Une loi de 2005 impose de rendre l’ensemble des transports accessibles aux personnes à mobilité réduite en 2015. Sauf que depuis, plusieurs dérogations et délais supplémentaires ont été accordés. StreetPress s’est penché sur les six villes équipées de métro. Notre classement (organisé du plus mauvais au meilleur élève) prend en compte l’accessibilité au métro, mais aussi aux autres transports. Spoiler alert : Rennes est en tête car l’ensemble des transports en commun de la ville Bretonne sont accessibles… Comme quoi c’est possible !
6 (upper) – Marseille
/ Crédits : Ludivine Retourné
Nombre de stations accessibles : 4 / 28
Le + : Trouver des points positifs à l’infrastructure marseillaise est un casse-tête. Seules quatre stations sur la ligne 1, les plus récentes, semblent à ce jour praticables : la Blancarde, Louis Armand, St Barnabé, et la Fourragère. D’autres, comme celles de Gèze et de Sainte-Marguerite Dromel, devraient bientôt être accessibles.
Le – : 24 stations inaccessibles… et des soucis sur les quatre autres ! En effet l’accès au métro en lui-même est compliqué. Une marche de 12 centimètres sépare le quai de la rame. Espace impossible à escalader pour certains fauteuils, comme le montre un sujet de France 2.
Le mot de Mohamed, usager : « Le plus gros souci de Marseille, parmi tout ce qu’il y a déjà, c’est la station Saint Charles, cœur de la ville et principale gare de Marseille. Elle dessert deux lignes du métro, mais aussi les trains des grandes villes françaises, les navettes de l’aéroport, ou encore les bus de la ville à l’arrivée des voyageurs. Elle n’est reliée que par un unique escalator totalement inaccessible au personnes à mobilité réduite [PMR]. »
Le mot du maire : Malgré plusieurs relances, la municipalité et la communauté urbaine Marseille Provence Métropole n’ont pas répondu à nos questions. Toutefois, d’après les informations données par la Métropole Aix-Marseille Provence, dans un rapport du 4 février dernier, « la Métropole a approuvé le schéma directeur d’accessibilité ». Des travaux vont donc être effectués pour rendre les stations accessibles. Et « les 36 rames actuelles seront remplacées ». Si le calendrier est tenu, l’intégralité du réseau marseillais devrait être accessible aux PMR en… 2028.
Les autres transports : D’après le site de la Régie des Transports Métropolitains, tous les bus sont équipés d’une rampe. Mais ils ne peuvent les déployer que sur 600 des 2 537 points d’arrêts recensés par l’opérateur. Le tramway est, quant à lui, entièrement accessible. Le service personnalisé Mobi Métropole couvre les 18 communes de Marseille Provence Métropole, en porte-à-porte et à la demande.
5 (upper) – Paris
/ Crédits : Ludivine Retourné
Nombre de stations accessibles : 9 / 303
Le + : D’après le rapport « Mobilité pour tous » du Groupe RATP, la ligne 14 du métro est intégralement accessible, sans avoir recours à une aide extérieure. Notons aussi que de nombreuses aides sont prévues pour les personnes atteintes de handicaps visuels, auditifs et mentaux, sur les lignes 1, 10, 11 et 14. Quant aux RER, ils sont en partie accessibles, mais nécessitent souvent l’aide d’une tierce personne.
Le – : Difficile de trouver un point plus négatif que ces 294 stations toujours inaccessibles aux personnes à mobilité réduite.
