En ce moment

    04/09/2015

    Depuis 15 ans, ils occupaient ce bâtiment de Ménilmontant

    Paris 20e : Un squat d’artistes africains vidé par la police

    Par Alban Elkaïm

    C’est un squat bien connu des habitants du quartier : Depuis 1999, une vingtaine d’artistes, principalement africains, logeait dans un immeuble Villa de l’Ermitage. Jusqu’à ce vendredi matin où la police a débarqué.

    « Je dormais ce matin quand les flics sont arrivés », raconte Bachir, joueur de djembé, devant le squat de l’Ermitage, dans le 20e arrondissement à Paris. Depuis 15 ans, ce petit immeuble vétuste d’un étage accueillait une vingtaines d’artistes africains. Mais vendredi matin, la police est arrivée à six heures et a mis tout le monde dehors. « On ne nous a même pas prévenus », s’indigne Faye Papa Madiakhate, quadragénaire dégarni, et peintre de métier.

    ermitage-1.jpg

    Artistes africains

    Situé dans un passage fleuri qui joint la rue de l’Ermitage à la rue des Pyrénées, le squat était occupé par une vingtaine d’habitants. « Mais en tout, il y a une cinquantaine de personnes qui gravitent autour », ajoute posément Gassimou, chanteur d’une trentaine d’années. Guitaristes, joueurs de djembé, de balafon, peintres, la grande majorité des occupants sont originaires d’Afrique. Le lieu servait de refuge pour ces artistes à la situation précaire, en attente de logement.

    « Nous n’avons ni avocat, ni association pour nous soutenir », se désole Gassimou, qui loge au squat depuis l’été 2005. Quelques voisins sont venus les soutenir. « Le DAL ne répond pas, personne ne nous répond », conclut amèrement l’une d’entre elle. Faye Papa Madiakhate s’offusque :

    « Nous n’avons reçu aucun préavis d’expulsion. Nous sommes allés nous plaindre à la mairie ce matin, eux-mêmes n’étaient pas au courant. »

    Il faut dire que personne, parmi les squatteurs, ne sait réellement qui est le propriétaire. Un arrangement aurait été conclu avec les premiers arrivants en 1999. Mais depuis, les pionniers ont tous quitté les lieux, compliquant le dialogue avec le proprio.

    Show must go on

    En fin d’après-midi, chaises, matelas et valises ont été sortis à la va-vite du squat sur les trottoirs. Désemparés, les occupants s’agitent pour trouver des solutions au plus vite tandis que la tension monte. Un maître-chien surveille dorénavant le petit bâtiment, derrière un grillage. « On va quand même continuer à jouer de la musique », affirme crânement Abdoul, un guitariste guinéen. Ce vendredi soir, ils donneront leur concert prévu au Petit campagnard, un bar de la rue Pyrénées.

    ermitage-2.jpg

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER