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    12/10/2020

    « Aujourd’hui, je vérifie souvent sous mon bureau qu’ils n’ont pas disposé de micros. »

    Management par la terreur au siège français de McDonald's

    Par Quentin Muller , Yann Castanier

    Arrêts maladies, burnout et licenciements à la chaîne. Depuis 2017, la terreur règne au siège français du géant McDonald’s où 10% des postes ont disparu. De nombreux salariés dénoncent un plan social déguisé. Enquête et révélations.

    Siège de McDonald’s France, Guyancourt – Le 3 décembre 2019, Yolande (1), Vincent (1), Julie (1) et Irène arrivent au boulot plutôt détendues. La veille, jusque tard, le service paie a préparé, calculé et expédié tous les virements pour les salariés en restaurant. Quand, juste avant la pause dej’, Bertrand (1) s’absente, personne n’y prête réellement attention. Le manager est convoqué par Fabien Bizeul, directeur des ressources humaines et Malik Fenkrouz, l’ambassadeur marque employeur.

    Une quinzaine de minutes passent, puis « on a entendu quelque chose hurler. C’était comme le cri d’une bête qu’on égorge », se souvient Julie. « C’étaient des râles. Un bruit indescriptible », sanglote Yolande, toujours en convalescence et reconnue accidentée du travail. Les deux femmes accourent au fond du couloir, suivies par Vincent. Dans la salle, Bertrand est allongé au sol. Ses cris continus ameutent un petit groupe à l’entrée. Dans un mouvement de désespoir, il se relève soudainement, puis s’écroule de nouveau. Une femme se jette sur lui pour éviter que sa tête ne tape le sol. Yolande et Julie lui prodiguent les premiers soins. Irène, partie quelques minutes plus tôt faire signer des documents, arrive au-devant de la scène, en retard. « Ça a été le choc de ma vie », se rappelle la sexagénaire.

    « Bertrand était sur le ventre, il avait une respiration très saccadée. »

    Le DRH et l’ambassadeur marque employeur, contemplent la scène, bras croisés, quasi-impassibles. Vincent note, stupéfait :

    « [Le DRH] est resté comme ça, 20 minutes en ne voulant pas dire ce qu’il s’était passé et en interdisant à tout le monde d’entrer dans la salle. Il n’a même pas appelé les pompiers. »

    Au sol, Bertrand a gardé en main son stylo, qu’il serre très fort et une feuille griffonnée, qu’il agrippe : une convocation pour un entretien préalable à son licenciement. Avant que les secours n’arrivent, l’ambassadeur marque employeur du géant du fast-food demande aux salariés, toujours accroupis sur Bertrand, de « se pousser ». Et, dans la plus totale indifférence, enjambe le corps de l’homme au sol, puis disparaît.

    Fin de carrière brutale

    À l’arrivée des pompiers, le DRH siffle finalement, en quelque sorte, la fin de la récréation. Claquant des mains, il enjoint chacun de retourner au travail. Vincent commente :

    « Pendant tout l’événement, il est resté stoïque, sans montrer aucune émotion. »

    Quelques jours après les faits, dans un rapport remis à l’Assurance Maladie, le DRH Fabien Bizeul écrira :

    « À mon sens, la scène à laquelle j’ai assisté n’est pas un accident du travail mais relève manifestement d’une mise en scène préméditée. »

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    Dans un rapport remis à l'Assurance Maladie, le DRH Fabien Bizeul nie complètement le malaise de Bertrand. Pour lui, cela relève « d'une mise en scène préméditée ». / Crédits : DR

    De tous ces événements, Bertrand ne garde qu’un souvenir confus et flou. « Je me souviens simplement qu’ils voulaient me faire signer ma convocation pour mon licenciement mais je ne voulais pas. Je n’avais qu’une envie, c’était de fuir cette situation », raconte le quadragénaire :

    « Je me sentais prisonnier, piégé, j’ai voulu me lever, je suis tombé, je me suis relevé, je voulais sortir et fuir. Et là, je suis retombé et, apparemment, je suis resté à terre. D’après mes collègues, j’ai crié comme un animal blessé. »

    L’homme est entré chez le géant du fast-food comme « simple » équipier, et le quitte sur un violent malaise. 28 ans de carrière chez McDonald’s finissent sur un trou noir et un terrible choc : un licenciement pour faute grave. Les deux dernières années dans l’entreprise ont été un enfer. Bertrand prenait tous les jours des médicaments contre l’anxiété et la tension. Après ce malaise, son médecin le met à l’arrêt. C’est dans le noir, déprimé chez lui, qu’il attend l’officialisation de son licenciement. Le courrier tarde. Le 23 décembre, alors qu’il prépare tant bien que mal les fêtes de Noël, le couperet tombe : sa carrière chez McDonald’s prend fin. À mesure qu’il tourne les sept pages de ses motifs de licenciement, Bertrand tombe des nues. Les fautes qu’on lui reproche, allant du frein aux changements, aux ralentissements des projets, au refus de transmettre la connaissance pour sécuriser son poste ou à des méthodes de calculs erronées, sont vagues et parfois facilement réfutables.

    Au siège, après le malaise, les pleurs et le traumatisme laissent place à la colère. Le service paie veut des explications. Ils obtiennent un entretien avec le fameux DRH, Fabien Bizeul. L’homme indique que Bertrand aurait commis des fautes graves qu’il aurait lui-même constaté récemment, mais que son départ ne serait pas encore acté. L’équipe conteste, évoque au DRH un climat délétère au travail depuis plusieurs années et confesse son mal-être. Ils déclarent aussi avoir perdu confiance en la direction. Le ton monte. « On pleurait tous. C’était tellement injuste. Bertrand, ça allait faire trente ans qu’il était dans la boite et que nous n’avions jamais constaté de faute. C’était quelqu’un de très investi », lâche Vincent :

    « Il disait toujours : “Moi, j’ai du ketchup dans les veines, McDonald’s c’est toute ma vie’’. »

    L’homme pressent, comme ses collègues, qu’il sera le prochain sur la liste. Lors d’une réunion du Comité social et économique (CSE) avec la direction le 12 décembre 2019, dont StreetPress a obtenu le compte-rendu, il est demandé à Fabien Bizeul si le service paie est menacé. Le DRH nie :

    « Je n’ai pas l’intention de me séparer de toute l’équipe Paie. »

    Un plan social déguisé ?

    Et pourtant, comme le révélait le Parisien, Vincent, Irène et Julie connaîtront le même sort que leur manager. Cette fois par lettres recommandées expédiées à leurs domiciles. Le 24 janvier, ils reçoivent chacun une convocation pour un entretien préalable au licenciement pour causes réelles et sérieuses. « Chez McDonald’s, on ne peut plus avoir d’avis sinon vous vous faites virer », martèle Irène, amère. « On nous a reproché d’avoir été déloyaux alors qu’on exprimait juste notre mal-être et qu’on s’était simplement émus de cet événement-là. C’était juste une réaction humaine », s’emporte Julie. À Vincent, on reproche notamment d’avoir, le jour du malaise, asséné à Fabien Bizeul : « Vous nous prenez pour des jambons », ou « je n’ai plus confiance en la direction ». Irène est notamment accusée d’un vol de plantes vertes. « La mienne », clame-t-elle et de lunettes (en partie payées par la mutuelle McDonald’s).

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    Au siège, plus personne n'a la frite. / Crédits : Yann Castanier

    Les tensions sont concomitantes à l’arrivée d’Hélène Leduc-Fonnesu au poste de Vice-Présidente des Ressources Humaines de McDonald’s France. Depuis son embauche le 5 mars 2018, il y aurait un véritable torrent d’arrêts maladie, de dépressions, de burn-outs et de licenciements. « Hélène Leduc-Fonnesu me lançait des petites réflexions du type : “Je suis désolé, j’ai licencié tes amis”. Je pressentais que ça allait aussi m’arriver », confie Bertrand. « L’ambiance se dégrade complètement ici », témoigne un cadre toujours en poste :

    « On est dans un système de management de la terreur. Du jour au lendemain, vos collègues disparaissent et personne ne sait pourquoi. Personne n’ose demander. »

    Alors quand quelqu’un n’arrive plus à se connecter à son compte ou que son badge d’entrée bug, c’est la panique, nous raconte ce cadre, proche de la direction et d’Hélène Leduc-Fonnesu. L’homme révèle également que la direction aux Etats-Unis a prévu, depuis 2017, d’appliquer un plan appelé « Atlas » déclinable en plusieurs phases. Le but est de réduire la masse salariale de chaque siège, externaliser progressivement les services jugés non indispensables, et intensifier son contrôle sur les filiales européennes.

    « Maintenant qu’on peut budgéter les licenciements à l’avance avec le barème Macron, c’est facile », raconte le cadre avec cynisme. StreetPress s’est procuré un mail daté du 3 octobre 2019 – soit 2 mois avant une nouvelle vague de licenciements – qui étaie cette hypothèse. Dans ce courriel, le DRH Fabien Bizeul commande à ses services un tableur pour calculer le coût d’un procès perdu pour le licenciement abusif de chaque salarié du siège, en fonction du fameux barème Macron (3), de chacun des salariés du siège.

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    Dans un courriel, le DRH commande un tableur pour calculer le coût d’un procès perdu pour le licenciement abusif de chaque salarié du siège. / Crédits : DR

    « On vire les gens mais c’est indécent l’argent qu’on gagne. On fait des progressions à deux chiffres dans certains domaines », raconte le cadre. En juillet 2019, le groupe McDonald’s annonçait un bénéfice net annuel de 1,51 milliard de dollars, en hausse de 1,3% par rapport à l’année précédente. En France, sur la même période, les ventes ont augmenté de 6,6%.

    Mais depuis 2017 et le début du plan Atlas, au siège 56 CDI auraient disparu. Soit plus de 10% des effectifs en à peine deux ans.

    Aujourd’hui, une grande partie des 452 salariés restants se sentent sur un siège éjectable. « Le chiffre de 452 est un chiffre officiel mais nous sommes en dessous », assure même le cadre. « Je dirais que nous sommes aux alentours de 440 salariés. Le problème est qu’ils ne transmettent pas les vrais chiffres au CSE pour n’affoler personne. » Un rapport du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l’entreprise, datant de juillet 2018, soit bien avant les événements du service paie, décrit que :

    « Les salariés pensent que personne n’est à l’abri de se voir notifier un licenciement du jour au lendemain et sans motif valable, créant ainsi un stress qui n’a pour seul effet que d’altérer la santé physique et mentale des salariés. Compte tenu des suppressions de postes suite à Atlas, il y a lieu de se demander si nous ne sommes pas en réalité dans un plan de licenciement déguisé. »

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    En 2018, un rapport du CHSCT de McDo' écrit déjà que les salariés pensent que « personne n'est à l'abri de se voir notifier un licenciement du jour au lendemain et sans motif valable », causant beaucoup de stress. / Crédits : DR

    Au siège, on soupçonne qu’Hélène Leduc-Fonnesu a été recrutée pour faire appliquer la seconde phase de cette nouvelle politique de réduction des effectifs. Des salariés ont déniché sur internet plusieurs articles mettant en cause les méthodes de management de la nouvelle boss des RH, quand elle était en poste au sein de l’entreprise d’ascenseurs Otis. Selon la presse, elle aurait orchestré une série de tentatives de licenciements de syndiqués pour fautes graves. Éric Blasquez, délégué syndical central se souvient amèrement de cette période où « on a essayé de me traîner dans la boue, de me dégoûter pour que je parte de moi-même ». En juin 2012, on l’accuse d’être le responsable d’une série d’accidents d’ascenseurs. Débute une procédure de licenciement pour fautes graves. Mais l’affaire se dégonfle quand en décembre 2012, l’inspection du travail d’Aix-en-Provence prouve qu’il n’est pas responsable des fautes que la société Otis veut lui coller sur le dos.

