« Je ne connais pas d’autre coach sportif en fauteuil, c’est encore plus dur quand on est dans mon cas. C’est une bataille chaque jour. » Depuis un an, Yannick donne des cours de sport à Bordeaux. Le jeune homme de 27 ans a la patate et une bonne humeur en béton armé. Il en a fallu pour obtenir son diplôme en octobre dernier. « La formation a été longue et éprouvante, encore plus avec mon fauteuil », reconnaît le bonhomme :
« Il faut bosser dur pour faire ce métier, encore plus quand on est en fauteuil. Le handicap fait peur, surtout lorsqu’il est question de nous donner des responsabilités. Il faut montrer qu’on est solide. »
Cours pour tous
Aujourd’hui, Yannick donne des cours de tennis à des enfants et des cours de Boccia – une pétanque adaptée à des personnes en situation de handicap. Les séances qu’organisent Yannick sont ouvertes aux valides comme auux handicapés :
« On essaye toujours de s’adapter à la condition de la personne. On fait des groupes de niveaux pour ne pas créer trop de difficultés. »
Avec les enfants, Yannick a parfois à se justifier :
« Au début, ils me demandent toujours comment je fais avec mon fauteuil. Et après une ou deux séances, mon handicap n’est plus qu’un souvenir. »
« Je ne sentais plus le haut de mon corps »
L’histoire de Yannick commence à Ebolowa, au sud du Cameroun. C’est là-bas que le jeune homme grandit. Ado, il fait un AVC. « J’étais au lycée et j’ai ressenti les premiers symptômes : douleurs à la poitrine puis vertiges. En moins de deux heures, le temps d’arriver à l’hôpital, je ne sentais plus le haut de mon corps. » Plus tard, il apprend qu’il a une malformation artéro-veineuse. Celle-ci a pu causer la rupture d’anévrisme. Après son accident, Yannick ne peut bouger que la tête et les mains :
« Je suis resté deux ans au Cameroun, sans recevoir de grands soins. J’ai été évacué en France, lorsque j’avais 16 ans, afin de pouvoir continuer ma récupération. À l’époque, personne ne pensait que j’allais finir en fauteuil. »
En France, il est admis dans un établissement médical spécialisé en Seine-Et-Marne (77). « J’étais déjà sportif avant mon accident. J’ai repris quand je suis arrivé en France. Au Cameroun, il n’y avait pas de fauteuil, il n’y avait aucun moyen de tester quoi que ce soit. » Yannick commence par apprivoiser son fauteuil. Avant que sa passion pour le sport ne le rattrape. Il choisit d’abord le basket :
« Le handisport m’a permis de me dépasser, mais lorsque l’on veut atteindre un certain niveau de pratique, il faut beaucoup de discipline. »
Suivent le tennis, l’escrime, la natation et le badminton. En amateur, Yannick remplit son armoire à trophée. Il remporte 5 titres régionaux en 5 ans. En 2011, il devient champion de triathlon handisport de Bordeaux, puis champion d’Aquitaine d’escrime à l’épée handisport (2011 et 2014) et champion de Gironde d’escrime à l’épée handisport (2015). En 2016, il décroche le titre de champion régional Boccia (pétanque adaptée).
« Maintenant, je voudrais pratiquer le tennis, l’escrime et le badminton à haut niveau. »
Et maintenant la télé ?
Rien n’arrête le bonhomme qui a également fait une apparition dans Vestiaires, une shortcom française sur le handicap qui se déroule dans les vestiaires d’un club de natation. Il se rend au casting, après avoir vu passer une annonce sur Facebook. Quelques jours plus tard, bingo, le rôle est à lui. On lui propose de faire des apparitions pour plusieurs épisodes de la saison 4, 5 et 6 :
« C’est une belle série, il y a beaucoup d’humour autour du handicap, quelque chose de très décalé. [C’est aussi] un moyen de sensibiliser les gens face aux handicaps physiques et mentaux. »
Yannick ne dit pas non à une carrière d’acteur. « Je prends les opportunités qui passent ». Son emploi du temps est déjà bien chargé. En attendant de trouver les financements nécessaires, le comédien se prépare en escrime pour les Jeux paralympiques de 2024, et pourquoi pas les prochaines coupes du Monde.
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