Nuremberg ou la terre promise de Maurice Bardèche, l’un des fondateurs du négationnisme français; Le drame des juifs européens de son compère Paul Rassinier, collaborateur de l’hebdomadaire Rivarol depuis sa création en 1951; ou encore les écrits complets de Robert Faurisson. Voilà le type de livres que l’on peut trouver à la vente sur le site d’Amazon France. Le 18 mars 2019, la chercheuse française Stéphanie Courouble-Share s’en émouvait dans un post de blog. Selon le recensement de cette chercheuse, une centaine de livres négationnistes sont disponibles sur le site du géant de la vente en ligne. Certains sont vendus par des particuliers. D’autres directement par Amazon. « La plupart sont interdits à la diffusion publique », s’insurge-t-elle.
Coutumière du fait
« Cela fait longtemps que je vois ces livres en vente », détaille-t-elle à StreetPress. En 2017, à la demande du centre de recherche de Yad Vashem, du nom du mémorial de l’Holocauste en Israël, la chercheuse liste les dix plus grands ouvrages niant l’existence de la Shoah. Tous sont vendus par Amazon USA. Après un signalement auprès de l’entreprise de Seattle, le centre obtient gain de cause. Tous sont retirés de la vente. « Le problème, c’est que ces livres sont une vitrine. Quand on cherche des livre sur la Shoah, on peut tomber sur un ouvrage négationniste », s’inquiète t-elle.
En janvier 2019, elle s’attaque à la France. La chercheuse signale un premier livre à Amazon : L’Holocauste au scanner, du négationniste suisse allemand Jürgen Graf. Ce dernier est interdit en France depuis un arrêté du 19 décembre 1994. Il est immédiatement retiré de la vente. Sur sa lancée, elle décide de produire une liste d’ouvrages négationnistes disponibles à l’achat sur le site d’Amazon France. Liste qu’elle transmet finalement à l’entreprise. « Ils m’ont dit qu’ils l’étudiaient », explique-t-elle. Contacté par StreetPress, le service presse d’Amazon France n’a pas donné suite à nos demandes d’interview. La plupart des livres sont toujours en ligne.
À l’attaque de Youtube
« J’ai bien conscience que c’est un combat vain, mais c’est pour le symbole », reconnaît l’historienne.
« La plupart de ces livres sont disponibles sur d’autres canaux. Ils sont téléchargeables sur de nombreux sites. »
Après Amazon, la chercheuse compte s’attaquer à YouTube, où les contenus négationnistes sont aussi nombreux :
« Je trouve qu’il y a trop peu de réponses des historiens et des chercheurs sur ces sujets. »
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