En ce moment

    13/06/2011

    « Malsain l'assassin » parle autocritique, révolutions arabes et Booba

    Sinik: « Je ne sais pas si t'as remarqué mais je m'en bats les couilles des critiques ! »

    Par Samba Doucouré

    Après son album Ballon d'Or avec lequel «il n'a eu que des poisses» Sinik sort Le côté malsain un street album qui doit «boucler la boucle». Avec toujours le même flow: «C'est une marque de fabrique donc t'aimes ou t'aimes pas y'a pas de souci».

    Quel bilan tires-tu de ton dernier album Ballon d’Or ?

    Ben dernier album, mitigé hein je vais pas te mentir. On s’attendait quand même à mieux, je vais pas me cacher derrière de fausses excuses. Dans la vie, on a que ce qu’on mérite donc si il a moins bien marché c’est qu’on l’a moins bien travaillé. Quand c’est comme ça, faut se regarder dans le miroir, se remonter les manches et repartir au charbon. Il y a eu quand même des bonnes choses, on a tenté des trucs qui sont plus ou moins bien passés mais il y a pas de regrets à avoir. Je pense que « Adrénaline » a pas très bien marché, « Dangereux » non plus, par contre le morceau avec Soprano était assez différent notamment au niveau du flow, beaucoup plus accéléré et ça a bien marché. En tout cas je pense que c’était le bon moment pour tenter d’autres choses donc si c’était à refaire, on le referait.

    France Football a porté plainte pour l’utilisation de l’appellation « Ballon d’Or », comment l’histoire s’est finie ?

    Par un procès et par une grosse amende. Je peux pas t’en dire plus malheureusement … mais pas très bien on va dire. Je vais pas te dire les chiffres parce que j’ai pas envie de remuer le truc ou quoi mais c’est une somme importante. Après ça nous apprendra voilà. Avec cet album, on a eu que des poisses même sur le titre.  

    Boule de cristal

    « Frère, mon ballon d’or était une frappe dans la tribune » explique nous cette phrase issue du nouveau projet Le côté malsain

    C’est de l’autocritique. Je pense que dans le rap, ça manque d’autocritique. Les gens croient qu’ils ont toujours raison mais moi je ne suis pas comme ça, c’est un petit tacle envers moi-même. Je ne me brosse pas dans le sens du poil quand ça marche mais je suis très dur avec moi, plus exigeant quand ça marche un peu moins bien.

    Tu ne trouves pas aussi que tu n’a pas assez fait de promo autour de ton dernier album Le coté Malsain?

    Le problème qu’on a eu avec cet album, c’est qu’on a changé de maison de disque. On est arrivé très tardivement chez Universal et tout s’est enclenché assez tardivement donc on n’était pas dans les bons timing par rapport aux morceaux, aux rotations, au clip etc. C’est des choses qu’il faudra corrigé s’il y a un cinquième album.

    Je ressens le besoin aujourd’hui de refaire des morceaux piano

    Récemment tu as posé dans le morceau de Sniper « Arabia remix », les révoltes arabes t’ont touché ?

    Bien sûr ça ma touché, je pense d’ailleurs qu’il n’y a pas besoin forcément d’être arabe ou pas. C’est quelque chose de très important qui est en train de se passer. A mon avis ce sera dans les prochains livres d’histoire dans quelques décennies. Puis en plus les gens savent que j’ai des origines algériennes et même si ça n’a pas touché directement l’Algérie, je me sentais quand même concerné par ce qui se passait là bas . Une révolution, c’est pas rien !

    Dans tes premiers albums tu ne faisais pas référence à tes origines. Est-ce que tu en a eu marre d’être « le babtou du rap français » ?

    Non, non pas du tout et je vais même te dire plus. Au début si je ne l’ai pas dit c’est que je savais que les gens me considéraient comme un français uniquement et je m’en foutais. Du jour au lendemain, on m’a proposé de faire Raï’n‘B qui est un projet essentiellement « rebeu » et je me suis dis que j’allais raconter un voyage au bled et c’est parti de là. Après j’ai grandi et je me suis dit : « écoute vas-y mon frère, t’as vu, y’a pas de raison de se cacher et puis voilà mon frère, tu t’appelles Thomas, tu t’appelles aussi Idir, faut assumer ce que tu es ! ». Je m’invente pas une vie, je suis ce que je suis, c’est tout.

