Quand il reçoit à son bureau, Marc Dorcel, 80 ans, a le nez fourré dans des clichés de femmes en porte-jarretelles :
« Je suis en train de préparer notre calendrier qui sort pour Noël. »
En octobre, il fêtait les 35 ans de sa boîte, une belle PME de cinquante salariés qui pèse 30 millions de chiffre d’affaire par an. Mais Marc Dorcel insiste : il mène une vie normale, avec une sexualité normale et possède une voiture normale.
L’histoire, elle, est pourtant bien hors-norme : celle d’un gamin chétif destiné à faire de l’ajustage mécanique, qui rêve d’être dessinateur d’aquarelles et qui finira patron du porno français. Tout a basculé en 1979 grâce une bonne idée : se lancer dans la VHS.
L’histoire dit que votre film Jolies petites garces (1979) a été la première cassette vidéo porno de l’Histoire. Vous confirmez ?
(img) La jaquette de Jolie petites garces (1979)
Je confirme. Mais j’y ai été poussé. A la suite de déménagements constants, j’ai eu pour voisin un réparateur de magnétoscope. Il connaissait les bouquins érotiques que j’éditais déjà et il voulait absolument m’aider à faire un premier film. Il m’a tanné, et tanné, jusqu’au jour où j’ai dit oui. Il se disait : « Il va en vendre des cassettes. Et nous on va faire la duplication. » Les magnétoscopes n’étaient pas répandus en France, car les importations du Japon étaient limités pour des raisons de politique économique. Ce qu’il y avait de magique dans la vidéo, c’est qu’on pouvait voir un film à la télé dans l’intimité plutôt que d’aller dans une salle un peu crade. Formidable !
Comment avez-vous recruté votre équipe pour ce film ?
J’ai fait un synopsis sur 3 pages comme je l’aurais fait pour un roman-photo. Je me suis débrouillé pour trouver un beau décor. Un homosexuel m’avait loué son appart à Pigalle, un truc raffiné, généralement ce sont des gens sophistiqués … Et mon photographe, qui n’avait jamais tenu de caméra, a fait le cadreur. Le film n’est pas réussi techniquement. Néanmoins, il y avait de très belles nanas. Pour mes romans-photos, je recrutais déjà les plus beaux castings : Marylin Jess, Julia Perrin, Piotr Stanislas … A trois personnages, j’ai fait un film. Cela a plu et des professionnels sont venus me voir en proposant leurs services. J’ai dit ok et c’est comme ça que Dorcel a démarré.
Le deuxième film, ça a dû être Les mauvaises rencontres. Je tournais le film et en même temps, j’avais un photographe pour sortir un roman-photo pour ceux qui n’étaient pas équipés. J’ai fait ça pendant 4 ou 5 films mais c’était trop cher, ça doublait le budget et je n’ai continué que les films.
Vous avez dit dans une interview que jeune adulte, tous vos amis avaient une belle voiture, sauf vous. Vous avez fait ce métier pour leur en mettre plein la vue ?
Quand on est jeune, on rêve de quoi ? On aimerait bien avoir une belle voiture de sport. Au mieux ! Je me disais qu’avec le boulot que je faisais jusqu’à présent, jamais je ne gagnerai suffisamment d’argent. Je me cassais la tête pour trouver quelque chose qui me permette de bien gagner ma vie. J’ai monté des tas de boîtes : du transport, une agence pour chauffeur en intérim … Rien n’a marché.
Dorcel et Serge de Beaurivage (chef-op) sur le tournage de Citizen Shane / Crédits : Dorcel
C’est donc pour l’argent que vous avez fait du porno ?
Non. Le hasard m’a fait rentrer là-dedans. Au départ, je vendais 3 ou 4 bouquins à l’eau de rose par jour. J’allais les acheter sur les quais de Seine et j’essayais de les vendre par des petites pubs dans les journaux pour arrondir les fins de mois. Ça n’allait pas loin. Mais j’ai eu la chance que ça se développe quand j’ai édité mon premier livre. Un ami suisse m’a proposé un roman, tiré à 5.000 exemplaires. Ça m’a mis le pied à l’étrier dans l’édition, et là, je ne jouais plus dans la même cour.
A cette époque, le secteur était semi-clandestin, non ?
Il fallait envoyer 3 exemplaires de chaque livre au ministère de l’Intérieur qui les examinait en réunion. Puis le Journal Officiel arrivait sur mon bureau et je le feuilletais à toute vitesse pour voir si mes bouquins étaient interdits à l’exposition et à la publicité. Si c’était le cas, vous étiez foutu. Toutes les librairies vous les retournaient car ils étaient invendables. On a toujours prétendu qu’il n’y avait pas de censure en France. Effectivement il n’y en avait pas, mais le libraire devait cacher vos bouquins dans un tiroir. C’était mesquin.
Cela ne vous a pas empêché de faire fonctionner votre entreprise avec succès.
On prenait des risques ! Si vous ne prenez pas de risques, vous ne faites rien. Au bout de la 2e interdiction, vous étiez astreint à un dépôt préalable. Mais un bouquin, ça se tire à 5.000 exemplaires ! Et vous saviez très bien que le ministère allait vous interdire. Alors l’astuce c’était de changer de nom de société, de bureaux, d’adresse et de rééditer. C’était une cavalcade sans fin. Sans compter les descentes de flics. Ça faisait penser à la prohibition !
Vous gagniez déjà bien votre vie à l’époque ?
Qu’est-ce que ça veut dire, bien gagner sa vie ? Ça dépend de ses besoins. J’avais une vieille bagnole qui faisait un bruit terrible dès que j’arrivais à mon bureau. Sur les pavés, on entendait « clac clac clac », on savait que c’était moi ! Mais au moins, j’avais une bagnole !
Quels souvenirs gardez-vous de votre librairie à Pigalle ?
Ça me servait de bureau et en même temps, il y a avait une petite exposition où je pouvais vendre des bouquins. C’était tout petit. J’ai dû la garder 2 ans. J’achetais des invendus américains qui arrivaient par containers. A une époque, le système pileux était rigoureusement interdit sur les photos. Un retoucheur fabriquait des slips au fusain et quand il restait 3 ou 4 poils, les revues étaient très recherchées. Je me souviens d’un type qui arrivait avec une loupe et qui cherchait partout où il y avait des poils !
Le milieu libertin était-il aussi clandestin ?
Il y avait des descentes de flics dans les apparts. Quand ils connaissaient une adresse, ils se pointaient, et ils embarquaient tous les gens à poils. C’est le bouche-à-oreille qui fonctionnait ; « Tiens, il va se passer quelque chose à tel appartement ». Et une quinzaine de couples se réunissaient. A l’époque, personne n’avouait qu’il était libertin. Maintenant il y a des boîtes tout azimut. Il suffit de payer, d’aller au resto et de venir avec votre partenaire.
Dans l'appartement de « l'homosexuel raffiné » ? / Crédits : Dorcel
Vous organisiez des partouzes avec vos amis réparateurs de magnétoscopes ?
Mais qui peut penser ça ? Un film c’est un film ! Quand vous regardez des films avec des meurtres, est-ce que vous êtes obligés d’en commettre vous-même ? Il faut avoir la tête sur les épaules. Il faut faire une distinction avec votre vie intime. Moi, les soirées libertines, ce n’est pas ma tasse de thé. J’ai vu comment c’était une ou deux fois. Mais voilà. Je n’en suis pas. Honnêtement, ce n’est pas mon truc.
Vous êtes-vous intéressé au sexe plus jeune que les autres ?
Je n’ai pas été un précoce dans le domaine. C’est mon tempérament timide. Je suis timide. Quelqu’un qui fonce, il va beaucoup plus vite que le timide qui n’ose pas. Moi, je n’osais pas. La première fois, je devais avoir dans les 17 ans. Avec les copains, on drague une fille dans une fête foraine, et puis ça va un peu plus loin …
Votre sexualité n’a pas évolué entre votre vie d’avant le porno et maintenant ?
Pas du tout. On peut croire que le pâtissier, il se piffre de gâteau. Ou que le gynécologue est dégouté des femmes. Mais ce n’est pas comme ça. J’ai une libido normale et une sexualité dite « équilibrée ».
On dit que vous assistez toujours aux tournages de vos productions. Est-ce que vous confirmez ?
