Lundi 15 septembre, StreetPress organisait au Numa, sa troisième soirée à thème. Au programme : un débat autour du journalisme long format, animé par Ziad Maalouf de l’émission l’Atelier des médias sur RFI :
« Allier ce qui se fait de mieux en écriture journalistique, graphisme et développement informatique pour proposer des reportages web d’un nouveau genre. Quand trois projets médias à l’esprit similaire naissent en même temps, c’est qu’il se passe probablement quelque chose dans l’univers du journalisme. »
Les invités :
> “Johan Weisz”:https://twitter.com/joweisz, fondateur de Streetpress, qui a lancé sa nouvelle formule le 8 septembre.
> “Estelle Faure”:https://twitter.com/EstelleFaure, ancienne étudiante du CFJ et rédactrice en chef du Quatre Heures : chaque semaine « une histoire inédite à déguster sur ordinateur et tablette ».
> “Julien Cadot”:https://twitter.com/JulienCdt, éditeur chez Ulyces.co, maison d’édition numérique lancée le 28 juillet dernier et « éditeur d’histoires vraies »
> “Florent Tamet”:https://twitter.com/ftamet, directeur et co-fondateur d’Ijsberg Magazine, le projet novateur qui se pense en temps de vie et de lecture
Ziad Maalouf (au centre) et les 4 Fantastiques de la soirée / Crédits : Thibaud Delavigne
1 Retrouvez le podcast de l’émission
2 Et les meilleurs extraits
Johan Weisz | Streetpress : « enquêter, c’est forcément long »
(img) L’affiche de l’event au Numa
« On est vraiment dans cette réflexion sur comment on met en scène l’info. Notre mot d’ordre c’est d’abord se demander les questions que lecteurs se posent et les devancer. Et ensuite chercher des sujets sérieux voire ennuyeux puis trouver la manière de les rendre sexy.
Cette nouvelle version qu’on lance est un peu différente, moins dans l’immédiat et les sujets à chaud, avec chaque semaine un sujet de cover très long. Mais l’idée de faire du long format ce n’était pas juste pour se faire plaisir ou pour montrer qu’on sait enquêter, c’était plutôt un sujet qu’on a attrapé et qui a révélé au fur et à mesure de l’enquête qu’il lui faudrait du temps.
Cette longueur se justifie par la complexité des sujets, par la défiance des personnes dont on parle, à l’égard des producteurs de l’information : réussir une enquête et garder la confiance des lecteurs, c’est forcément prendre du temps. »
Estelle Faure | Le Quatre Heures : « un média de slow info »
« Lorsqu’on nous a demandé d’imaginer le média de nos rêves, on a tous réfléchi dans notre coin et on a tous convergé vers la même idée : on voulait faire du reportage multimédia, ce qu’on a l’habitude de lire au long cours sur le papier, mais avec le meilleur de ce que le web pouvait nous offrir. Mêler des photos, des vidéos et évidemment du texte, qui reste la colonne vertébrale. Mais du texte sans lien, sans pub, sans pop-up, rien qui ne puisse percer la bulle de lecture dans laquelle on voulait plonger nos lecteurs.
On a choisi de vivre de notre lectorat en proposant des abonnements. Le travail qu’on fait ce n’est pas bâtonner des dépêches, c’est un vrai travail d’enquête, de prod, ça a de la valeur et ça a un coût, et ça les lecteurs peuvent le comprendre.
On se définit comme un média de « slow info », on veut prendre le temps : le Quatre Heures c’est faire une pause, s’arrêter sur un sujet et faire naviguer le lecteur dans une histoire, un univers, par des personnes que l’on raconte avec des détails, des anecdotes que l’on aurait pas eus si on n’avait pas fait ce travail de terrain. Donc prendre le temps c’est prendre le temps de la lecture mais aussi de l’enquête.
On a beaucoup été inspirés par les Mooks ou la Revue Dessinée, c’est des choses qui nous plaisent parce qu’elles remettent au centre les histoires, la narration, l’écriture surtout. Mais on est aussi les enfants d’Internet, les enfants des web docs, et on a voulu réconcilier ces deux univers qui ne sont pas du tout antinomiques. »
Le public aussi était chaud / Crédits : Thibaud Delavigne
Julien Cadot | Ulyces.co : « éditeur d’histoires vraies »
« Éditeur d’histoire vraies c’est une définition assez simple de notre quotidien : on aime beaucoup lire et écrire mais notre travail c’est de faire vivre les collections, vivre notre média. On édite des textes, on discute des sujets, on cherche des angles originaux pour des histoires extraordinaires.
On s’est retrouvés autour de cette passion pour le journalisme narratif, cette volonté de raconter des histoires vraies. On était tous de très grands lecteurs de la presse américaine, notamment des magazines comme le New Yorker, ou plus récemment Roads & Kingdoms, Outside ou Esquire.
On a appelé le type d’articles que l’on fait des histoires, à la manière dont les anglo-saxons appellent leurs reportages des « stories », parce que la narration a une grande importance, les personnages ont une grande place, et pour que le terme que l’on emploie soit vraiment centré sur le travail qu’on fait. »
Florent Tamet | Ijsberg Magazine : « un média start-up »
« Ijsberg on l’a pensé avec une imbrication de pleins de choses, et surtout en temps : en temps de lecture, en temps de vie et en temps de l’information. Ce qui caractérise aussi le magazine c’est le pragmatisme vis-à-vis du journalisme, en disant qu’on pouvait faire cohabiter un certain nombre de temps pour faire vivre l’information, le format et le sujet.
On a un côté un petit peu geek qu’on assume, on fait tout nous-mêmes et c’est pour ça qu’on peut se permettre de considérer l’écran du lecteur comme notre terrain de jeu à nous. On veut créer du lien avec le lecteur, provoquer une émotion et les intéresser à l’information.
C’est aussi un vrai travail d’équipe, on se voit comme un média start-up où tout est discuté, entre les rédac chefs mais aussi le correspondant, on essaye de faire intervenir tout le monde. »
Une soirée à thème en partenariat avec l’Atelier des médias,, Satellinet, le Spiil et le Numa
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