N’allez surtout pas lui dire qu’il est le précurseur du Light Painting, cette technique consistant à déplacer une source de lumière devant un appareil photo au long temps d’exposition. La photographie obtenue révèle ainsi toutes les traces lumineuses. Cet art, dont les aficionados se comptent sur les doigts de la main, était déjà apparu dans une photographie de Man Ray en 1937. Quelques années plus tard, c’est Picasso qui en fera usage devant l’objectif de Gjon Mili .
Marko 93, lui, n’a fait que « le remettre au goût du jour ». D’autant qu’il aime rappeler la racine grecque du mot « photographie » : peindre avec la lumière. A 37 ans, Marko a l’humilité d’un vieux sage et la curiosité d’un enfant de dix ans.
Améliorer son art avec des rencontres
Les défenseurs de la barrière entre art noble et art populaire auront affaire à Marko: Il refuse toute catégorisation du Light Painting. Lui, est parvenu à mêler « la peinture de lumière » à l’art de rue en intégrant le graff et la danse hip-hop dans ses photos. Tous les univers lui vont et il adore briser les barrières pour métisser encore et toujours plus.
L’art, il y aurait pu y parvenir par son école de pub dans laquelle il était classé deuxième la première année, puis « deuxième en partant du bas » la deuxième année. L’atmosphère de l’école, ce n’était pas pour lui: « je ne sais pas me vendre ! », plaisante t-il aujourd’hui. Son savoir-faire, Marko l’a en fait construit avec des rencontres. « Être en symbiose avec les gens », c’est ce qui compte pour lui. Drogué du voyage, il a plusieurs fois fait le tour du monde en quête d’inspiration. Amateur de « calligraphie mongole », c’est bien entendu l’Asie qui l’a le plus marqué. Le temple d’Angkor Vat l’a fait vibrer jusqu’aux tripes lorsqu’il s’y est enfermé toute une nuit pour prendre des photos et y laisser sa trace, le temps d’un flash.
Quelques photos de Marko:
Des cours dans les favelas de Rio
Un moteur dans les jambes et dans la tête, Marko n’a pas le temps de s’arrêter. Son leitmotiv: « Regarder toujours devant soi ». Pour lui, sa plus belle photo, « elle viendra demain », même s’il admet à demi-mots avoir un faible pour celle des petits Brésiliens prise en haut d’une favela à Rio.
Toujours « laisser quelque chose et ramener autre chose », c’est ce qu’il se dit à chaque aventure, dans chaque continent où il met les pieds pour la première fois. Troquer son art en le faisant partager contre un peu de sympathie, de chaleur et de magie qu’il ramènera à Saint-Denis. Et aussi laisser sa trace, à un moment donné, sans marquer définitivement les murs par son passage comme il aimait le faire avec les graffitis.
Le Light Painting, il ne veut surtout pas le garder rien que pour lui. Son vœu le plus cher serait que cet art se développe. Que chacun s’en empare et dépasse les limites de la photographie en lumière. « On est au début d’un nouveau chapitre », sourit-il. Éveiller des vocations là où son objectif passe, « allumer des p’tits foyers un peu partout dans le monde », voilà une mission qu’il a accomplie dans les favelas de Rio où il a pu donner des cours. Son prochain projet c’est au Mexique qu’il le développera.
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Le Light Painting expliqué par Marko
Source: Lisa Serero | StreetPress
Crédits photos: Marko 93
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