Le 26 septembre 2019, un gigantesque incendie détruit l’usine de Lubrizol. 9.500 tonnes de produits chimiques partent en fumée et 8.000 mètres carrés de toiture en amiante se dispersent aux alentours. Des flammes immenses se dressent vers le ciel. Les vapeurs d’hydrocarbures et de produits chimiques s’engouffrent dans les caravanes stationnées sur l’aire d’accueil pour les gens du voyage. Les regards des médias se braquent sur ces quelques familles. Et la Métropole de Rouen Normandie promet de se pencher sur leur sort.
Promesse tenue, mais pas vraiment dans le sens attendu. Ce vendredi 29 janvier, Streetpress révélait que plusieurs familles étaient menacées d’expulsion. Dans l’après-midi, le maire socialiste de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol publiait un démenti :
« Il n’a jamais été question d’expulser les familles de l’aire d’accueil Rouen Petit-Quevilly. »
— Nicolas Mayer-Rossignol (@NicolasMayerNMR) January 29, 2021
Propos louables mais parfaitement mensongers, comme le démontre la requête (1) adressée par la Métropole au tribunal administratif de Rouen que StreetPress s’est procurée. Il y est écrit noir sur blanc « que la métropole Rouen Normandie demande au juge (…) d’ordonner (…) l’expulsion de » … suivi d’une liste de noms. Pire encore, la métropole insiste sur le caractère urgent de la démarche.
/ Crédits : StreetPress
Dans les coulisses de l’enquête
Autre détail piquant. Dans son communiqué, le maire de Rouen « déplore les allégations du média StreetPress, qui n’a pas attendu notre réponse avant de publier son article ». Drôle d’argument : notre journaliste a interrogé la Métropole la veille. À la demande de la collectivité, nous avons accepté de repousser de plusieurs heures la diffusion de l’article. Sans réponse sur le fond, nous avons finalement prévenu d’une publication à midi pile. Toujours pas de retour. C’est seulement quelques dizaines de minutes après la mise en ligne de l’enquête que la Métropole nous a fait parvenir sa réponse, qui a rapidement été intégrée à l’article.
Edit : lundi dans l’après-midi, nous apprenons par l’avocat des familles, Me Vincent Souty, que la Métropole Rouen Normandie se désistait « de l’ensemble des conclusions de la requête » et renonçait donc à sa demande d’expulsion.
(1) Il s’agit d’une « requête à fin de mesures utiles » rédigée par le cabinet EMO Avocats pour « la Métropole Rouen Normandie, agissant poursuites et diligences de son président en exercice, Monsieur Nicolas Mayer Rossignol », datée du 13 janvier 2021.
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