La mairie veut privatiser 20% des plages de Marseille. Ça veut tout simplement dire que l’accès à la plage avec matelas, transats et buvettes sera payant.
Tout a commencé il y a trois ans quand ils ont parlé des Catalans, puis de la plage du Prophète, de celle de la Pointe Rouge et dernièrement de la plage du Prado, la plus grande de Marseille. Quand vont-ils s’arrêter ?
Si j’avais Jean-Claude Gaudin en face de moi, je lui dirais que ce n’est pas parce qu’il est à la fin de son mandat qu’il doit décider de faire ce qu’il veut, n’importe comment ! La plage du Prado, comme toutes les autres, doit rester entièrement publique. Le bord de mer appartient à tout le monde. C’est l’État qui doit en être propriétaire.
Du sable rentable
Légalement, la mairie a le droit de privatiser 20% des plages, si elle le souhaite. C’est pareil partout en France, mais cette autorisation va à l’encontre du droit des citoyens ! Son principal intérêt, c’est la finance, toujours… La mairie va placer ses amis et toucher de l’argent sur des bouts de sable.
Pour la plage des Catalans, par exemple, elle réclamait à une entreprise un peu plus de 18.000 euros pour 8 mois par an d’exploitation, sur 3 ans d’occupation et un bout de sable de 500 m2 environ. Elle aurait, en plus, touché un pourcentage sur le chiffre d’affaires de l’entreprise.
Le mensonge de la création d’emplois
Leur argument principal : la fameuse création d’emplois, mais c’est complètement faux ! Au mieux, ils vont créer des emplois saisonniers et détruire des emplois durables qui existaient depuis trente ans.
Il y a le restaurant sur l’eau, le O’ Pédalo de la Pointe Rouge, par exemple. Il a obtenu un sursis d’un an, mais à terme la mairie veut le raser, comme beaucoup d’autres restaurants en dur. Tous ces établissements font partie de l’histoire de Marseille. Ce sont des rendez-vous pour les Marseillais. Tous seront remplacés par du démontable qu’ils replieront à chaque fin de saison.
Les employés de ces établissements vont donc se retrouver au chômage. Ils suppriment des emplois durables pour les remplacer par des emplois saisonniers : sur ces plages privées, les jeunes bosseront de juin à septembre et ensuite ce sera terminé !
Mauvais plan
Pour pouvoir tout raser, la mairie s’est servie de la loi Littoral qui interdit toute construction ou habitation à moins de 100 mètres du bord de mer… Elle a bon dos la loi Littoral : son entrée en vigueur date de janvier 1986. Pourquoi ont-ils attendu 30 ans pour raser ces cabanons et ces restaurants ? C’est incompréhensible, d’autant que beaucoup de ces bâtiments ont été construits avant la loi !
Grâce à une forte mobilisation l’année dernière, au mois de juillet, on a fait reculer le processus sur la plage des Catalans. La partie privatisée mesure environ 250 mètres de large, beaucoup moins que ce qu’ils voulaient au départ. En plus, il y a la digue, élevée entre la plage et la mer pour protéger les badauds du Mistral. On ne voit donc pas la mer depuis la plage privée. Peu de familles iront se poser sur les matelas : ils ont mal calculé leurs plans !
Appel à la mobilisation des Marseillais
J’ai 60 ans et je n’ai jamais connu de plage privée à Marseille. Je ne vois pas pourquoi on laisserait cette Mairie de droite privatiser l’espace public.
On a déposé un recours au tribunal administratif et on attend toujours une date officielle. On a de plus en plus de soutiens, mais il faut continuer ! Si tout le monde signe la pétition, si les associations montent au créneau avec un grand nombre de Marseillais, notre voix pourra être entendue en plus haut lieu, jusqu’au ministère de l’Environnement. On a écrit à Ségolène Royal, il y a plus d’un mois. On attend toujours sa réponse.
Photo Une | Plage du Prophète, Marseille | ©Jay Bergesen sur Flickr
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