Non. La dernière fois, c’était à l’époque du réalisateur Alain Payet, il y a 6 ou 7 ans. En tant que gardien du dogme, je me devais de me déplacer pour vraiment voir si tout était là comme je le souhaitais. J’étais l’emmerdeur et les réalisateurs ne m’aimaient pas trop. Comme je suis un perfectionniste et que j’ai toujours voulu être le meilleur, ça peut durer jusqu’à l’aube. Il m’est arrivé de commencer à 8 heures du matin, de finir le lendemain à la même heure, et d’avoir à raccompagner les acteurs ! Comme cette fois où Christopher Clark devait prendre son avion pour Budapest. J’ai conduit directement de Beauvais jusqu’à Orly, crevé comme tout.
Photo d'époque du tournage de L'empreinte du vice / Crédits : Dorcel
Est-ce qu’au début de votre carrière, on pouvait demander à une actrice les mêmes choses qu’aujourd’hui ?
Ça m’aurait peut-être gêné. On faisait des scènes, dirions-nous « courantes ». Moi, j’ai toujours été étonné de voir des filles aussi jolies accepter de faire ce que je leur demandais. Certaines pouvaient être mannequins tellement elles étaient bien foutues. Mais j’ai compris que pour elles, le porno était un boulot comme un autre.
Votre première scène de double pénétration, c’était quand ?
Je me souviens surtout quand les réalisateurs m’ont proposé les premières scènes anales, ce que je n’avais jamais filmé. « Tu ne crois pas que c’est un peu trop costaud ? », je leur disais. J’ai laissé faire. Ce sont les réalisateurs qui ont amené tout ça. Petit à petit, les scènes se sont durcies. Ça commençait à moins se vendre et il faut toujours trouver autre chose. C’est à celui qui en fera le plus. Les éjaculations faciales, c’est arrivé plus tard. Mais s’ils l’ont fait, c’est parce qu’il y avait une demande pour ça.
Avez-vous eu le sentiment de devenir plus fréquentable à un moment ?
Ce qui a ouvert la voie, c’était la vidéo. A la différence de l’édition, j’ai eu le sentiment d’arriver dans un monde de liberté. C’était complétement différent : il n’y avait pas d’interdiction, c’était régi par le CNC. Il y a avait une autocensure pour s’interdire de vendre aux moins de 18 ans mais rien au Journal Officiel. Et les vidéoclubs foisonnaient de tous les côtés. Le boucher, le boulanger… tout le monde ouvrait son vidéoclub.
Il se trouve que le porno représentait 30 pour cent de leur chiffre d’affaire. Et pour eux, ça coutait beaucoup moins cher que les grands films du catalogue classique. Et puis, il y avait des salons professionnels où je n’étais pas banni. Mes représentants étaient là et prenaient des commandes, ce qui était impensable dans l’édition. Il y avait une demande très forte.
Dorcel, Rocco et sa femme Rosa / Crédits : Dorcel
Et quand êtes-vous devenu un people ?
Le passage des films sur Canal +. En voyant ces films, la presse a fait des reportages sur les producteurs et les tournages. On a commencé à voir ma bobine. Mais je ne l’ai jamais cherché, ça. C’est venu tout seul.
C’est à cette époque que vous avez gagné votre premier million ?
Est-ce que j’ai un million ? Qui vous dit que je suis riche ? En France, il y a un tabou de l’argent. Regardez la réticence des hommes politiques à déclarer leur patrimoine. Pourquoi vous me demandez à moi ?
A longueur d’interview, vous dites être comme Monsieur Tout-le-monde. Pas spécialement riche, avec une vie sexuelle tout à fait normale … On n’y croit pas une seconde.
Ah bon ?
Vous dites ça parce que votre recette marketing, c’est d’avoir une image normale et très grand public.
Je fais des films pour Monsieur et Madame Tout-le-monde. J’ai toujours aimé que les gens puissent s’identifier aux personnages. Quant à moi, je vis comme tout le monde. Je vais en week-end, je prends le train, je vais en boîte de temps en temps. Je n’ai pas de garde du corps, ni de Rolls qui m’attend avec mon chauffeur.
Vous n’êtes pas l’équivalent d’un Hugh Hefner ou un Larry Flint français ?
