On prend (presque) les mêmes et on recommence. D’après nos informations, le groupement Hovakimian, s’est vu renouveler sa mission de traduction auprès de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra). En novembre dernier StreetPress révélait que les traductrices azerbaïdjanaises employées par ce groupement pour accompagner les demandeurs d’asile entretenaient des liens étroits avec l’État d’Azerbaïdjan. Un régime dictatorial que ces réfugiés tentent de fuir. Une pratique interdite par le règlement de l’Ofpra.
Le groupement Hovakimian vient de remporter le lot 4, qui couvre l’interprétariat pour 13 langues : arménien, azéri, bélarussien, dari, géorgien, kazakh, ossète, ouzbek, pachto, persan, russe, tchétchène et ukrainien. En terme de volume horaire, il s’agit du 2e plus important de l’OFPRA. Le marché public, renouvelé tous les 3 ans, n’est pas chiffré mais selon un bon connaisseur du milieu, ce dernier pourrait excéder les 200.000 euros.
Le résultat de cet appel d’offres avait été au centre des débats lors d’un procès en diffamation intenté par l’entreprise de traduction. Procédure que StreetPress a remportée. Le groupement Hovakimian arguait que notre article nuisait à sa réputation et pouvait lui faire perdre ce marché, nécessaire à sa survie. Il faut croire qu’il s’est trompé. Il a par ailleurs annoncé interjeter appel.
Une enquête interne diligentée en 2018
Contactés par StreetPress, les dirigeants de l’entreprise n’ont pas donné suite à nos demandes d’interview. Vont-ils travailler avec les mêmes interprètes ? Très peu probable. Début mars, une offre d’emploi pour un poste « d’interprètes de liaison pour les langues azéri et russe », émanant du groupement Hovakimian, a été publiée sur plusieurs sites internet, dont keljob.com. Il était décrit comme suit : « Vous serez amené(e)s à traduire des propos au cours d’entretiens à caractère administratif dans le domaine du droit des étrangers. Vous serez formé(e)s préalablement. » Parmi les qualités professionnelles recherchées, on lisait encore : « Capacité à réaliser des tâches en suivant avec exactitude les règles, les procédures et les instructions qui ont été fournies, sans réaliser d’erreur. »
Interrogé par StreetPress sur les raisons de ce choix et les éventuelles vérifications qui ont été faites en amont de l’attribution du marché public, l’Ofpra n’a pas donné suite à nos demandes d’interview, indiquant qu’une procédure était toujours en cours (faisant ainsi référence au procès intenté contre Streetpress, évoqué ci-dessus). Dans le cahier des charges, l’office indique simplement que c’est au titulaire de faire les vérifications relatives « à la situation, au professionnalisme, aux connaissances géopolitiques et aux compétences techniques des interprètes ». Et d’agir si un traducteur ne fait pas l’affaire.
Interrogé en janvier dernier, l’Ofpra indiquait, à notre endroit, avoir diligenté une enquête interne sur le profil des interprètes embauchés par le groupement Hovakimian dans le courant de l’année 2018, à la suite de plusieurs signalements. Mais l’Office y avait mis fin quasiment dans la foulée car les traductrices dont StreetPress révélait les liens avec la dictature n’exerçaient plus à l’Ofpra.
Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.
Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.
Je fais un don à partir de 1€Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.
Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.
Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.
Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.
Je donne
NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER