit 11 points de plus que la moyenne nationale.

    Naoufel, Axel et Maxime, 22, 23 et 21 ans, développeur et jeunes diplômés

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    Naoufel, Axel et Maxime, 21, 22 et 23 ans, développeur et jeunes diplômés. / Crédits : Baptiste Villermet

    La bande se prend en photo et pose avec leurs pancartes. Sur l’une d’entre elles, un « Pas content ». « Référence à Asterix », plaisante Naoufel, 22 ans et développeur depuis trois ans. « Je suis là pour défendre notre droit à la retraite, c’est une réforme injuste. » Axel, son comparse jeune diplômé, sans emploi, le rejoint : « Avec l’ISF, on pourrait faire des économies un peu partout. Mais c’est à nous qu’on demande de travailler plus longtemps plutôt que de taxer les hypers riches et les grosses entreprises. » Maxime, le dernier du trio, tient une pancarte avec un dessin détourné de Diable positif, un youtubeur qui décrypte l’actualité. Il n’a pas l’habitude de descendre dans la rue. Mais il raconte, touché, être là pour sa mère : « Elle a 62 ans et souffre déjà de problèmes de santé. On ne peut pas la laisser travailler deux ans de plus… »

    Ugo, 20 ans, étudiant en droit, sciences politique, vice-président et trésorier de l’Unef Paris 1

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    Ugo, 20 ans, étudiant en droit, sciences politique, vice-président et trésorier de l’Unef Paris 1. / Crédits : Baptiste Villermet

    Ugo a 20 ans et propose des pistes de solutions : « Le gouvernement veut faire payer des millions de personnes pour régler un problème de déficit temporaire. Il pourrait être réglé en taxant les milliardaires à hauteur de 2%, en augmentant les cotisations des entreprises. » Le trésorier et vice-président de l’Unef Paris 1 ajoute : « C’est un coût qu’on fait payer à une population qui travaille de plus en plus, qui ne voit pas ses salaires indexés à l’inflation et qui souffre d’un grand taux de chômage, surtout les jeunes. »

    L’étudiant en droit et sciences politique en Licence 1, ne se sent pas concerné par la pénibilité du travail. Mais il conscientise : « Être prof par exemple, n’est pas considéré comme un métier pénible. Il n’y a pas d’aménagement, mais quand on doit se lever, s’accroupir, parler à des enfants qui ont trois ans et qui passent leur journée en mouvement, c’est absolument physique. » Pour lui, « le critère de la pénibilité est très lacunaire sur plein de points et n’est pas suffisant. »

    Ce 19 janvier, 1,12 million de personnes ont manifesté dans toute la France contre la réforme des retraites, dont 80.000 à Paris, selon le ministère de l’Intérieur. La CGT avance, elle, « plus de 2 millions » de manifestants en France, dont 400.000 à Paris. Quant à Emmanuel Macron, il a annoncé, depuis Barcelone, que l’exécutif poursuivra sa réforme des retraites « avec détermination ».

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