Le téléphone sonne. « C’est pour une histoire de vélo ? », interroge, à l’autre bout du fil, Cyril F., le premier cycliste français arrêté pour avoir utilisé un moteur en compétition. On acquiesce. La réponse fuse :
« Non mais c’est bon là. Pendant une semaine on m’a fait chier. Je n’ai tué personne. Au revoir. »
Quelques minutes plus tard, il s’excusera par message :
« Veuillez m’excuser mais laissez-moi un peu de temps. Les gens qui ne me connaissent pas m’insultent. Je ne suis pas une mauvaise personne. J’ai fait une bêtise et je l’assume. Pardon d’avoir été désagréable »
Nous n’aurons pas d’autres échanges avec le fraudeur du dimanche. Ce cycliste amateur s’est fait pincer au tout début du mois d’octobre. Il venait de remporter la course de Saint-Michel-de-Double (24), une commune de 347 habitants. À plus de 40 piges, Cyril F. courait en « 3ème catégorie » amateur, la cinquième division. Les deux divisions inférieures sont réservées aux cyclistes d’un « âge avancé », explique l’un de ses concurrents. StreetPress a remonté la piste de ce plâtrier, entré un peu par hasard dans l’histoire du cyclisme français.
Bienvenu à Mussidan. / Crédits : Yann Castanier
C’est le lundi précédant la course que Christophe Bassons, le limier qui l’a arrêté, reçoit un tuyau : une source du milieu cycliste l’informe qu’un sportif a, depuis plusieurs semaines, des performances « un peu bizarres ». Bassons, n’est pas un inconnu : ancien coureur professionnel, il avait dénoncé le dopage sur le Tour de France en 1999. Il en garde un surnom dans le monde de la pédale : « Monsieur Propre ». Et près de 20 ans après, il poursuit son combat contre la fraude comme conseiller interrégional antidopage (Cirad) pour le ministère des sports. Avec son accent du Tarn, dont il est originaire, il rembobine le fil de son investigation, jusqu’au flag’.
Détective et bidon suspect
La source qui l’a alerté de la triche possible pense à un moteur. Alors, les jours suivants, le quadra enquête. Il scrute les journaux, les réseaux sociaux, les photos sur internet. Un vrai travail de détective. Aujourd’hui, il n’a pas l’imper et le chapeau mais une polaire noire, un pantalon marron et des baskets orange. Grâce aux photos zoomées, il note quatre points. Premièrement, le vélo que le coureur utilise n’est pas à sa taille. Ensuite, ce n’est pas sa bécane habituelle. De plus, un fil « qui n’avait aucune raison d’exister » dépasse au niveau du guidon. Mais ce qui convainc vraiment Bassons, c’est le bidon :
« Il y a une marque dessus et elle est restée dans la même position durant les courses précédentes. Normalement, la gourde, on la prend et on la remet, c’est impossible que ce soit pareil d’une photo à l’autre. Et là, je me suis dit qu’elle servait à autre chose qu’à boire. »
On le surnomme le « Monsieur Propre » du cyclisme. / Crédits : Yann Castanier
Le mercredi qui précède la course, il prend contact avec le procureur de la République de Périgueux et monte une action avec la gendarmerie. Un mécano complète la petite équipe d’intervention. « J’ai attendu le jeudi soir et la fin des inscriptions pour constater que Cyril F. était bien inscrit à cette compétition », raconte-t-il depuis la cafétéria des services Jeunesse et Sport à Bordeaux. Tout en sirotant un arabica, l’ancien coureur poursuit son récit :
« C’était la dernière [compétition] de la saison! Si on n’intervenait pas dans les trois jours, il fallait attendre des mois. »
Jusqu’au dernier moment, l’opération reste confidentielle. C’est dans la voiture qui les emmène à la course qui Christophe Bassons met le mécano au parfum. Ce dimanche 1er octobre, la fine équipe se pointe cinq minutes après le départ pour ne pas qu’on les voie « tourner autour de la compétition ».
« En général, je suis plutôt là pour les contrôles antidopage que pour un moteur. Mais j’ai préféré me cacher, j’ai fait le discret pendant un moment. »
Désormais Mussidan aura quelque chose à écrire sur sa fiche Wikipedia. / Crédits : Yann Castanier
Planqué sous un parapluie, Bassons observe la course. Les concurrents doivent faire 30 tours, d’une boucle de 3 kilomètres. Au début, l’enquêteur ne voit rien de particulier dans la performance du suspect. Dans la bosse, pareil. Son mécano non plus. Cyril F. a pourtant le fameux vélo, mais il semble presque à la traîne. « Je me suis demandé s’il allait prendre le risque de courir dessus. C’est sa dernière course, il est chez lui et il n’y a pas grand-monde d’inscrit », rembobine le Cirad, en avalant une rasade de café.
