On retrouve Morane Shemtov, place Victor Hugo, à deux pas de l’université Dauphine. L’étudiante en master de Finance commence les cours une heure plus tard. Depuis le 15 mars, elle a pris l’habitude de jongler entre cours et obligations médiatiques. Ce jour-là, la jeune fille de 21 piges, lançait une pétition en faveur du projet de centre d’hébergement pour SDF, en bordure du Bois-de-Boulogne. Le buzz prend immédiatement : deux semaines plus tard elle a dépassé les 50.000 signatures. La militante vêtue d’un sweat aux couleurs de son parti fondé avec des amis, a le smile :
« L’objectif était de battre la pétition des opposants, lancée par Claude Goasguen [maire Les Républicains du 16e, ndlr]. On l’a fait en deux semaines ! »
La Story
Quand Morane débarque à sa fac le lundi 14 mars, elle hallucine. Des camions de CRS sont garés devant. Le meeting de Jean-Francois Copé dans l’autre amphi ? Non, les panneaux « Pas de jungle dans le 16e » lui font comprendre qu’ils sont bien là pour la réunion de présentation du projet de centre d’hébergement.
Le Petit Journal Le grand soir
La réunion organisée par l’association Aurore et la mairie de Paris s’annonce houleuse. Les médias nationaux sont aussi de la partie. Le lendemain, les vidéos sortent et deviennent virales. On y voit des habitants du très chic arrondissement huer et insulter les intervenants. Les punchlines fusent :« Salope », « brosse à caca », « fauteurs de troubles ». L’étudiante se rappelle :
« Le soir même j’ai contacté les membres de notre parti Allons Enfants. Plus qu’un post d’indignation, on voulait faire entendre une autre voix. »
Morane prend la pose Place Victor Hugo / Crédits : Quentin Le Palud
La pétition en faveur du centre est lancée sur Change.org . Parmi les soutiens reçus, de nombreux habitants du 16e qui ne se retrouvent pas vraiment dans l’image donnée par les frondeurs des beaux quartiers. Malgré le succès de l’opération, la pétition n’aura qu’un impact symbolique, au grand dam de Morane :
« Nous ne sommes pas au Royaume-Uni, où une pétition rassemblant 100.000 signatures doit être soumise au débat parlementaire, on l’a vu avec la loi Travail. En soit on apporte juste le témoignage d’un soutien important. »
Militante aguerrie
Morane n’en est pas à son coup d’essai. Depuis deux ans, elle siège au conseil municipal de Saint-Cloud, situé de l’autre côté du Bois-de-Boulogne. Aux municipales de 2014, sa liste composée de jeunes obtient 15.40% des voix, soit 2 élus. L’opération est réussie. Et la liste devient un parti – « Allons enfants » – qui revendique aujourd’hui une soixantaine de membres. Tous ont de 18 à 25 ans. Elle s’amuse des étiquettes que l’on colle à leur mouvement :
« On est passé de bourges à gauchos avec cette histoire. »
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