C’est un tract de l’UNSA Police diffusé lundi 23 septembre qui a mis le feu au poudre. Dans celui-ci, la section Nord-Pas-de-Calais du syndicat classé au centre gauche demande « l’assouplissement de l’objectif fixé de 80 privations de liberté par jour ». Une consigne qui fait suite à l’annonce, par Bernard Cazeneuve le 2 septembre dernier, du démantèlement de la Jungle de Calais.
« Ce sont des consignes que l’on nous donne par oral » explique un flic de la police aux frontières (PAF). Et même s’il n’existe aucune trace écrite, trois fonctionnaires confirment à StreetPress avoir reçu la même instruction de la part de leur hiérarchie : la PAF doit arrêter 80 migrants par jour et parmi eux 40 doivent être « expulsables ».
La police soumise à des quotas d’arrestations ? Un système pas vraiment jojo pour un gouvernement de gauche. Lors de sa prise de fonction au ministère de l’Intérieur, Manuel Valls avait même affirmé qu’il n’y aurait plus « de course effrénée au chiffre ». Une allusion à la politique des quotas imposée par la droite. Contactée par StreetPress, la sous-préfecture du Pas-de-Calais nie en bloc. Du côté de la place Beauvau, on se contente de préciser :
« Les consignes ne viennent pas de chez nous. »
Circulez, il n’y a rien à voir.
Les keufs au bord du burn-out
Pour tenir ces nouveaux « objectifs », les flics mettent les bouchées doubles : prise de service plus tôt, plus de jours de repos… « On multiplie les contrôles à la gare, dans la rue et aux abords de la Jungle » complète un flic de la PAF. Et pour certains, le burn-out n’est pas loin. « Les collègues vont craquer d’ici quinze jours » s’alarme un autre fonctionnaire :
« On a multiplié la charge de travail par 2 ou 3 avec des moyens qui sont insignifiants. »
Pour gonfler le moral des troupes, l’État a quand-même sorti le chéquier. Une nouvelle borne Eurodac , qui permet de contrôler l’état des demandes d’asile de réfugiés dans l’Union européenne, est arrivée au port de Calais au cours des dernières semaines et les effectifs de police ont été boostés. Au 1er septembre, 54 fonctionnaires sont venus gonfler les rangs de la police aux frontières en charge de la lutte contre « l’immigration clandestine ».
Le retour d’Air Sans Pap’
Mais le Centre de rétention de Coquelles, où les migrants sont normalement placés avant d’être expulsés, n’est pas extensible à l’infini. Malgré les 20 lits supplémentaires installés vendredi 30 septembre, il déborde. Et quand le CRA est plein, la PAF renoue avec une pratique que StreetPress avait épinglée : le transfert de sans-papiers. « En ce moment, les collègues font des allers-retours en bus vers le centre de rétention de Lesquin, du Mesnil-Amelot et même de Metz » détaille un flic calaisien :
« Ils vont parfois jusqu’à Toulouse. »
Et celui-ci de conclure :
« S’il faut un avion pour un transfert, ce n’est pas compliqué de le trouver. »
Souvenirs, souvenirs.
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