Coup dur pour l’Action Française : l’ancien ministre Roland Dumas ne sera pas présent au grand raout du mouvement royaliste, organisé samedi 18 janvier à Paris. Annoncé en grande pompe parmi une brochette « d’invités prestigieux », Roland Dumas devait participer au « Carrefour Royal », une journée de débats animée par les cadres de l’AF.
Joint une première fois par StreetPress, l’ancien boss du Conseil constitutionnel « n’était pas sûr de pouvoir venir ». Avant de confirmer quelques heures plus tard qu’il ne pointerait pas le bout de ses chaussures à la petite sauterie royaliste :
« Je ne pourrais pas être là, j’ai autre chose à faire à l’étranger. »
Une tuile pour le staff de l’Action Française qui mardi en fin d’après-midi confirmait encore à StreetPress la venue de l’intime de François Mitterrand.
Carrefour Royal
Le 3e week-end du mois de janvier est une date traditionnellement marquée d’une pierre blanche dans l’agenda royaliste : il commémore la décapitation de Louis XVI, le 21 janvier 1793.
Cette année l’AF organise son traditionnel dépôt de gerbe en l’honneur du Roi le dimanche 19, à l’Eglise de la Madeleine. Le samedi 18 est, lui, consacré à une journée de débats. Au menu de ce « Carrefour Royal » : deux tables rondes sur « la souveraineté, l’Europe, la nation » et « la France et ses peuples ». Avant une galette des rois et une réunion publique.
La journée se terminera en beauté par un « banquet royal » au Flam’s de la rue des Lombards (Paris 1er), un fast-food spécialisé dans les tartes flambées alsaciennes. Mais Roland Dumas le confirme à StreetPress : il ne mangera pas de flammekueche à Châtelet, avec les héritiers des camelots du Roi.
Loose
(img) Programme de la journée
Après Elisabeth Lévy, c’est la deuxième défection de rang pour ce « grand week-end d’Action Française ». Également invitée, la rédactrice en chef du magazine Causeur a annoncé le 4 janvier qu’elle n’irait pas trinquer avec l’Action Française. “Dans un communiqué moqueur”:http://www.causeur.fr/inrocks-roycos-meme-charlots,25682, son journal ironise sur les « charlots » et les « amateurs de Bourbons hors d’âge » du mouvement royaliste.
Plus diplomate, Roland Dumas invoque une incompatibilité d’emploi du temps et un quiproquo avec « son ami Élie Hatem », avocat du journal l’Action Française et candidat aux municipales à Paris sur la liste FN de Wallerand de Saint-Just. Dumas de revenir sur l’imbroglio :
« Ils ont été un peu imprudents, je ne leur avais pas donné mon accord. Élie Hatem, que je connais bien et qui est un de mes amis à la cour de Paris, m’a appelé pour m’inviter. On est suffisamment liés pour qu’il ait cru pouvoir annoncer ça comme ça. »
Mais attention ! A StreetPress, Dumas, 91 ans, insiste haut et fort sur ses convictions « d’homme de gauche » et affirme qu’il n’a « aucun point de convergence avec l’Action Française dont il est éloigné depuis toujours. » Quant à ses amitiés avec certains cadres du FN que lui prête la presse, il dément :
« La presse écrit ce qu’elle veut. Je n’ai jamais dîné chez les Le Pen, pas plus que je suis ami avec Louis Alliot. »
Extrême droite
Résultat des courses, la « Carrefour royal » de l’Action Française risque d’avoir des faux-airs de meeting de Front National. Parmi les intervenants encore annoncés, les candidats FN Aymeric Chauprade et Élie Hatem, le cadre du Rassemblement Bleu Marine Paul-Marie Coûteaux ou encore l’ancien vice-président du FN Jean-Claude Martinez.
François Bel-Ker, l’organisateur de la journée, jure pourtant que « l’Action Française ne se sent pas proche du Front National » en citant pêle-mêle Léon Blum, Régis Debray ou François Mitterrand comme sensibles aux idées royalistes. A StreetPress, il témoigne de la volonté du mouvement de recentrer son image :
« On travaille beaucoup depuis 2002 avec les milieux souverainistes au-delà de la droite ou de la gauche. L’Action Française est transclivage ! C’est dans son essence même monarchique. »
Pour « ce grand week-end » royaliste, c’est encore raté.
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER