Rue Kléber, Paris 16ème – Ce mardi 23 mai, quelques femmes grévistes de Vertbaudet et leurs soutiens se sont réunis devant le siège du groupe international propriétaire de la marque de puériculture, Equistone Partners Europe. « De notre entrepôt dans le Nord, on travaille pour ces gens-là. On veut leur montrer qu’on est déterminées », commente Manon Ovion, représentante syndicale CGT de Vertbaudet. Les 72 grévistes de l’usine Vertbaudet de Marquette-lez-Lille (59), principalement des femmes, sont en grève pour la première fois de leur vie depuis neuf semaines. Elles réclament une augmentation de leur salaire d’au moins 150 euros net et l’embauche d’intérimaires.
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« Votre lutte est symbolique de ce qu’il se passe quand le mépris de classe se cumule au sexisme », explique au micro Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, qui ajoute en aparté : « Manifester ici est évidemment une visibilité supplémentaire, mais aussi un moyen de montrer que nos interlocuteurs ne sont pas les RH locaux, mais bien le groupe dirigeant. » La veille, des représentants nationaux sont montés dans le Nord pour assister aux négociations. Mais comme chaque semaine depuis le début du conflit social, seules des primes ont été proposées, et aucune augmentation de salaire brut. Insuffisant pour Sophie Binet, qui publie ce matin une tribune de soutien dans Le Monde :
« Les ouvrières de Vertbaudet, par leur lutte exemplaire, montrent qu’elles ne se laisseront pas faire et qu’elles ont droit au respect. »
Des personnalités politiques, des associations féministes et des figures du monde artistique – dont Adèle Haenel et Corinne Masiero – signent cette tribune.
Ce mardi 23 mai, les femmes en grève de Vertbaudet et leurs soutiens se sont rassemblés devant le siège du groupe qui détient la marque de puériculture. / Crédits : Ines Belgacem
Une semaine difficile
Au micro, des femmes de groupes locaux de la CGT et de différents corps de métier se succèdent. « C’est une grève féministe, merci de tenir ce combat », « toutes les femmes qui travaillent dans la précarité devraient être entendues », « nous devrions toutes faire comme vous ». Anaïs Vanneuville, gréviste de Vertbaudet commente :
« Sans tout ce soutien, on ne pourrait pas continuer. Grâce à Sophie Binet et à toutes celles qui nous soutiennent, c’est un sacré coup de pression qui a été mis. »
La semaine dernière, deux soutiens ont été emmenés en garde à vue, le piquet a été démantelé par des CRS, qui ont violenté Claudia, une gréviste, comme l’a raconté StreetPress. Un autre aurait été frappé à son domicile. Les agresseurs, masqués, ne sont pas connus. Et six salariées ont été convoquées pour un entretien préalable. « Ça serait mentir de dire qu’on n’a pas eu peur. Mais on ne va rien lâcher », assure Anaïs Vanneuville.
La police a fait évacuer le piquet de grève.
— Inès Belgacem (@InesBgc) May 17, 2023
Les grévistes doivent récupérer leurs affaires et partir. Claudia aurait mis trop de temps.
« Le policier m’a attrapé au cou et m’a soulevé du sol. Je me suis sentie partir. Je manquais de souffle. » pic.twitter.com/7QJAZSM6ky
« Si d’ici vendredi soir [jour de la prochaine négociation] il n’y a pas d’accord de fin de conflit sur les revendications des grévistes, nous allons franchir un nouveau cap dans la mobilisation. Les 600.000 syndiqués de la CGT se mettront en action », menace Sophie Binet. La tribune publiée dans Le Monde va devenir une pétition, qui sera publiée en fin de journée. Le 14 avril dernier, sur le piquet de grève, elle avait promis de bloquer les magasins Vertbaudet de région parisienne :
« Pour des raisons de confidentialité des actions, je n’en dirai pas plus. Mais nous sommes aussi motivés que les grévistes de Vertbaudet. »
Les 72 grévistes de l’usine Vertbaudet de Marquette-lez-Lille (59), principalement des femmes, sont en grève pour la première fois de leur vie depuis neuf semaines. / Crédits : Ines Belgacem
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