Dès l’arrivée dans la salle de l’Institut du Monde Arabe, où se tient la conférence, le tableau est dressé. Un public black-blanc-beur, principalement jeune, et au milieu de la scène, Medine et Pascal Boniface expliquent leur démarche. L’un est en costard cravate, l’autre en t-shirt basket. Que ces deux-là écrivent un bouquin ensemble, c’est assez… inattendu (et le terme est faible). Pascal Boniface est un géopolitologue, maître conférencier à Sciences Po et spécialiste du monde arabe. Medine, lui, est un rappeur engagé, qui “souhaite briser les clichés”. Deux plumes reconnues dans leur milieu respectif. StreetPress a écouté qui du scientifique ou du chanteur a la plus belle prose.
La meilleure punchline. Medine, à propos de la communauté arabo-musulmane : « Les arabes sont comme des cartes bancaires pour les politiques. Ils ont du mal à être vus comme des cartes électorales. » Même si on ne comprend pas tout, ça sonne bien.
Medine 1 – Boniface 0
La phrase qui dérange. Pascal Boniface : « Nan mais soyons clairs, la communauté arabo-musulmane est beaucoup mieux intégrée qu’il y a vingt ans. » Le gars devant moi se sentant concerné tique et dit à son pote assis à côté de lui : « N’importe quoi… Qu’il vienne voir par lui-même. »
Medine 2 – Boniface 0
La phrase tout droit sortie d’un film à l’eau de rose. Medine, à propos de l’expérience que lui a apporté ce livre : « En fait ce bouquin, c’est l’histoire d’un dialogue entre un rappeur musulman, et un géopolitologue athée, préfacé par une juive, et édité par une maison d’édition chrétienne. » C’est beau.
Medine 3 – Boniface 0
L’expression qui tombe à l’eau. « Je voulais pas que ce livre rentre dans une sorte de miélosité… » Miélosité, vraiment ? Ne parle pas comme un sociologue qui veut.
Medine 3 – Boniface 1
La question qui décrédibilise. Un jeune homme prend le micro et s’adresse à Pascal Boniface : « Vous n’avez pas peur en vous associant à Medine pour ce livre, que ça vous fasse une sorte d’effet Dieudonné, que ça vous ferme des portes à l’avenir dans le milieu ? », puis il s’adresse à Medine : « Et quant à vous, êtes-vous toujours en clash avec Skyrock ? » La salle rit. Un écrivain en clash avec Skyrock, y’a de quoi, remarque.
Medine 3 – Boniface 2
L’uppercut de la victoire. Medine à propos de sa diffusion à la radio : « Moi c’est Internet qui m’a fait connaître. C’est pas les radios. Pourquoi vous me connaissez, pourquoi vous écoutez mon message ce soir ? C’est grâce à Internet ». Une révolution arabe à lui tout seul. Rien que pour ça, il mérite le point. Et parce que Pascal Boniface a avoué : « je serais incapable de rapper », alors que Medine, lui, peut « sociologuer ».
Medine 4 – Boniface 2
La victoire revient donc à Medine. Malgré quelques maladresses, un style atypique, et ses airs d’Abd Al Malik low cost, son art de la métaphore efficace a fait la différence.
Don’t panik : N’ayez pas peur !
Medine – Besoin de révolution
bqhidden. Les arabes sont comme des cartes bancaires pour les politiques. Ils ont du mal à être vus comme des cartes électorales