Paris, 7e arrondissement – Dans le hall de son hôtel, Veronika Mendoza s’active pour régler les derniers détails de sa conférence de l’après-midi. Ce 29 octobre, la femme politique péruvienne, 3e de la dernière présidentielle, a rendez-vous avec ses fans français au Collège d’Espagne, dans le 14e arrondissement.
Quand on l’interroge en français, la jeune femme acquiesce mais répond en castillan. L’étrange dialogue interpelle les réceptionnistes qui nous observent du coin de l’œil. Quand il s’agit de politique, la nouvelle figure de la gauche péruvienne tient à s’exprimer dans sa langue natale. En revanche, elle switche en Français pour évoquer sa jeunesse à Paris sur les bancs de Jussieu…
De Cuzco à Paris
Veronika Mendoza a grandi à Andahuaylillas, un petit village des Andes de 5.600 habitants. Son père est péruvien mais sa mère française. « Ma mère était une vraie “Backpacker”, elle a parcouru toute l’Amérique Latine pendant sa jeunesse », raconte la jeune femme :
« Arrivée à Cuzco, elle est tombée amoureuse de la ville et de mon père. Elle a pris un poste de professeure de mathématiques à l’université. Et elle n’est plus jamais partie. »
Enfant, Veronika navigue entre deux cultures. D’un côté la France, de l’autre le Quechua et les coutumes héritées de sa grand-mère. A 19 ans, elle décide de passer des bancs de l’université de Cuzco à ceux des facs parisiennes. « Il n’y avait pas de faculté de psychologie à Cuzco. C’était l’occasion de sortir de ma ville natale », détaille Veronika. Avant de conclure :
« J’aurais pu aller à Lima, la capitale, c’est vrai. Mais venir à Paris c’était l’opportunité de découvrir le monde ! »
Jeune fille en fleur / Crédits : DR
Etudiante nationaliste
Boucles d’oreilles multicolores en forme de fleurs et blue jeans, Veronika Mendoza n’a pas vraiment l’air d’une politicienne. Elle conserve le look de ses années de bohème dans la capitale française. Quand elle fréquentait les amphis de Jussieu et vivait dans une petite chambre de bonne du Quartier Latin.
A l’époque la jeune femme travaille dans un restaurant du 3e arrondissement pour gagner sa croûte. Entre 2 cours de socio, elle rencontre Nadine Heredia. Cette étudiante péruvienne l’initie à la politique :
« J’avais été un peu activiste à Cuzco, mais c’est à Paris, avec la communauté péruvienne, que j’ai senti le besoin de faire quelque chose. »
Avec Nadine et son conjoint Ollanta Humala, elle fonde à Paris le Parti Nationaliste Péruvien (PNR). Veronika se souvient de discussions passionnées dans les cafés parisiens :
« On débattait des changements dont le Pérou avait besoin en termes institutionnels, économiques, culturels. »
Six ans plus tard, Humala, ancien putschiste et gradé de l’armée péruvienne remporte l’élection présidentielle. De retour à Lima, Veronika Mendoza devient députée dans son fief de Cuzco avant de prendre ses distances avec le leader nationaliste. « J’ai quitté le PNR parce qu’il (Humala, ndlr) a trahi nos principes et nos rêves. » Quand on l’interroge sur cet ancien camarade devenu encombrant, la jeune femme élude :
« Pour ma part, j’ai participé à peu de réunions avec lui ».
A la tribune / Crédits : Maribelle Romero
Entretenir la flamme
Samedi 29 octobre, la salle du collège d’Espagne de la Cité Universitaire est comble quand Veronika fait son entrée. Ses partisans l’acclament :
« Vero combativa, el pueblo te saluda » (Vero la combative, le peuple te salue).
Avant que la championne du Frente Amplio (sorte de front de gauche péruvien) ne prononce son discours, l’assemblée toute entière prie la Pachamama – la déesse andine de la nature. Durant près de 2 heures, elle déroule son programme et répond aux questions des militants. Ils sont venus des 4 coins de l’Europe pour la rencontrer :
« Près de 3 millions de péruviens vivent en dehors du Pérou : 10% de la population péruvienne. C’est énorme. »
« Je voulais aussi profiter de cette visite pour prendre contact avec les militants du Frente Amplio à Paris », confie-t-elle dans le salon privé de son hôtel. Parmi ses plus grands fans français, on compte Jean-Luc Mélenchon. Le tribun s’est même excusé de son absence dans une lettre adressée à « ses camarades péruviens ».
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