Aabas Interactive propose des services comme la ligne des colonies de vacances ou bien le téléphone du Père Noël. Elle s’attaque aujourd’hui à un terrain plus glissant : la confession. En tapant 2, vous pourrez vous confesser, vous pouvez même enregistrer et rendre publique cette confession que les auditeurs pourront écouter en tapant 3. « Le fil du seigneur » ne va pas se faire des amis parmi les institutions religieuses. Nous avons interrogé les deux partis.
Aabas Interactive propose des services comme la ligne des colonies de vacances ou bien le téléphone du Père Noël
Camille Hautier, conceptrice de la ligne « Le fil du seigneur » pour la société Aabas Interactive, qui crée et héberge des serveurs vocaux et autres services en ligne depuis 1995.
La confession, ce n’est pas réservé aux prêtres ?
Dans cette confession, ce n’est pas un prêtre qui vous parle et on ne donne absolument pas l’absolution. On n’a pas le droit. L’idée c’est vraiment de se confesser directement à Dieu. On a consulté un ami prêtre, qui a écouté le service et qui a dit : ‘Bon, c’est une confession atypique mais c’est possible’. C’est vraiment dans le cadre de petits péchés du quotidien. Il y a des péchés qu’on ne peut confesser qu’à un prêtre, même dans certains cas qu’à un évêque.
Se confesser directement à Dieu, on peut le faire seul.
C’est vrai qu’on peut le faire seul, mais c’est pour créer une ambiance, un peu comme quand vous allez à l’église. Il y a des prières, on peut dire des Je vous salue Marie… On créé une atmosphère un peu pure, une ambiance de recueillement. C’est un peu le même principe que de suivre la messe à la télévision.
Comment vous est venue cette idée ?
J’ai eu l’idée car quelqu’un de ma famille qui est croyante et pratiquante a eu un accident et ne pouvait plus se déplacer. C’était il y a deux ans. Et puis on manque vraiment de prêtres, c’est un vrai problème.
Pourquoi donner le choix de rendre sa confession publique ?
La confession publique ça se faisait. C’est vraiment pour ceux qui ont envie de partager leurs péchés. Mais bien sûr on écoute avant de les mettre en ligne. On enlève les propos sulfureux, racistes. On en a enlevé un par exemple qui tenait des propos un peu roses…
Il n’y a pas un petit coté voyeurisme ?
Ça c’est un choix.
Camille Hautier
Épouse du directeur d’Aabas
““J’ai eu l’idée car quelqu’un de ma famille qui est croyante et pratiquante a eu un accident et ne pouvait plus se déplacer”
“On enlève les propos sulfureux, racistes”
Monseigneur Bernard Podvin, porte-parole de la conférence des évêques de France
Est-ce possible de se confesser par téléphone ?
L’Église catholique en France ne donne absolument pas son aval à cette proposition et elle dit que ce n’est pas admissible. La confession ce n’est pas cela. Elle est confiée exclusivement au prêtre et a un caractère sacré. Le problème n’est pas dans l’importance du péché, il est dans la rencontre, dans la relation avec quelqu’un qui partage, au nom de l’Église catholique, au nom du Christ, le pardon.
Là, il s’agit d’une voix enregistrée qui aide à se confesser…
La machine, aussi perfectionnée soit-elle, ne remplace pas la personne. La confession en ligne dénature la confession. Prier Dieu, lui demander son aide, tout croyant peut le faire. Mais ce n’est pas la même chose. Et puis le fait de devoir payer est intolérable. La confession ne s’achète pas. L’écoute, par téléphone oui, pas la confession.
Comment se passe une vraie confession ?
C’est en fonction du besoin de la personne. Dans l’organisation d’une confession, on prend le temps de la rencontre, de la prière, d’écouter un passage de la parole de Dieu, de l’évangile et la personne confie ce qu’elle veut confier au prêtre. Le prêtre donne quelques conseils et il donne le sacrement du pardon.
Un prêtre leur aurait pourtant dit : “pourquoi pas”…
Il est invraisemblable que ce prêtre ait pu dire ça. Aucun prêtre ne peut accepter cet aspect téléphonique. Ce n’est pas possible.
Donnez-vous des confessions à domicile ?
Les prêtres sont disponibles pour confesser les personnes qui en ont besoin dans les lieux où elles se trouvent. Le déplacement du prêtre est très fréquent.
“Le fil du seigneur” propose d’écouter les confessions des autres, qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas tolérable. La confession fait partie du secret des cœurs. Ça fait partie de son engagement, le prêtre doit tenir le secret de confession. Dans l’histoire de l’Église, la confession publique c’est une chose qui a eu effectivement son existence (La confession privée a été rendue obligatoire par l’Église en 1215). Mais on est en 2010. Et on n’a pas le droit d’utiliser le cœur des gens pour je ne sais quelle opération Internet.
“La confession est confiée exclusivement au prêtre et a un caractère sacré”
“Le déplacement du prêtre est très fréquent”
Source : Marie Molinario / StreetPress
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