Le mot d’Aurélie, usagère : « Le métro à Paris, c’est une vraie galère. Comme je suis en fauteuil manuel, je fais du deux-roues à la force de mes bras pour gravir et descendre les marches, ou même pour passer les rames. Mais c’est très dangereux donc je suis toujours accompagnée, et c’est surtout inenvisageable pour une personne avec un handicap plus lourd ! »
Le mot du maire : Pour se justifier, la municipalité met l’accent sur les particularités du métro parisien : « Le métro historique est exclu du délai de 10 ans imposé par la loi, en raison des nombreux obstacles techniques et des difficultés d’insertion dans le sous-sol parisien (dues à la qualité des sols, aux lignes de métro en superposition…) que supposerait sa mise en accessibilité. », détaille la ville dans un communiqué. Elle assure prendre le problème au sérieux : « Toutes les nouvelles stations qui voient le jour sur le réseau suite aux prolongements de lignes sont équipées d’ascenseurs. L’objectif est d’amener les personnes en fauteuil aux portes de Paris pour bénéficier de correspondances avec les autres modes accessibles. ».
Les autres transports : Le réseau des bus est, dans Paris intra-muros, intégralement accessible. Le service personnalisé PAM75, à destination des PMR, fonctionne pour les trajets de plus de 500 mètres qui commencent ou se terminent à Paris.
4 (upper) – Lille
/ Crédits : Ludivine Retourné
Nombre de stations accessibles : 52 / 62
Le + : 52 stations sont accessibles en toute autonomie, y compris les handicaps les plus lourds. C’est un joli score pour une ville aussi importante que Lille.
Le – : D’après le « Guide accessibilité » de Transpole, dix stations posent encore problème. Elles ne sont équipées que de portes battantes. Nous avons donc décidé de les retirer de notre carte des stations accessibles car, malgré la présence d’ascenseurs, ces portes sont un obstacle. Elles stoppent de nombreuses personnes à mobilité réduite, qui ne peuvent les passer sans une aide extérieure. Autre point de discorde, les nouveaux portiques anti-fraude qui ne permettent plus à certains usagers de passer le contrôle seuls, comme le montre cette vidéo de Grand Lille TV. Ils ont pourtant reçu un avis favorable de la commission « Accessibilité ».
Le mot d’Olivier, usager : « Je fais partie des usagers qui n’ont pas de force dans les mains et dans les bras. Appuyer sur un bouton ou tenir une carte est impossible. Depuis la mise en place de ces portiques, je ne suis plus autonome, c’est aussi simple que ça ! »
Le mot du maire : Contactée à ce sujet, la municipalité nous a renvoyé vers le service presse en charge d’Ilévia, la société des transports de la Métropole européenne de Lille. C’est par mail que cette dernière nous a répondu. Au sujet des portiques de sécurité, elle indique que les stations sont équipées de « bornes d’assistance voyageur. Tout voyageur qui en éprouve le besoin peut au moyen de ces bornes contacter un opérateur Ilévia pour obtenir de l’assistance dans l’utilisation des portillons d’accès. » La seule solution est donc celle de l’assistance extérieure, au détriment d’une totale autonomie.
Les autres transports : Les réseaux des bus et tramways sont intégralement accessibles, y compris les quatre arrêts qui se trouvent en sous-sol. Et le service personnalisé Handipole est disponible sur les 90 communes de la métropole lilloise, en porte-à-porte et à la demande.
3 (upper) – Toulouse
/ Crédits : Ludivine Retourné
Nombre de stations accessibles : 37 / 37
Le + : Le métro toulousain est en théorie entièrement accessible. Et d’après le site internet de la mairie, des tarifs préférentiels ou gratuits sont proposés aux personnes handicapées.
Le – : Dans les faits, tout n’est pas parfait, puisque plusieurs usagers rapportent de fréquentes pannes d’ascenseurs sur l’ensemble du réseau.
Le mot de Virginie, usagère : « Malgré les apparences, le métro est problématique à Toulouse lorsqu’on circule en fauteuil roulant. C’est une angoisse permanente. Il y a toujours des ascenseurs en panne. C’est à se demander si la ville les fait réellement réparer. Du coup, prendre le métro est un parcours du combattant. Et j’ai arrêté d’essayer. »
Le mot du maire Malgré plusieurs relances, la municipalité n’a pas répondu à nos questions.
Les autres transports : Le tramway est entièrement accessible. Chaque bus est équipé de palettes rétractables et d’équipements visuels/sonores. Pourtant, d’après le rapport d’accessibilité de Tisséo (la société qui gère les transports en commun) de 2015, seuls 60 % des arrêts de bus étaient adaptés aux personnes à mobilité réduite. Nous n’avons pu trouver de source plus récente. Quant aux Mobibus, transports en porte-à-porte et à la demande, ils sont effectifs sur les 101 communes de la métropole.
2 (upper) – Lyon
/ Crédits : Ludivine Retourné
Nombre de stations accessibles : 41 / 42
Le + : La majeure partie du réseau lyonnais est accessible, et de nombreux efforts ont été faits pour adapter les transports aux différents handicaps : ascenseurs sonorisés, boutons en relief et en braille…
Le – : La station Croix-Paquet n’est pas accessible. Le SYTRAL, qui gère les transports de l’agglomération lyonnaise, explique à ce propos que la configuration du lieu ne permet aucun aménagement. Autre bémol, les rames de la ligne B ne seront entièrement accessibles à toutes les PMR que vers 2023.
Le mot de Nicolas, usager : « Il y a des ascenseurs à toutes les stations, ça c’est sûr. Mais s’il y a une panne, ça peut vite devenir l’enfer. On vous dit d’aller à la prochaine station, à plus d’un km, sans savoir si l’ascenseur y fonctionnera. »
Le mot du maire : La municipalité nous a renvoyés vers le SYTRAL qui nous a transmis son dossier de presse 2018 : « Si le réseau TCL figure aujourd’hui parmi les réseaux les plus accessibles, c’est le résultat d’efforts continus et d’investissements conséquents, menés depuis près de 30 ans, par le SYTRAL et ses partenaires. Depuis 2008, le SYTRAL a engagé plus de 100 millions d’euros pour que les transports en commun soient accessibles au plus grand nombre ».
Les autres transports : Cinq lignes de tramway sont accessibles, et la sixième le sera courant 2019. Le réseau des bus n’est composé que de véhicules à plancher bas avec palettes rétractables, portes d’entrée plus larges, et quatre emplacements réservés aux personnes à mobilité réduite. Toutefois, seuls 70 % des arrêts de bus sont équipés pour les usagers en fauteuil roulant. 812 arrêts prioritaires seront encore mis en accessibilité d’ici 2022, pour un budget annuel d’environ 3 millions d’euros. Optibus, service à la demande, fonctionne sur 74 communes de l’agglomération, et à la différence des autres villes ayant ce type de transport personnalisé, l’agglomération lyonnaise propose un accompagnateur sur simple demande et sans surcoût.
1 (upper) – Rennes
/ Crédits : Ludivine Retourné
Nombre de stations accessibles : 15 / 15
Le + : Le métro rennais est entièrement accessible pour toutes les personnes à mobilité réduite. Les 15 stations sont équipées d’ascenseurs. Il n’y a aucune marche, à aucune des différentes étapes du voyage, que ce soit à l’achat des billets ou sur les quais. L’accès à la rame se fait lui aussi de plain-pied.
Le – : Rien à déplorer ! Rennes prouve qu’il est possible de rendre accessible tous ses réseaux de transports en commun et de faciliter la vie des personnes en situation d’invalidité. Toutefois, l’installation en cours de portillons d’accès anti-fraude inquiète les usagers aux handicaps les plus lourds.
Le mot d’Angélique, l’usagère : « Depuis plus de 10 ans que j’utilise régulièrement le métro rennais, je n’ai jamais eu à me plaindre réellement. J’ai toujours pu me déplacer où je voulais. En comparaison d’autres villes où j’ai vécu, comme Paris notamment, c’est vraiment le jour et la nuit. »
Le mot du maire : En résumé, on nous dit que les services de la ville ont fait de l’accessibilité aux transports une priorité. Et reconnaissons que c’est vrai.
Les autres transports : Concernant les bus, une seule ligne n’est pas accessible aux personnes en fauteuil roulant : la 63. Le service Handistar, dédié aux PMR, propose des transports personnalisés à la demande sur les 43 communes de l’agglomération rennaise.
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