1. Les faits:
L’équipe de France est éliminée avec pertes et fracas du Mondial sud-africain. Mais plus que les performances sur le terrain des Bleus, c’est le comportement extra-sportif des joueurs de l’équipe de France qui est pointé du doigt. On les accuse d’être des racailles, des enfants pourris gâtés quand ils ne deviendraient pas des racistes anti-blancs.
2. Le contexte: Des sites d’extrême droite à Marianne en passant par les intellectuels, des visions très politiques
« racailles et pègre » Le site d’extrême droite Novopress parle de l’équipe de France comme d‘ « un mélange de racailles et de pègre » et n’hésite pas à affirmer que « de nombreux joueurs ont dit haut et fort qu’ils étaient plus attachés à leurs racines africaines qu’au maillot français ».
Un journaliste anonyme se demande donc si « la majorité des Bleus sont des saboteurs avec leur obsession à jouer… contre leur camp ? »
« apartheid » Les site Fdesouche et Nationpress font de Yohan Gourcuff l’égérie de leurs idées en le présentant comme une victime de « l’apartheid de l’équipe de France » tandis que l’hebdomadaire Minute titre en une de son édition de mercredi « Le kärcher pour cette racaille ».
Racisme anti-blanc Mais il n’y a pas que l’extrême droite qui superpose ses fantasmes aux problèmes de l’équipe de France. Le respectable Pierre Ménès se demande dans un billet daté du 16 juin « s’ils n’ont pas eu la peau Gourcuff parce que trop blanc ». L’hebdo de gauche Marianne parle de « petites frappes de banlieue », « d’analphabètes » et de « morveux empreints de morgue » avant d’affirmer: « les Huns sont de retour ».
Comportement de racailles Plusieurs commune, comme Vincennes (94) ont annulé la retransmission sur écran géant de France-Afrique du Sud, mardi. Dans le Pas-de-Calais, David Hecq, le maire de Anzin-Saint-Aubin , s’est justifié, dénonçant « un comportement de racailles de certains membres de l’équipe de France qui se conduisent comme de sales garnements qui insultent leur coach avec une rare violence ».
Voyous des cités Les intellos aussi, à commencer par Alain Finkielkraut, causent foot et politique… Dix minutes d’interview dans le journal du matin de France Inter pour Finkielkraut, pour expliquer que les joueurs sont des « petites frappes », des « voyous » qui véhiculent un « esprit des cités », « des gens qui se foutent de la France », incapables de s’exprimer « dans une langue à peu près compréhensible »… appelant enfin l’ensemble des Français à « regarder la réalité en face » et à un « sursaut ».
Minute titre en une de son édition de mercredi « Le kärcher pour cette racaille »
Finkielkraut dénonce un « esprit des cités »
3. La question de StreetPress
Il y a t-il une instrumentalisation des problèmes de l’équipe de France pour véhiculer des idées politiques?
4. La réponse des députés :
« Y’a évidemment une instrumentalisation », commence Noël Mamère (Verts – Rhône Alpes). « Y’a pas de racailles, y’a pas de génies », rebondit Henri Emmanuelli (PS – Landes), comme pour détendre l’atmosphère.
Mais tous les élus voient les déboires des Bleus à l’orée de leur vision de la France. Impossible de s’en détacher :
Ainsi à gauche, Emmanuelli (PS) s’explique le désordre par « l’argent » qu’on « a laissé devenir le seul maître et le seul juge. On voit le résultat : on a une poignée d’enfants gâtés qui se conduisent comme des enfants gâtés ».
A droite, le chiraquien Patrick Ollier veut « en rester » à l’équipe de France « blancs, blacks, beurs… C’était le symbole de l’unité nationale ». Et Nicolas Dupont-Aignan (Divers droite – Essonne), en bon opposant à Sarkozy dans les rangs de la droite: « La racaille, elle est à tous les niveaux de l’Etat ».
Le villepiniste Hervé Mariton (UMP – Drôme) voit lui une France apaisée : Certes, « ils disent une part de tension de la société française » mais « la France heureusement n’est pas une France de racailles ». Ouf.
Noël Mamère: « Y’a évidemment une instrumentalisation »
Hervé Mariton: « Ils disent une part de tension de la société française »
Source: Manuella Ancaert et Benjamin Farhat | StreetPress
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€ 💪Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER