Je n’ai pas les mots. Je ne sais pas s’il faut pleurer ou crier ma rage face aux injustices et aux violences de l’Etat français. Presque chaque soir, des affrontements opposent des jeunes aux policiers. Et comme en 2005, beaucoup de nos petits frères se font arrêter.
J’appelle à une amnistie, si on peut parler en ces termes. Ou au moins des acquittements pour ces jeunes qui ont été arrêtés et emprisonnés.
Ces affrontements s’inscrivent dans une démarche de colère légitime et justifiée. Une manifestation populaire face à une police qui détient le monopole de la violence. Sans que ce monopole ne soit jamais questionné.
Une police qui provoque
Lors du rassemblement devant le tribunal de Bobigny qui s’était tenu le 11 février dernier, les forces de l’ordre ont encerclé avec leurs véhicules les manifestants. C’était une provocation délibérée.
On a aussi vu des policiers qui provoquaient ces mêmes jeunes en des termes qui ne font pas honneur à la police. On les menace de leur faire subir le même sort que celui réservé à Théo ou plus directement de les tabasser. Si ce n’est pas de la provocation, qu’est ce que c’est ?
La prison, c’est la mort sociale
Après le rassemblement du 11 février, plusieurs jeunes ont été interpellés. Ils risquent la prison. Mais la prison n’a jamais répondu aux problématiques sociales. Les mettre en cabane, c’est les conduire vers une mort sociale déjà bien entamée.
Ils vont connaître l’humiliation, le traumatisme, la violence physique et psychique de l’isolement. Car je ne sais que trop bien comment le système carcéral les déshumanise, entre dans leur chair, dans leur esprit. Il n’y a pas de mots.
La solution ne peut pas être l’incarcération de masse. Ces jeunes vivent dans des zones que l’Etat a désertées. Sa seule présence prend la forme d’une violence policière. On fait du matraquage policier. Rien de plus.
Le deux poids deux mesures des revendications
Il faut donc une amnistie générale et prendre en considération leur colère, la même qu’en 2005. Les agriculteurs qui brûlent des marchandises ou les altermondialistes qui saccagent des champs d’OGM, sont écoutés. Pourquoi ces jeunes ne le sont pas ? Il y a deux poids deux mesures.
« Les agriculteurs qui brûlent des marchandises ou les altermondialistes qui saccagent des champs d’OGM, sont écoutés. Pourquoi ces jeunes ne le sont pas ? Il y a deux poids deux mesures.»
Hanane Karimi @7Lou_Anne
Nous demandons le droit de protester par la violence, pour nous aussi. Agriculteurs, écologistes ou jeunes des quartiers populaires : il faut prendre en considération les revendications de chacun, sans les criminaliser.
Parce que s’ils en arrivent à caillasser ou à brûler, c’est que les autres modes de communication sont inopérants.
« Appeler au calme » : Pourquoi on resterait calmes ?
Appeler au calme n’a pour unique but que d’enterrer la contestation populaire. Pourtant c’est un droit. Depuis l’école on nous bassine avec la Révolution française. Mais qu’est-ce que c’était « 1789 » si ce n’est une révolte populaire ?
Si on étouffe cette colère, on n’avancera pas. On laissera perdurer ce système inégalitaire. Un système dans lequel les basanés paient le prix fort. On veut nous faire accepter l’inacceptable. On nous pond des discours policés sur l’égalité des chances. Mais c’est un tissu d’hypocrisies.
Les gens demandent une politique volontariste et effective. Et pas qu’on leur donne une petite tape dans le dos en les félicitant d’être un musulman discret ou un bon arabe intégré.
« Il faut amnistier les émeutiers d’Aulnay et de Bobigny. Pour qu’à une injustice ne s’ajoute pas la mort sociale. »
Hanane Karimi @7Lou_Anne
On ira jusqu’à boycotter ces élections présidentielles. Aucun candidat n’a fait des quartiers populaires sa priorité. Aucun ne propose de solutions concrètes à nos problèmes.
En attendant mieux, nous demandons que les émeutiers soient acquittés. Pour qu’à leur quotidien déjà injuste ne s’ajoute pas la mort sociale !
La Justice arrive bien à acquitter des policiers qui ont tué.
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