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    06/02/2012

    Après la drum'n bass, le dub, le jazz, le hip-hop, les Lyonnais reviennent avec un album... pop !

    Psychostick du Peuple de l'Herbe: « Le terme pop n'est pas péjoratif »

    Par Olivier Fourny

    Sur StreetPress N'zeng explique la recette de la longévité du Peuple de l'Herbe: «Tout est une question de temps pour arriver à tes fins». Leur dernier album s'appelle d'ailleurs A Matter Of Time avec pour la première fois des textes en français.

    Ça fait maintenant quinze ans que le Peuple de l’Herbe existe. Est-ce que le temps a fait évolué votre musique ?

    N’zeng: Tout est une question de temps pour arriver à tes fins que ce soit dans la construction des morceaux ou dans la façon de travailler. On a énormément évolué parce que le groupe est parti d’une histoire de D.J, après Psychostick et moi sommes arrivés, plus tard, Stani a quitté le groupe et Spagg est arrivé, les MC sont venus se greffer. Les évolutions, c’est les aspirations du moment donc c’est vrai que sur 15 années il y a de quoi faire. C’est ce qui je pense la richesse et la diversité de notre musique.

    Et depuis « Tilt », votre dernier album, quelles influences sont venues se greffer ?

    Spagg: Depuis Tilt, le groupe a muri. Parce qu’il y a eu une tournée qui nous a permis de vivre de nouvelles choses ensemble. Maintenant, on a un nouvel album et on va pouvoir le défendre sur scène.
    N’zeng: Niveau influences, Tilt était peut être un peu plus marqué par une inspiration assez rock. Là, des gens nous ont fait remarquer qu’on utilisait l’énergie rock mais en rajoutant des influences différentes. C’est-à-dire qu’ on garde l’énergie car c’est important – on aime bien le côté scénique, mais en réinsérant ou en poussant plus loin toutes ces influences comme la funk.
    Psychostick: Il y a ça et le côté « pop » entre guillemets. C’est pop pour nous mais peut-être pas pour d’autres. Il y a beaucoup de mélodies aussi.
    Spagg: Et beaucoup de morceaux chantés.
    Psychostick: On a joué basse, batterie, clavier et les choses sont venus naturellement. Comme pour le morceau « Mars » où il y a ce riff de clavier qui est utilisé un peu comme une guitare.
    N’zeng: On a utilisé des amplis guitare pour passer les sons dedans.
    Psychostick: Avec une ambiance un peu plus ludique, un peu plus légère.
    N’zeng: Il y avait une sorte de volonté de retrouver un côté simple des arrangements. C’est-à-dire ne pas mettre trop de couches, que les choses arrivent les unes derrières les autres. On n’a pas envie de se répéter, au risque de peut-être décevoir des gens, mais au moins on continue à explorer des choses. Le groupe se retrouve avec une nouvelle mission qui est d’accompagner des chanteurs. C’est un nouveau travail. Il faut faire de la place pour que le chant existe. Au départ c’est vrai qu’on est un groupe instrumental, c’est intéressant.

    Mars – Le Peuple de l’Herbe

    On n’a pas envie de se répéter, au risque de peut-être décevoir des gens

    Le groupe se retrouve avec une nouvelle mission qui est d’accompagner des chanteurs

    Vous semblez réticent à parler de pop. Est-ce que pour vous c’est un terme péjoratif?

    Psychostick: Non le terme pop n’est pas péjoratif. Quand on entend pop, c’est forcément acidulé ou fait pour passer en radio. Ça catalogue vite.
    N’zeng: Notre démarche n’était pas d’être plus facilement diffusés.

    Psychostick: Dans le sens populaire avec des morceaux plus accessibles pour des oreilles un peu moins initiées. Et puis des mélodies que tu entends et que tu fredonnes limite dans l’instant d’après.
    N’zeng: Et c’est vrai que quand t’as un featuring avec une voix féminine comme sur le morceau « Mars » ça ramène forcément à une construction pop. Mais je crois qu’on essaye toujours de ramener notre patte.  Par exemple, ce morceau n’est pas construit comme un couplet-refrain basique, il y a trois parties et ça finit dans un tempo complètement dédoublé avec des sons à la limite du dub alors que le morceau était plutôt rock. En tout cas on ne s’empêche rien. C’est peut-être une réaction avec le recul envers « Tilt » et « Radio blood money » qui ont une ossature plus dense. On avait besoin que ça respire de nouveau comme ça a été le cas sur nos premiers albums.
    Psychostick: Pop mais pas formaté. Dans ce sens là quoi.

    Sur votre album, il y a Marc Nammour qui vient poser sur le morceau « parler le fracas ». On avait souvent entendu des samples de phrases en français mais jamais de morceaux complètement en français

    N’zeng: C’est vrai que c’est un petit peu nouveau pour le groupe ou le public, a part ce morceaux assez délirant avec les Svinkles. Après avoir entendu La Canaille, c’était naturel qu’il vienne sur ce morceau. On s’est dit que les gens captent peut-être pas toujours les textes que vont écrire JC et Sir Jean. Et la finesse d’écriture de Marc Nammour nous a parue super judicieuse.

    L’interview en vidéo

    On aime bien ce côté écorché de Casey, ça tape dans le mille quoi

    J’ai ressenti des similitudes avec Casey dans le projet Zone libre au niveau du phrasé

    N’zeng: C’est chouette que tu soulignes ça. C’est vraiment un des groupes qui nous ont interpellés cette année. On l’a rencontrée dans un festival il y a déjà quelques années à Bègles et on aime bien ce côté écorché, ça tape dans le mille quoi. Bonne référence.

    La scène, ça reste quand même un de vos domaines de prédilection

    Psychotik: La scène, c’est un mélange d’appréhension et d’excitation. L’appréhension d’aborder la scène, de savoir s’il y a des gens en face, si les gens vont venir au concert et apprécier les nouveaux morceaux. Et en même temps l’excitation de pouvoir les jouer ces nouveaux morceaux. Parce qu’on considère que la musique est avant tout faite pour être jouer devant des gens, avant d’être enregistrée sur des supports. Donc c’est là que les morceaux prennent tout leur sens et peuvent des fois partir dans des évolutions qui ne sont pas attendues. Ils évoluent au fur et à mesure des concerts. Le set évolue aussi. En fin de tournée, on a envie de retourner en studio pour faire des nouveaux morceaux. Et puis à mesure que l’on est en studio, on a envie de retourner sur scène pour les jouer et essayer de fédérer le public autour.

    Dans l’électro il y a eu pendant un moment un côté trop paillette qui nous parlait un peu moins

    Quand vous étés en studio, est-ce que vous pensez à l’aspect scène?

    Spagg: Pas toujours, ça dépend des morceaux
    N’zeng: C’est vrai que le lien entre la scène et la composition n’est pas toujours si clair parce qu’on fait d’abord parler nos envies et après on voit si ça s’adapte facilement. Il y a des morceaux où c’est assez naturel. Je pense à un morceau comme “Let us play”, on savait qu’il y aurait pas besoin de beaucoup d’adaptation.
    Spagg: Par contre, d’autres morceaux ont été presque complètement programmés et il faut alors réfléchir à comment les adapter.
    N’zeng: C’est vrai que l’aspect scénique a toujours été très important pour le groupe mais d’une certaine manière on n’avait pas trop le choix parce que quand on a démarré, on ne faisait que de l’instrumental. Pour défendre le truc, on y allait à l’énergie et c’est devenu assez rapidement un truc essentiel. Il n’y avait pas encore de MC pour aller vers les gens.

    Avec le Peuple en studio

    Qu’est-ce qui vous avez marqué dans la scène electro française de ces dernières années ?

    N’zeng: Il y a eu pendant un moment un côté trop paillette qui nous parlait un peu moins. Maintenant il y a des choses intéressantes. C’est que nous on a eu cette culture un peu drum n’ bass qui revient par le côté dubstep, notamment Chateaubriand qui font des choses vraiment intéressantes. Il n’y a pas qu’en Angleterre qu’on peut trouver des choses qui sortent du lot. Après, c’est pas des trucs spécifiquement français qu’on écoute.
    Psychotik: Et on n’est pas non plus des spécialistes de l’electro même si on peut nous cataloguer comme un groupe electro.

    « Maison en dur » est quand même devenu un morceau électro de référence

    N’zeng: C’est vrai que « Maison en dur » est un morceau clairement électro qui se rattache à ce qui nous entourait à l’époque comme les Chemical Brothers ou ce genre de chose.

    Pas mal de personnes ont du mal à suivre certaines de vos évolutions. Comment vous réagissez par rapport à ça?

    N’zeng: T’as des gens qui ont aimé une certaine période et après une autre.  Depuis le début, on ne s’est jamais trop posé la question de savoir si on allait décevoir ou pas. Enfin c’est sur: T’es attentif à ça, mais peut être qu’ils leur faut plus de temps pour apprécier… Justement « A matter of time », il faut peut-être qu’ils aient le temps de le digérer. Des gens nous ont dit récemment que Radio Blood Money, ils ont commencer à le sentir que deux ans après.
    Spagg: Jusqu’à maintenant, seulement deux morceaux sont sortis et on part en tournée la semaine prochaine. Donc on saura ce que les gens en pensent réellement que dans quelques temps.

    bqhidden. C’est pop pour nous mais peut-être pas pour d’autres

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