    C’est quoi le côté malsain ?

    C’est un côté de l’écriture qui est beaucoup plus tranchant et moins réfléchi que sur certains albums. Voilà, « Malsain l’assassin » c’est un surnom qu’on me donnait quand je participais aux battles dans mon quartier des Ulis, quand je faisais les « dégaine ton style » tout ça quoi et c’est le côté tranchant, beaucoup plus cash, de ma personnalité. J’ai un petit dédoublement et ça c’est le côté méchant.

    Ce projet sonne comme un retour aux sources pour toi

    C’est revendiqué hein. Entre le premier street album et celui là, il y a eu quatre albums, donc on a fait de la route quand même. On a tenté d’autres trucs, on a pu aller sur d’autres terrains etc.. Je pense que arrivé un moment, t’as toujours envie de revenir quelque part, à ce que tu faisais au départ.

    Tu rappais mieux avant ?

    Non non, c’est pas une question de rapper mieux ou quoi, c’est que je ressens le besoin aujourd’hui de refaire des morceaux piano, des sons comme « Boule de Cristal », des titres qui parlent de l’actualité… Si tu analyses tous les artistes en général, il y a toujours un moment où tu commences avec un délire et tu vas essayer de tenter d’autres machins mais il y’ a toujours un album où tu reviens vers tes fondamentaux. Et moi, c’est celui-là.

    Mais c’est pas contradictoire avec le fait de vouloir passer à autre chose?

    Non, là, pour moi, on a bouclé la boucle. J’arrête pas de dire que s’il y a un cinquième album derrière, les compteurs seront remis à zéro, créer quelque chose de nouveau et ça sera vraiment un gros défi et c’est pour ça que ça m’intéresse.

    Tu parlais de ton côté malsain, ça te dirait de faire un album avec ton côté gentil ?

    Ouais pourquoi pas t’as vu ! Pour le prochain album, c’est clair que ce ne sera pas aussi « énervé » que sur le street mais voilà après c’est à moi de trouver des trucs, des bonnes thématiques et tout mais quelque part le côté malsain sera toujours là. Après il y a des morceaux où on varie un peu plus.

    J’ai lu que tu en avais fini avec les clashs mais pourtant dans ce CD tu remets « l’homme à abattre », le fameux clash contre Booba

    Ben c’est un morceau que les gens ont aimé, pourquoi on le remettrait pas celui là plutôt qu’un autre? Si je voulais rajouter une couche j’aurais refait un nouveau morceau t’as vu ? Là, il existait déjà donc c’est pas pour reclasher ou quoi, le morceau il correspond à la demande, on le remet dedans mon frère c’est tout.

    Est-ce que tu vas faire un effort pour changer ton flow au vu des nombreuses critiques à ce sujet?

    Moi, je ne sais pas si t’as remarqué, mais je m’en bas les couilles des critiques ! Je pars du principe que si les gens, ils ont un meilleur flow, qu’ils viennent me le prouver mais pour l’instant ils sont là, ils ont rien fait, ils vendent des cacahuètes ! Donc voilà, c’est ce que je dis dans un morceau : « Au lieu de parler de mon flow, taffe le tien ! ». C’est une marque de fabrique, donc t’aimes ou t’aimes pas y a pas de soucis mais si je refais un album je referais pareil même si j’évolue. Je ferai ce que j’ai envie de faire mais jamais de ma vie, je me baserai sur des gens qui sont haineux pour faire de la musique ! J’ai arrêté de parler avec les gens qui jouent les maîtres.

    Jamais de ma vie, je me baserai sur des gens qui sont haineux pour faire de la musique !

    bqhidden. On est arrivé très tardivement chez Universal, on n’était pas dans les bons timing par rapport aux morceaux, aux rotations, au clip etc.

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€ 💪
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER