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    15/09/2011

    Malgré « les caïds » et les suppressions de poste, il y en a qui ont toujours la foi

    Pourquoi Justine, 24 ans, rêve toujours de devenir prof

    Par Marie-Charlotte Duluc

    Sur StreetPress, Justine explique pourquoi elle croit toujours «au plus beau métier du monde». Pourtant le job de prof est devenu aussi affriolant que celui des maton. «Quelque part, je dois être un peu maso».

    Des points noirs enlaidissent le beau visage de la rentrée scolaire 2011. Les boutons se nomment suppressions de postes, classes surchargées dans le public et le privé, salaires qui stagnent; Autant de problèmes que certains profs préfèrent fuir en démissionnant. Pourtant, des étudiants rêvent toujours de devenir enseignants. Comme Justine qui, petite, jouait déjà à la maitresse.

    A 24 ans, la jeune femme a gardé une fascination pour la craie et le tableau noir. Étudiante dans le tout nouveau Master Métiers de l’enseignement, elle prépare pour la seconde fois le Capes d’Histoire-Géographie. « L’envie d’enseigner, je ne sais pas vraiment d’où elle vient. Je suis très curieuse, j’adore apprendre et aussi faire apprendre : le professorat m’est apparu comme une évidence ».

    Avec les grèves, les gens nous prennent pour des grognards. Pourtant, on manifeste pour leurs enfants

    Prends ça Luc Chatel Râleurs, feignants, autoritaires… Les clichés sur les profs se déclinent à l’imparfait. 

    « L’image des profs est mauvaise. Entre les vacances et le salaire, on est forcément des paresseux ! Avec les grèves, les gens nous prennent pour des grognards. Pourtant, on manifeste pour leurs enfants ! » Les congés, la paye, le temps libre, « c’est important mais ce n’est pas l’essentiel. Ce métier je le choisis par passion, pas pour les avantages ».

    Justine n’est pas naïve. En quatre ans, 60.000 postes d’enseignants ont été supprimés. Les classes sont de plus en plus surchargées, jusqu’à 32 élèves en maternelle, comme à Lège-Cap Ferret. Et la réforme de la formation des enseignants fait grincer des dents. « Le Master métier de l’enseignement est une vaste hypocrisie. Pendant les stages, des étudiants qui n’ont jamais mis les pieds dans une classe se retrouvent à donner des cours ! » Pour l’étudiante, ces choix sont catastrophiques. 

    « La logique de l’Education Nationale est devenue purement comptable. Je veux être prof, mais tout est fait pour briser les vocations ! »


    2 ans de travail, 15 liasses d’archives et un mémoire sur la répression des vagabonds sous l’ancien régime…

    Sales gosses Trois jours par semaine, Justine délaisse ses bouquins et ses fiches de révision pour retrouver « ses collégiens ». Depuis un an, elle est assistante d’éducation dans un collège rural, en Normandie. Surveillante, un métier plutôt ingrat : « Il faut assurer la discipline, faire respecter les horaires, avoir les gamins à l’œil en permanence… Mais on est vraiment avec les enfants, on vit en quelque sorte avec eux. C’est un super test pour l’autorité ! »

    Souriante, la jeune femme sait donner de la voix pour se faire respecter. « Avec les caïds, c’est l’autorité naturelle qui joue. Les collégiens ont du répondant, il faut en avoir aussi ». L’astuce de Justine: Passer des blagues aux coups de gueules.

    Dans son collège de campagne, Justine s’estime chanceuse. « Une amie en poste pour la première fois à Evry, dans l’Essonne (91), m’a dit après sa première semaine de cours “ Je t’appelle bientôt, d’ici là je vais essayer de survivre “… On sait que les premières années seront dures, qu’on ira au casse-pipe en banlieue parisienne. Être prof, c’est tout sauf le monde des Bisounours ! »

    Quelque part, je dois être un peu maso

    Masochisme L’Éducation Nationale ?  « Pour rien au monde je n’y retournerai ! », « Les profs sont devenus de vagues techniciens d’apprentissages. L’école c’est un lieu de sanction, certainement pas un lieu d’éducation et de découverte » confiaient Julie et Fabrice, enseignants démissionnaires à Libération le 7 septembre dernier. Alors Justine, prof c’est toujours le plus beau métier du monde ?  « Le plus beau je ne sais pas. Pour moi, c’est mon plus beau métier du monde, même avec toutes ses difficultés. Quelque part, je dois être un peu maso » ajoute t-elle en rigolant. La voilà l’explication !

    En 2011, elle tentera de passer le CAPES pour la deuxième fois : « Si je ne l’ai pas je crois que je repasserai le concours une troisième fois. Honnêtement, je ne sais pas ce que je pourrais faire d’autre. Prof, j’ai l’intuition que je suis faite pour ça  ».

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