On ne joue pas dans la même cour ! Eux ont un potentiel de vente qui n’a rien à voir avec nous. Larry Flint, il a un groupe de presse, des casinos, des boutiques … Il est venu en France, il y a 10 ou 12 ans, au Georges V. Je l’avais rencontré à cette occasion. Il me connaît de nom mais c’est tout. Mais de là à ce qu’on se tape sur le ventre …. Et Hefner, c’est Playboy. Qui ne connait pas Playboy ? Et avec tous les produits dérivés… Tout ça, c’est possible aux USA, pas en Europe. Citez-moi quelqu’un comme ça en Europe ?
Vous n’êtes pas non plus le parrain du porno français, je suppose.
Non ! J’importe des produits. Mais celui qui veut se lancer, rien de plus facile. Le ticket d’entrée n’est pas cher, tout le monde est capable de faire un film. Une caméra, ça coute 2.000 euros, et c’est tellement précis aujourd’hui qu’on n’a presque pas besoin d’éclairages. Avec 2 ou 3 assistants, des copains/copines pour faire le film, le tour est joué. Je ne suis pas le parrain du porno mais … Qui va distribuer le film après ? Il faut avoir un réseau.
(img) La jaquette de Belle d’amour, le 1er film de Rocco
C’est quand même un peu grâce à vous si Rocco Siffredi est devenu une superstar.
Il s’est fait lui-même. C’est un garçon bien. Tout à fait par hasard, il a fait son premier film pour moi. A l’époque, il faisait des romans-photos pour les Italiens.
Il a été acteur pendant un certain temps, jusqu’au jour où il s’est dit « Je ne vais être acteur que pour mes propres productions. » S’il est parti, c’est une question d’argent. Plutôt que de voir les autres profiter de son image, il voulait en profiter lui-même.
Yasmine, une ex-Dorcel Girl, a dénoncé les méthodes de votre entreprise dans une interview.
Yasmine, avant de travailler pour nous, je peux vous dire qu’elle en a fait des trucs à droite et à gauche. On peut ressortir des images de tous les côtés. J’ai vu cet article, mais je m’en fous, je n’ai rien à lui reprocher. Elle a regretté. Ce n’était pas elle. Ce qu’on dit devant un journaliste et ce qu’on pense vraiment, c’est le jour et la nuit ! Vous voyez Yasmine aujourd’hui, elle me saute dans les bras pour me dire bonjour ! La presse lui a tiré les vers du nez pour lui faire dire un tas de conneries qu’elle n’avait pas envie de dire …
Il y a aussi Laure Saintclair, votre égérie des années 1990.
Laure, c’est une très gentille fille. Elle a démarré avec d’autres gens que nous qui l’ont exploitée à mort. Après, elle est tombée sur un sale type qui lui a retourné la tête en lui disant « il faut attaquer Dorcel pour gagner de l’argent. » La fille quand elle est amoureuse d’un lascar, vous connaissez la vie, vous savez comment ça se passe. Vous pouvez retourner qui vous voulez.
On dit que c’est un milieu où il y a de l’argent sale, des liens avec le proxénétisme, que…
Ce sont les profanes qui amalgament. Les filles qui tournent, ce ne sont pas des putes, les producteurs pas des proxénètes. Et ils ne touchent pas à la drogue non plus ! Moi, je n’ai jamais couché avec une actrice. D’ailleurs, le milieu de la pornographie n’existe pas vraiment. Ce n’est pas un club très vaste. Surtout maintenant. Tout le monde a disparu ! Et ce n’est pas glauque.
Vous avez déjà regretté d’avoir fait tourner des filles peut-être pas suffisamment armées pour assumer derrière ?
Jamais. La fille quand elle accepte de tourner, ce n’est pas sous la contrainte. On la met en garde contre toutes les conséquences qui vont arriver. Si elle a choisi de le faire quand même … qu’est-ce que vous voulez faire d’autre ?! Je n’ai pas brisé sa vie !
Il y a en beaucoup qui sont prêtes à tourner pour vous ?
