La france prône l’interdiction totale du commerce international du thon rouge
« Des femmes et des hommes vont se retrouver à la rue ». Mercredi, Mourad Kahoul, président du Syndicat des thoniers méditerranéens, sort abasourdi de son entretien avec le ministre de l’agriculture et de la pêche. Le gouvernement lui a confirmé officiellement que la France prenait position pour l’interdiction totale du commerce international du thon rouge.
Un millier d’emplois vont disparaître. Et ce « parce que des ONG ont des bailleurs de fonds derrière qui paient et qui financent tout ça », nous dit-il : « les écologistes ont plus de pouvoir et sont plus respectés que les pêcheurs. » Pour M. Kahoul, l’espèce menacée ce n’est pas le thon mais le pêcheur.
Kahoul cite l’Ifremer, mais sans donner les bons chiffres
Pour se défendre, M. Kahoul cite l’Ifremer (Institut de recherche français pour l’exploitation de la mer) : « une étude scientifique montre qu’il y a du thon. Le stock n’est pas menacé. Il a pu l’être il y a 5-6 ans. On ne tient pas compte de ces études et on fait passer les pêcheurs pour des bandits ». Il se base en fait sur une campagne d’observation du thon rouge dans le golfe du Lion effectuée à l’été 2009. « On a effectivement constaté qu’il y a avait plus de thon qu’en 2003, nous répond l’Institut par téléphone. Mais des données comme celles-ci, issues d’une zone de pêche bien précise ne suffises pas à établir un diagnostique. C’est encourageant mais ça ne remet pas en question toutes les études scientifiques. Le stock est toujours surexploité. Il y a une nécessité de mettre en place des gestions adaptées et partagées par l’ensemble des pays qui pêche cette ressource. »
« 2 à 3 fois le potentiel de production du stock »
La surexploitation est pourtant réelle. Selon l’Ifremer, environ 50 000 tonnes de thon rouge sont pêchées par an. Ce qui représente 2 à 3 fois le potentiel de production du stock actuel. Celui-ci a baissé en Méditerranée de plus de 74% de 1957 à 2007 – dont près de 70 % au cours des dix dernières années. L’hypothèse d’un effondrement du stock dans un futur proche ne peut plus être écartée.
La France et le thon, pas toujours une histoire d’amour.
La France a décidé de soutenir la principauté de Monaco qui s’est prononcée en faveur de l’inscription du thon rouge à l’annexe I de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites). En septembre, l’opposition de plusieurs pays de pêche, dont la France, avait empêché l’Europe de se prononcer en faveur de la proposition de Monaco.
Source: Marie Molinario / StreetPress
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