En arrivant à Nantes ce samedi midi, « 107.7 FM Vinci Autoroute » faisait le point sur la situation en Ukraine et d’autres titres d’envergure nationale. A aucun moment il n’est question de la manifestation anti-aéroport Notre-Dame-des-Landes, dont Vinci a remporté l’appel d’offre, prévue une heure plus tard.
Erreur en a pris à l’animateur. Car ce qui devait être une manifestation festive dans le fief du Premier ministre Jean-Marc Ayrault s’est transformée, au bout d’à peine une heure de défilé, en une guerilla urbaine.
Un nouvel aéroport? Quelle blague!
Peace Tout avait commencé de manière calme et débonnaire. 500 tracteurs venus de tout le grand ouest par l’autoroute défilaient joyeusement. A côté d’eux, des clowns, tout de leur nez rouge vêtus, ironisaient sur la farce que la construction du nouvel aéroport représente pour eux.
Mais voila. A 14 heures, le cortège s’amasse sur le Cour des 50 otages, le cœur névralgique de la capitale de Loire-Atlantique. La veille, la préfecture avait refusé le parcours proposé par les organisateurs : interdiction de passer dans l’hyper-centre. Devant eux, se dresse désormais de longues palissades de fer qui cache, peu, une armada de CRS et des canons à eaux.
Certains interprètent l’importance du dispositif policier comme une provocation.
Parcours Pour les black blocks, cette pléthore de casques et de matraques, c’est un signe de provocation. Ils n’attendaient que ça pour balancer leurs bouteilles de verre et fracasser du mobilier à coups de marteaux.
Pendant ce temps, l’autre partie du cortège, la grande majorité tout de même, se rendait à 500 mètres de là, boire un coup, écouter les discours et se réunir pour dire « non à l’Ayraultport ». Dans un joyeux bordel, la manifestation, qui comptait entre 10.000 et 50.000 participants, prenait son temps.
Ils étaient entre 10.000 et 50.000 à défiler.
Fight A 15 heures, la tension monte d’un cran. Une fumée blanche annonciatrice de lacrymogènes apparait sur le Cour des 50 otages. Des yeux qui pleurent. Des veilles dames qui crachent, des ripostes aux grenades de gaz. Les bouteilles en verre pleuvent. Les bombes au poivre tombent du ciel, là où l’hélicoptère de police stationne. Des pavés sont arrachés. Des lances à eau font voler les manifestants. Les black blocks détruisent les vitrines des commerçants. Ils réussissent également à ouvrir une brèche dans le cordon de CRS, vite colmaté. A 200 mètres de là, dans une rue étroite, les barricades flambent, les tirs de flash-ball sont soutenus. Les yeux sont rouges. Les gorges et les esprit, irrités.
« Attention les gars, il reste un tracteur devant », lance un agriculteur aux énervés masqués. S’il est pour la contestation, il ne veut pas que cette journée tourne au carnage. Entre les « Ayrault, facho, on aura ta peau ! » scandé à tue-tête et « les bâtards, ils se font plaisir avec les lacrymos », le serum physiologique, qui stoppe l’irritation des gaz, passe mains en mains. Ils s’enlacent, courent, provoquent.
« Les bâtards, ils se font plaisir avec les lacrymos »
Astérix Au bout d’une heure à ce rythme, seuls quelques irréductibles se confrontent encore à une armée, dont les boucliers sont maculés de peinture. Dans une avenue parallèle, les CRS avancent petit à petit , tandis qu’un engin de chantier brûle. Les clowns, tout à l’heure si joviaux ont la peau tirée derrière leur maquillage et des larmes coulent. Mais en joyeux drilles qu’ils sont, ils n’hésitent pas à parader devant leurs ennemis, qui ne sont pas que ceux d’un jour.
Durant toute la manifestation, des responsables politiques condamnaient la casse comme Patrice Lebouquin, élu écologiste : « On n’est pas venus pour qu’il y ait ce genre d’incidents. Ca dessert la cause alors qu’on sait qu’on a raison. » D’autres, des citoyens pour la plupart, considèrent que la provocation venait du déploiement de forces de l’ordre, qui ne pouvaient qu’attiser les violences.
Seuls quelques irréductibles se confrontent encore à une armée.
En fin de soirée, trois voitures brulaient encore dans le centre et 300 acharnés ne souhaitaient pas finir leur idylle avec les CRS.
Un jet d’eau aura finalement raison de l’appareil photo de notre journaliste.
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