Paris – 1er juin. Il est 14h50 ce mercredi 1er juin quand dix militants du Collectif des déboulonneurs ressortent du 246 boulevard St Germain, adresse du ministère de l’écologie. Lassés par six mois de correspondance pour se faire recevoir, ils ont décidé d’investir directement le bâtiment public…sans résultat. La ministre, Nathalie Kosciusko-Morizet ne les recevra encore pas aujourd’hui. Leur revendication : « Une remise à plat complète du décret d’application du Grenelle II », sur les enseignes publicitaires, qui pour eux a été dicté par le grand afficheur en chef JC Decaux.
Depuis 2009, avec le soutien des associations Paysage de France et de Résistance à l’agression publicitaire, ils ont pu rencontrer Marie-Claire Daveu, la dir’ cab’ de la ministre, dans le cadre du Grenelle II. Au départ, tout allait bien et les concertations ont eu lieu. Avant que cela ne se gâte : « C’est quand même dommage, on a joué le jeu de la protection de l’environnement, souligne Charlotte Nenner, la présidente de RAP, mais on n’aurait pas dû. Cette concertation s’est retournée contre nous. En fait, il n’y aurait pas dû y avoir de Grenelle, on s’en serait mieux tirés ! Et c’est toute la loi de 1979 qu’on aurait dû refonder. Là, c’est du bricolage ! » s’énerve-t-elle.
Pas de réaction du côté du ministère de l’environnement, puisque, contacté par StreetPress, le cabinet de la ministre n’a pas souhaité répondre à nos questions.
La bande du Fouquet’s ? Si l’on s’en tient aux militants antipubs croisés devant le ministère la semaine dernière, tout vient du lobby de la réclame. Ils s’appuient sur un article du Canard Enchaîné du 1er juin, et dénoncent les conflits d’intérêts entre JC Decaux, membre de la « bande du Fouquet’s » comme le nomme le volatile le plus célèbre de France, et les pouvoirs publics.
Un ministère « sous pression » Dans l’article du Canard, le ministère reconnaît « être sous pression » sans en dire officiellement plus. Dans les faits, le texte qui n’est pas encore définitif porte sur les surfaces des enseignes publicitaires. Le classique 4 par 3, d’une surface de 12 m² devait être la limite autorisée. Le décret d’application prévoit 50 m² dans les zones aéroportuaires… L’installation d’enseignes lumineuses aurait dû être stoppée… Mais en fait non ! Et les ravalements de façade pourront désormais faire appel à la réclame pour « décorer » les bâches de protection le temps des travaux.
Pub = croissance Bref, les associations concertées font la tronche : « Et le pire, c’est qu’à l’origine, les afficheurs et le ministère ne nient pas le caractère polluant de la publicité. Mais ils ajoutent qu’il faut le concilier avec une activité économique » précise Charlotte Nenner. Nicolas, du Collectif des déboulonneurs, est plus direct « Quand on en parle à Bercy (le ministère de l’économie et des finances, ndlr), ils s’insurgent en disant que si on touche aux bâches et aux écrans lumineux, on touche à un potentiel de croissance énorme ! » CQFD.
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En fait, il n’y aurait pas dû y avoir de Grenelle, on s’en serait mieux tirés !
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