« Ni le gouvernement ni Twitter ne semblent prendre au sérieux le cyberharcèlement, on doit s’en charger nous-même », explique la porte-parole de SaferBlueBird, un collectif de cybermilitantes féministes. Sur twitter, elles diffusent les témoignages de personnes victimes de discriminations et dénoncent les contenus et tweets sexistes, racistes ou appelant à la violence. Créée en août dernier, @SaferBlueBird est suivi par 3.600 personnes et a déjà publié près de 300 témoignages ou signalements.
La story
Pour alimenter ce compte, une vingtaine de militantes organisent la veille. Un combat que la plupart d’entre elles menaient déjà individuellement. Après plusieurs mois à signaler les comptes dans leurs propres cercles, elles décident de passer à une autre échelle comme l’explique Céline*, la porte-parole du collectif :
« Un compte dédié nous semblait être une bonne idée. On s’est rencontrées et rassemblées très naturellement. On évolue toutes dans la même mouvance »
L’affaire MadmoiZelle
Leur principal fait d’arme remonte à fin septembre 2016. Toujours sur Twitter, elles publient plusieurs témoignages d’employées anonymes, anciennes ou actuelles, du site d’info féministe Madmoizelle.com. Elles accusent leur patron, Fabrice Florent, de harcèlement sexuel et moral. Le collectif explique :
« En tant que collectif féministe, nous étions plus ou moins protégées, contrairement aux différentes victimes. C’est pourquoi elles ont décidés de passer par notre compte. »
Et encore… pic.twitter.com/hUYHNZq0o4
— SaferBlueBird (@SaferBlueBird) 22 septembre 2016
Ci-dessus, une partie des témoignages dévoilés sur le réseau social. On y apprend que les « rédactrices sont virées quand considérées comme étant trop vielles » ou que « Fab [le boss] a régulièrement insisté pour que les membres de la redac affichent leur poitrine sur la Seinte fresque, même si on n’était pas d’accord ». Les gazouillis sont retweetés plusieurs milliers de fois et Rue89 et Mouv’ évoquent l’affaire. Des propos « diffamatoires » d’après le PDG du site qui affirme à StreetPress avoir l’intention de porter plainte :
« Ce que je veux c’est que mon préjudice moral soit reconnu, j’ai reçu des centaines et des centaines de messages sur Twitter cette histoire. »
Petits trollages
Leur boulot ne plait pas à tout le monde. Régulièrement, des appels à signaler massivement le compte @SaferBlueBird font leur apparition sur le forum de jeuxvidéos.com. Pour autant, « on n’a jamais reçu de menaces sérieuses », assure Céline.
Pas de quoi inquiéter la petite bande qui entend poursuivre son travail d’alerte jusqu’à ce que diminuent « les cas de harcèlement et cyberharcèlements sexistes ».
*Le prénom a été changé
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