Sprint et roue à plat
Après cinq tours, le coureur s’échappe enfin. Là, Christophe Bassons n’a plus de doute :
« Quand vous avez un moteur, le vélo fait deux-trois kilos de plus. Comme il ne domine pas les autres physiquement, il devait peiner parce qu’il n’utilisait pas le dispositif. »
À six tours de la fin, la pluie s’est arrêtée de tomber et notre enquêteur a rangé son parapluie. C’est seulement couvert d’une casquette qu’il voit Cyril F. passer. « Il me regarde et il se retourne. Il me fixe. Je me dis : “Merde, il m’a reconnu”. Là je commence à flipper. Je me demande ce qu’il va faire. » Mais le tour d’après, le coureur au maillot bleu passe sans le regarder. Christophe Bassons reprend son souffle. Le répit n’est que de courte durée.
Passion cyclisme. / Crédits : Yann Castanier
A quatre tours de l’arrivée, le cycliste qui jusque-là suçait la roue de Cyril F. arrive seul. Le speaker s’interroge, Bassons aussi. Trente secondes passent. Une minute. « Au bout de deux minutes, je le vois arriver », se souvient l’ancien pro. « Il a la roue à plat. Des gens essayent de lui en passer une mais il ne la prend pas. Il continue tout droit et passe la ligne. » Au lieu de continuer sur le circuit, il tourne à droite. « Et moi, je suis 50 mètres avant ce virage, je me dis qu’il doit avoir la voiture pas loin. » Christophe Bassons déclenche son sprint :
« Je vois qu’il continue. À un moment, il s’arrête dix secondes pour dire bonjour à quelqu’un et il repart. Là je fais demi-tour et je vais prendre ma voiture. »
Le mécano chargé de l’assister dans son enquête monte dans la voiture de Bassons. Les gendarmes, eux, sont introuvables. Les deux hommes voient le coureur et le prennent en filature, puis ils le doublent et se garent en plein milieu de la route pour le stopper. « Je sors en tendant les bras, il freine », enchaîne Christophe Bassons. Il le stoppe, le salue et feint la naïveté quand il lui adresse la parole. « Je lui demande quelle est sa marque de vélo et où il l’a acheté. » En Chine, via internet, explique le cycliste. L’enquêteur demande s’il peut jeter un œil à la bécane :
« Il hésite un peu mais il me le tend. Je le prends, je le soupèse et je fais une moue de la tête. Et je vois qu’il fait un mouvement de recul. Je tire sur le bidon et le fil rouge apparaît. »
(img) Mussidan, haut lieu du cyclisme
Les deux hommes se regardent en silence. « Il s’est défait. Il m’a fixé pendant cinq-six secondes. Il a compris. » C’est à ce moment que les gendarmes en civil débarquent et montrent leurs cartes. Christophe Bassons demande au fraudeur de le suivre jusqu’à la ligne d’arrivée, pour chercher le commissaire de course de la Fédération Française de Cyclisme (FFC) :
« Il me répond: “Je suis chez moi, est-ce qu’on peut rester là, près de la voiture, au lieu de la ligne d’arrivée où il y a tout le monde ?” »
L’ancien pro prévient également le président du SA Mussidan, le club qui organise la course :
Dix jours plus tard, le président du club explique à StreetPress avoir été abattu par cette affaire. Il n’a pas souhaité en dire plus, mais il a bien porté plainte.
Cinq courses avec le moteur
Tous se retrouvent à la brigade de gendarmerie pour démonter le vélo. Là encore, Christophe Bassons détaille:
« Le mécano en bave un peu car il faut une clé spéciale. Il réussit à enlever la batterie et d’autres éléments dans le tube. Mais le mécanisme ne vient pas. Au bout d’une heure, il arrive à sortir le moteur en y allant fort. »
La concurrence s’entraîne dur. / Crédits : Yann Castanier
Des auditions, il ressort que le moteur a été utilisé sur cinq courses, du 21 août au 1er octobre. S’il finit deuxième à sa première, lors de la course de Créon d’Armagnac, à 130 kilomètres au Sud de Bordeaux, il termine en tête au prix des fêtes de Baigts-de-Béarn, près de Bayonne. Il met même vingt secondes au record de la bosse. Même refrain à la course de Roumagne quelques jours plus tard. Fin septembre, au grand prix des Eyzies, il finit onzième mais bat des coureurs qui concourent deux divisions au-dessus de lui.
Mussidan a aussi ses passages pavés. / Crédits : Yann Castanier
C’est là que la suspicion a commencé à grandir. « Aux Eyzies, il y avait des coureurs qui visaient le professionnalisme. Et ça monte, ça n’a pas dû arranger l’affaire », réfléchit Gérard Blondel, président depuis un an du Comité Dordogne Cyclisme. « À 42 ans, on ne peut pas faire la pige à des jeunes qui s’entraînent chaque jour. »
Chips, olives et échappée
À Roumagne le 9 septembre dernier, Cyril F. finit juste devant Rémi Verhoeven. Le gaillard de 27 piges l’a talonné durant une bonne partie de cette course de 80 kilomètres. Il reçoit chez lui, dans un pavillon de Villeneuve-sur-Lot, une commune du Lot-et-Garonne. Sa maison jouxte un lycée privé des métiers de la vie rurale où il s’occupe de l’entretien.
Dans son salon, posé devant des chips, des olives et une bouteille de rosé (apportée par StreetPress), il raconte ce dimanche soir où il a appris la nouvelle. « En une demi-heure, j’ai reçu plein de messages. » Un copain d’entraînement fait immédiatement le lien avec l’homme qui l’a devancé. « Il m’a tout de suite envoyé un texto : “Hé mais c’est pas le gars qui t’a battu ?” » Au départ, ça lui semble impossible. C’est trop gros.
« Et puis je vois Mussidan, la quarantaine. Plus ça allait, plus ça correspondait. Et quand j’ai vu le vélo, la couleur du maillot, j’ai su que c’était lui. »
Rémi Verhoeven s'est fait voler sa victoire. / Crédits : Yann Castanier
Rémi a lutté contre Cyril et son vélo à moteur pendant un tout petit peu plus de deux heures de course. Comme à Saint-Michel-de-Double, Cyril F. s’échappe vite. « Au bout de quatre ou cinq tours », se souvient Rémi qui finit pourtant par le rattraper :
« On a bien fait 20, 25 tours tous les deux. J’ai commencé à en chier, j’avais de plus en plus de mal à le relayer [ndlr, passer en tête]. »
Justine, la compagne de Rémi, présente lors de la compétition acquiesce. « Il m’a fait des grimaces toute la course », s’amuse-t-elle, enfoncée dans son fauteuil vert. « Je n’en ai jamais autant chié qu’à celle-là », souffle son conjoint. Mais Rémi s’accroche et Cyril F. finit par ralentir. Une manière d’économiser la batterie ? – une heure d’autonomie selon le fraudeur – ou bien « il a senti que derrière ça ne reviendrait pas, donc il a calmé le jeu ? », s’interroge désormais le rouleur assis en survêtement noir et maillot blanc, dans son salon. Il détaille le dernier tour :
« Il a accéléré et je l’ai rattrapé rapidement. Il m’a laissé deux kilomètres tout seul devant. En un contre un, c’est le plus fort qui gagne. Et maintenant que je sais qu’il avait un moteur, il m’a laissé me griller. Ce qui paraît hyper logique. Il m’a rattrapé gentiment à 300 mètres de l’arrivée et une fois qu’il y avait le sprint, j’étais cuit et il m’a enquillé terrible. »
Rémi termine deuxième.
Le vélo de Rémi ne marche qu'à la sueur. / Crédits : Yann Castanier
Un moteur à 2.700 euros
Après l’affaire, les organisateurs de la course l’ont contacté pour lui signaler qu’il va être déclaré vainqueur. Rien en revanche au niveau des primes. Sur cette seule course de Roumagne, le coureur du SA Mussidan a empoché 454 euros. « C’était une course bien dotée», précise Rémi :
(img) Le Columbo de la petite reine
« Une des meilleures du département dans notre catégorie. C’est pas tous les dimanches qu’on a autant de primes. Entre 50 et 100 euros, c’est bien. »
Lorsqu’il s’est fait arrêter, Cyril F. a nié faire ça pour l’argent. « Il m’a expliqué qu’il en avait marre de voir les autres se doper, tricher. Qu’il avait trouvé sa solution », détaille Christophe Bassons.
Le moteur, lui, a été payé 2.700 euros par son propriétaire. Et la fraude demande du temps Son adversaire d’une course estime qu’il a dû « passer des soirées à faire une connerie grosse comme le monde » :
« Déjà il faut commander un vélo aux bonnes dimensions car il y a des exigences. Il faut un pédalier spécifique. Il faut faire la démarche d’acheter sur internet, aller sur des sites… Et il faut monter tout ça. Ça prend du temps, il faut y passer dix ou vingt heures. »
Tout ça pour rouler en 3e catégorie de cyclisme.