    Un lanceur d’alerte à la porte

    Février 2020, nouvelle tempête au siège de McDonald’s. Arnauld Hery, alors directeur du département formation depuis presque 20 ans, se sent dans le collimateur d’Hélène Leduc-Fonnesu. Il lance alors une « alerte critique » contre sa supérieure. Ce processus propre à McDonald’s a notamment été largement utilisé aux États-Unis pendant le mouvement #metoo. Il permet à n’importe quel employé de dénoncer un problème éthique au sein de l’entreprise tout en étant protégé. La démarche d’Arnauld Hery est prise très au sérieux et remonte très haut. Le salarié est convoqué en milieu de semaine à Londres par le directeur RH Europe pour un entretien. Mais il ne bénéficiera pas de la protection normalement prévue dans le cadre de ce dispositif, raconte un cadre :

    « Le lundi matin, il est revenu au travail, son badge avait été coupé ainsi que ses mails et son téléphone professionnel. »

    Arnauld Héry accède au hall d’entrée via le badge d’un proche. S’ensuit alors une scène que Serge (1), de passage dans le hall d’entrée ce jour-là, n’oubliera jamais : « Il y avait Arnauld qui faisait face à Fabien Bizeul (DRH siège) et Salim Hassan (DRH restaurants). » L’homme demande inlassablement qu’on lui redonne tous ses accès, et qu’ils n’avaient pas le droit de le licencier puisqu’il était protégé par l’alerte éthique, détaille notre témoin :

    « Après, il a appelé Alexis Bourdon [Vice-président du service juridique] et s’est effondré en pleurs. Il lui disait que c’était dégueulasse qu’on le vire comme ça après vingt ans d’entreprise parce qu’il avait déclenché une alerte éthique. »

    Le vif échange dure de longues minutes. Les salariés passent, interloqués. Certains fondent en larmes. Contacté, Arnauld Héry n’a pas souhaité évoquer les coulisses de l’affaire. « Je tourne la page et je ne veux pas parler de ça, pour différentes raisons… Je ne peux pas et ne veux pas en parler », insiste-t-il. Il aurait finalement obtenu une indemnité de départ assortie d’une clause de confidentialité, croit savoir un autre cadre du siège à Guyancourt. Cet homme, sous couvert d’anonymat, précise :

    « Après l’affaire Héry, beaucoup ont acheté un disque dur externe et ont commencé à faire des sauvegardes des mails car ils coupent les accès quand ils dégagent les gens. Donc la personne ne peut plus récupérer des éléments pour se défendre ! »

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    Les employés de McDonald's se font croquer. / Crédits : Yann Castanier

    Corbeau, menaces de mort et plainte contre X

    Le 12 février, un article du Parisien reprenant « les étranges motifs de licenciement » des salariés du service paie vient de nouveau secouer Guyancourt. Certains employés sont soupçonnés d’avoir alerté la presse. Une véritable chasse aux sorcières est lancée. L’une de nos sources raconte :

    « Aujourd’hui, je vérifie souvent sous mon bureau qu’ils n’ont pas disposé de micros. Et je ne suis pas le seul à le faire. Certains salariés ne décrochent leur téléphone perso qu’à l’extérieur de leur bureau car ils n’ont plus confiance ! »

    En parallèle, Hélène Leduc-Fonnesu, de plus en plus décriée, convoque plus d’une vingtaine de salariés du siège pour une réunion au département RH. La Vice-Présidente des Ressources Humaines de McDonald’s tente de rassurer. Elle aurait affirmé que l’article du Parisien n’est qu’un tissu de mensonges. En guise de réponse, Irène, Vincent, Julie et Bertrand – qui ont été alertés par d’anciens collègues – font circuler une copie de leurs motifs de licenciements et une lettre qu’ils adressent à tous les salariés du siège :

    « La presse n’a rien inventé : nous sommes licenciés pour ne pas avoir dit bonjour, ou ne pas avoir envoyé assez de mails dans une journée. Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. C’est ce qu’Hélène Leduc a fait à notre département. »

    Dans les jours qui suivent, une équipe de McDonald’s États-Unis débarque à Guyancourt. Elle a été déléguée par le siège après l’alerte du cadre pourtant licencié à son retour. Des salariés du siège sont auditionnés. Mais leur enquête va être perturbée par un nouveau rebondissement. Un courrier de menace de mort, écrit par un mystérieux corbeau, est adressé à la direction des RH de McDonald’s France. En lettres capitales, le courrier prévient :

    « Vous avez voulu jouer avec la santé de vos salariés mais vous allez crever. On va s’attaquer à vous et votre famille. »

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    Un courrier de menace de mort a été adressé à la direction des RH de McDonald’s France. L'identité du mystérieux corbeau pourrait être connue en novembre. / Crédits : DR

    Le document que StreetPress s’est procuré circule sous le manteau. La peur s’installe. Les rumeurs aussi. Certains trouvent que la lettre arrive à point nommé pour détourner l’attention et soupçonnent la direction. Une rumeur qu’aucun élément ne vient étayer mais qui montre à quel point la méfiance s’est installée. La commissaire Bensaadi, en poste à Guyancourt, révèle que deux empreintes digitales ont été relevées sur le fameux courrier envoyé par la poste :

    « Une est celle de la personne qui a ouvert l’enveloppe, donc elle est mise hors de cause, la seconde appartient à l’auteur de cette lettre. Nous aurons les résultats mi-novembre. »

    Le moral en berne

    La confiance est rompue, comme le montre le dernier sondage interne, sur le bien-être au travail. Streetpress a eu accès au document qui date de mars 2020. À la question : « Je pense que chez McDonald’s les employés sont réellement pris en considération », 53% des salariés du siège répondent par la négative. Un taux historiquement bas, à prendre d’autant plus en considération que les questionnaires sont nominatifs. Beaucoup de salariés ont donc peur d’indiquer leur crainte et près de la moitié n’a même pas répondu. Longtemps, la direction du siège aurait voulu cacher le résultat de ce sondage. Il n’est finalement publié que fin juillet, soit cinq mois après sa réalisation.

    Un rapport sur les risques psycho-sociaux (RPS) plus ancien, commandé au groupe Apex-Isast, tirait déjà la sonnette d’alarme en mai 2019. On apprend que plus de la moitié des salariés ont des « doutes sur leur avenir professionnel au sein de Mc Donald’s France Services » et que « près de 45% des salariés craignent de perdre leur emploi ». On peut même y lire que :

    « Souvent, les salariés restés dans l’entreprise développent le “syndrome du survivant” et voient leur santé se dégrader. »

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    En 2019, dans un rapport sur les risques psycho-sociaux, on apprenait que « près de 45% des salariés [craignaient] de perdre leur emploi ». Le rapport parle même d'un « syndrome du survivant ». / Crédits : DR

    Mais plutôt que de tenter de soigner le malade, la direction s’en prend au diagnosticien et conteste l’intégrité du bilan que le CHSCT avait voté à l’unanimité. Dans un courrier adressé aux salariés du siège, il est écrit :

    « Loin d’apporter un éclairage utile sur la situation (…) les experts se sont inscrits dans une démarche partiale et volontairement alarmiste. La société ne peut accepter ni l’approche, ni les conclusions d’un rapport qui ne sont d’aucune utilité. »

    Pire, quand le CSE demande une seconde expertise sur les risques psychosociaux, uniquement concentrée sur le service RH où opère Hélène Leduc-Fonnesu. La direction refuse et assigne les élus du personnel devant la justice. Finalement, le Tribunal judiciaire de Versailles validera, le 19 mai 2020, la nécessité d’une telle expertise. Achevée, ses résultats se font encore attendre. « Ils sont catastrophiques, m’a confié un membre du CSE », glisse un cadre du siège.

    (1) Les prénoms ont été changés
    (2) Sollicitée, la direction du siège de McDonald’s France n’a pas répondu directement à nos questions. Nos demandes d’entretiens répétées à Hélène Leduc-Fonnesu, à Fabien Bizeul (depuis parti), à Malik Fenkrouz ou encore à l’ancien PDG de McDonald’s France, Jean-Pierre Petit et à l’actuel Nawfal Trabelsi, sont restées lettres mortes.
    (3) Depuis la réforme du Code du travail fin 2017, les dommages et intérêts quand un salarié est licencié sont limités entre un et vingt mois de salaire brut, en fonction de l’ancienneté dans l’entreprise

    L’entreprise a missionné un communicant de l’agence Plead (créée par Havas) pour répondre à nos questions. Il confirme que Malik Fenkrouz, l’ambassadeur image de marque employeur « a bien enjambé un autre salarié [Bertrand] faisant un malaise », mais dit-il uniquement « dans le but de prévenir les secours en urgence » (une affirmation contredite par 5 témoins et un rapport du CSE datant du 12 décembre 2019 qui propose une autre version). Le reste des réponses apportées par l’agence Plead se limitent à un copier-coller d’une plaquette de communication de McDonald’s France que vous trouverez en lien ici

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