Il y en a qui postulent de temps en temps mais c’est surtout par des boîtes de casting. Dans les pays de l’Est, il y en a plein de boîtes qui font ça. Mais faut faire gaffe, avec Photoshop qu’est-ce qu’on peut se faire piéger ! Et quand vous voyez la nana arriver, ce n’est pas du tout ce que vous avez choisi ! Pour les Française, elles viennent du milieu amateur et elles postulent pour être dans un grand film.
Dorcel et 3 actrices sur le tournage de La ruée vers Laure / Crédits : Dorcel
Quand Marcel Herskovits est-il devenu Marc Dorcel ?
Mon entreprise de transport s’appelait l’entreprise Dorcel. Je l’ai gardé. Quand vous voulez créer quelque chose, il faut mieux avoir des noms à consonances faciles. Ce n’est pas moi qui ai trouvé ce nom. C’était le comptable qui s’occupait de la boîte. Enfin je crois…
L’histoire dit qu’adolescent vous rêviez des arts déco mais que vos parents vous ont imposé d’entrer dans la vie active. Est-ce vrai ?
J’ai toujours aimé l’art. J’avais des prédispositions. J’adorais dessiner, peindre, l’aquarelle … Et paraît-il, j’avais du talent. Je voulais entrer aux Arts Décoratifs. Mais je m’y suis pris trop tard et mes parents ne m’ont pas poussé. Je suis allé jusqu’au brevet élémentaire et je suis rentré tout de suite dans le monde du travail.
Ça a dû vous forger le caractère de travailler si jeune.
J’ai commencé à 17 ans. En même temps que le dessin industriel, je faisais de l’apprentissage dans l’ajustage mécanique. Aujourd’hui, les jeunes, ils sortent de l’école mais qu’est-ce qu’ils savent ? La théorie ce n’est pas suffisant.
Comment votre fils a-t-il repris le flambeau ?
Il n’est pas venu me voir en disant « Papa je veux faire du porno. » C’est comme si, moi, j’avais découvert dans le linge de mes parents des revues équivoques : je ne serai pas allé leur demander pourquoi ils avaient ça ! Quand il a fallu aller bosser, il a fait des stages. Il voulait trouver un bon poste dans une chaîne. Mais comme on ne court pas après un gamin de 18 ans pour un poste à responsabilité … Malgré mes relations, je n’ai rien pu faire pour lui. En attendant, je lui ai filé un bureau pour qu’il s’occupe des ventes de droit à l’étranger. Ça lui a fait améliorer son anglais. Et ça lui a plu.
Vous avez déjà assisté à un tournage en sa compagnie ?
Oui. C’était sur une grosse prod’. Mais ça n’a rien d’extraordinaire. Ça vous parait incroyable parce qu’il y a un acte … Mais quand vous faites un boulot avec 10 personnes autour d’une caméra, les choses sont complètement différentes. C’est technique, il n’y a aucune place pour le fantasme. Moi, je n’ai aucune réticence à ce qu’il reprenne le flambeau. Il a ma mentalité et ne mélange pas boulot et vie privée. Quand il était enfant, il n’y avait plus de Marc Dorcel quand je rentrais à la maison. Et lui, il ne cavalait pas dans mon bureau.
Il ne manque plus que le Ballon d'Or / Crédits : Michela Cuccagna
Après 35 ans dans le porno, avez-vous vécu tous vos fantasmes ?
Oui, je crois. Mais je n’en ai pas des masses. Je vous ai dit, je suis un mec normal. Je ne suis pas frustré, c’est déjà hyper important.
Pensez-vous que le porno à la papa puisse vous survivre ?
Quand on fait une grosse prod’, qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut époustoufler et montrer qu’on a mis de l’argent sur la table. Mais alors, montrer qu’on a vraiment mis beaucoup d’argent sur la table. C’est donc avoir des lieux extraordinaires, des beaux sites, des paysages, il faut aller à Ibiza, il faut un jet… Ça, on le fait 2 fois dans l’année. Vous pouvez appeler ça « film à la papa » mais pour moi, pas du tout. Il va y avoir des pénétrations anales, aussi de la violence, tout ce que vous voulez ! Est-ce qu’on va arrêter d’en faire ? Nous, pour garder notre image, on est obligé de continuer. Même si on perd de l’argent.
Si je vous dis « Merci qui ? », qu’est-ce que vous me répondez ?
Merci la providence.
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