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    07/09/2018

    « L'écologie, c'est la seule priorité ! »

    Maxime Lelong, organisateur de la marche pour le climat et red’ chef de média indépendant

    Par Sibille Vieira

    Il était journaliste. Pour les médias, il est devenu organisateur de la marche pour le climat et lanceur d’alerte. A StreetPress, Maxime Lelong raconte les coulisses de l’événement… et annonce la fin de 8e étage, le site d’infos qu’il avait lancé en 2014.

    Il est 9h du matin ce jeudi 8 septembre quand Maxime Lelong débarque au café Championnet, en face de la station Guy Môquet. Le jeune homme, short vert et sweat à capuche, a l’air détendu, relax. Pourtant, depuis le début de la semaine, l’organisateur de la marche pour le climat, une manifestation à laquelle près 30.000 personnes ont, sur Facebook, annoncé participer, enchaîne les interviews. L’événement, au départ confidentiel, a depuis fédéré une trentaine d’ONG, dont Attac ou 350.org. Il a fait également tâche d’huile : d’autres marches du climat sont prévues dans plusieurs villes de France. Le départ du cortège parisien est quant à lui prévu à 14h00 sur l’esplanade de l’Hôtel de Ville.

    « Le récit du moment où j’ai cliqué pour créer un événement a été raconté 20 fois à 20 médias différents », rigole-t-il en buvant son café :

    « Je ne suis pas lanceur d’alerte, je n’ai rien fait ! J’ai juste créé un évènement Facebook, on va se calmer. »

    Peu de médias ont pour autant noté que Maxime Lelong, en plus d’être « citoyen lambda » est aussi journaliste. Il est le rédacteur en chef de 8e Etage, un site d’information indépendant fondé à Lyon en mars 2014.

    Séisme politique

    Maxime vit la démission de Nicolas Hulot comme un véritable séisme politique. Le jeune homme prend son clavier et décide de créer un évènement Facebook intitulé Marche pour le Climat. « L’écologie, c’est la seule priorité ! », défend-il :

    « On pourra s’engueuler sur tout ce que l’on veut après et on pourra recommencer les petites batailles autant que l’on veut. Mais si on a nulle part où habiter, on aura plus l’occasion de se taper dessus. »

    Au départ, Maxime choisit l’anonymat et se cache derrière une page nommée « explore le monde », qui héberge l’événement. « J’estime que depuis 4 ans je ne suis plus vraiment journaliste, je passe le plus claire de mon temps à gérer des fiches de paies et réfléchir à des stratégies de médias. » Rapidement, les choses s’emballent. Et les ONGs lui embrayent le pas.

    Pas du tout habitué des milieux associatifs

    Rien ne prédestinait pourtant Maxime à devenir le héraut du climat. Après une enfance passée en Savoie, le jeune homme débarque à Lyon pour étudier le journalisme. Deux stages à Vice et au Monde, pendant son cursus, lui laisse un goût amer des grands médias :

    « Ce que j’ai fait pour Vice, je n’en suis pas fière. C’était n’importe quoi, j’étais stagiaire, sous payé. »

    Sorti d’école, Maxime décide de créer son propre média : 8e étage. Le site internet par abonnement a pour but d’éclairer des sujets non traités par la presse généraliste et grand public. Une reportage sur les conséquences écologiques et humains de l’extraction du lithium en Argentine, un autre sur les musulmans de Pologne et leur difficulté à vivre leur foi figurent parmi les articles les plus commentés du site.

    Avec 8e étage, le jeune journaliste cherche à faire sens. Son média entend « distinguer l’information de l’actualité [relayée par les médias traditionnels] et cherche à restaurer la confiance abîmée par certaines dérives de la presse actuelle », indique la présentation en ligne de 8e étage, rédigée à la manière d’un manifeste.

    Clap de fin pour 8e étage

    Lors de ses apparitions médiatiques, en tant que journaliste, le jeune homme n’a de cesse de se présenter comme un défenseur d’une presse web libre, comme sur le plateau de Mediapart en 2016
    . « Il y a une chimère sur internet c’est chercher le bon modèle pour la presse en ligne », opine-t-il :

    « Je pense qu’il y a une partie de la réponse qui est dans l’abonnement mais en même temps, si 8e étage ferme, c’est que ce n’est pas l’entièreté de la réponse. »

    En effet, Maxime Lelong a été contraint de mettre un point final au site lancé en mars 2014. « Je n’ai pas encore pu l’annoncer aux lecteurs, c’était prévu pour cette semaine ». Tous les articles de ces 4 dernières années ne sont plus accessibles depuis le mois de juin :

    « On a tenu 4 ans en tant que média indépendant, on a réussi à payer les pigistes. Je suis super fière de cette aventure ».

    Rebond

    Maxime n’en a pas fini avec l’information. Dans sa boîte à idée, on trouve notamment une chaîne YouTube sur laquelle il ne préfère livrer que quelques bribes d’information. Elle pourrait voir le jour au printemps 2019. Par ce canal, il souhaite informer les jeunes à l’heure où télé et presse écrite ne leur conviennent plus.

    Pour le moment, il se consacre au bon déroulement de la marche de ce samedi 8 septembre. Est-ce que cette expérience aux côtés des plus grandes ONG alimentera ses projets pour la suite ?

    « J’ai trop la tête dans le guidon pour réfléchir à ça… »

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