« Il n’a tué personne mais il faut qu’on sache pourquoi »
À Mussidan, l’affaire est sur toutes les lèvres, mais personne ne sait pourquoi le coureur a décidé de tomber dans la fraude mécanique. « Tricher à ce niveau-là, c’est quand même fort », lance un passant dans un café de la ville. « Il a fait une connerie, il faut qu’il assume. Il n’a tué personne mais il faut qu’on sache pourquoi [il a fait ça] », pointe Rémi Verhoeven :
« Pourquoi faire ça à un si petit niveau alors qu’il y a des gamins qui essaient de se faire remarquer ? En plus, d’après ce que j’ai compris, il n’a jamais été à un niveau excellent. Donc pourquoi avoir fait ça à cet âge-là ? »
le scandale est sur toutes les lèvres. / Crédits : Yann Castanier
Surtout que la personnalité du coureur fait l’unanimité. « Un garçon au demeurant charmant, très gentil, assez timide », décrit Gérard Blondel, qui a été président du club de Trélissac avant de prendre la direction du comité départemental. « On lui aurait donné le bon Dieu sans confession. » Un constat que partage Christophe Bassons :
« Honnêtement, c’est pas un méchant. Dans le dopage et le milieu du cyclisme, il y a de sacrés loustics. Des magouilleurs. Mais je ne l’ai pas perçu comme cela. »
Pour Christophe Bassons c’est plutôt quelqu’un « de fragile, qui ne sait pas résister à une pression » :
« Dans cette situation, je pense qu’il ne mesure pas. Il part peut-être dans l’idée qu’il y en a d’autres qui le font. »
Face aux questions, Cyril F. s’est justifié au micro de France Bleu, invoquant un simple coup de pouce après une hernie discale. « Sauf que dans ces cas-là, tu ne vas pas gagner les courses. Tu ne le fais pas pour aller battre les autres », s’interroge celui qui l’a pris la main dans le moteur.
Gérard est tombé de haut en découvrant la fraude... / Crédits : Yann Castanier
Gérard Blondel a également sa petite idée. « C’est l’adrénaline de la victoire », pense le conseiller municipal de la ville de Boulazac Isle Manoire, à cinq minutes en voiture de Périgueux. L’ancien cycliste a arrêté le vélo de compétition, lassé par l’état d’esprit d’une partie du peloton amateur :
« À 70 ans, certains sont prêts à balancer un coup d’épaule pour gagner et vous envoyer dans le fossé. »
Un coupable pour l’exemple ?
Pour Cyril F., l’affaire n’est pas encore terminée. Joint par StreetPress, le bureau du procureur de la République de Périgueux précise qu’il ne peut commenter une procédure en cours. Le cycliste risque une mise en examen pour « escroquerie » ou « tentative d’escroquerie », puisqu’il a touché des primes. D’après Christophe Bassons, le procureur pense lui proposer une sanction, dans le cadre d’un « plaider-coupable ». S’il refuse, il y aurait un procès :
« Il a déjà pris pas mal, je ne sais pas ce qui va suivre ».
De son côté, la FFC s’en tient au communiqué officiel publié quelques jours après les faits et indique à StreetPress qu’elle ne fera « pas d’autres annonces pour l’instant ». Elle s’y vante de n’être « pas restée immobile devant un tel risque de tricherie ». Elle précise qu’elle a déjà « organisé des contrôles de matériel lors des championnats de France amateur et professionnel, par l’intermédiaire de caméras thermiques et par des contrôles de matériel avec le démontage des vélos ».
Et eux, sont-ils dopés ? / Crédits : Yann Castanier
Pourtant, les retours du terrain sont loin de correspondre aux déclarations de la fédé. « Il y a déjà très peu de contrôle antidopage », note Rémi Verhoeven et la lutte contre le dopage mécanique est encore plus à la traîne :
« Pour avoir participé aux championnats de France de contre-la-montre cette année, je n’ai jamais vu un contrôle des vélos. »
Christophe Bassons, lui, a la satisfaction de montrer que « lorsqu’on veut, on peut » :
« On nous bassine sur des tablettes, des caméras infrarouges. Moi j’ai une info le lundi. J’ai bossé dessus pour voir si c’était confirmé. Le dimanche, sur place, on démonte le vélo et on constate. Voilà. S’ils veulent vraiment voir s’il y a des moteurs, ils vont aux courses et ils vérifient. Faut arrêter de nous prendre pour des idiots. »
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