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    30/09/2015

    Jantes chromées, volant tête de mort et dés en mousse

    Chez Belleville Lowrider, pimpe ta caisse ou ton vélo comme à L.A

    Par Tomas Statius

    Depuis plus de 10 ans, Belleville Lowrider est la seule boutique en France à faire dans le lowriding, l’art de pimper sa caisse ou son deux-roues à la sauce californienne.

    Paris 12e – Cheveux grisonnant short Dickies XXL et débardeur gris, Laurent prend la pose assis sur un vélo torsadé au cadre doré. Un air de G-funk s’échappe de la boutique voisine. Il fait chaud, la rue est déserte, et si l’on fait abstraction des immeubles haussmanniens, la scène pourrait se dérouler à East L.A – le quartier mexicain de la cité des Anges.

    Laurent c’est le patron de Belleville Lowrider, une boutique dédiée au lowriding, l’art de customiser sa caisse ou son vélo, à la sauce californienne. 9 ans après l’ouverture, son échoppe reste la seule de l’Hexagone à faire de cette sous-culture sa spécialité.

    Big is Beautiful

    Lowlow feat Ice Cube lowlow_icecube.jpg

    2000, Lowlow – son blase dans le milieu graffiti – vivote de petits boulots en petits boulots. Fatigué par la grisaille parisienne, il prend un billet direction la Californie. Avec quelques potes, il parcourt l’Etat. Pendant son périple, ce fan de rap et de belles bagnoles tombe sur plusieurs rassemblements de lowriders, notamment du côté d’Elysian Park, un spot mythique de la cité des Anges. Pour Laurent, c’est la révélation :

    « Quand je suis rentré, je me suis dit qu’il m’en fallait un. »

    De retour en France, Laurent s’achète une Chevrolet Impala 1961 qu’il retape façon Lowrider avec un pote garagiste, installé en Alsace. Dans la foulée, il crée un forum consacré aux bagnoles pimpées qui devient rapidement une référence. En 2003, il se fait virer de son job. Le quadra décide de se lancer dans le grand bain et monte Belleville Lowrider, le premier site de vente en ligne spécialisée dans la culture custom en France. 3 ans plus tard, il finit par ouvrir sa boutique dans le 12e :

    « A l’époque, j’avais très peu de stocks. Je vendais beaucoup d’accessoires. Depuis, l’offre s’est pas mal étoffée. »

    Made in L.A

    Dès l’entrée, la minuscule boutique de Laurent est envahie d’objets qu’il importe directement de Cali. Là un cadre de vélo, qui vient d’arriver des USA. Ici une plaque minéralogique floquée au nom de sa boutique. Et pêle-mêle des affiches, des Nike Cortez, basket fétiche des latinos de L.A, des figurines et même de la bière d’import : « L’accessoire type que les gens viennent acheter, c’est la lunette noire, tu sais celle de Eazy E. Ou des bandanas. Ici, j’ai des modèles que tu ne trouves pas ailleurs ». Du haut de son mètre 80, Laurent se veut l’évangélisateur d’une culture encore méconnue en France :

    « Je veux vraiment montrer toute l’ampleur de la culture lowriding. Les vélos, les caisses mais aussi la sape, le design, le tattoo. »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/lowrider2.jpg

    « L’accessoire type que les gens viennent acheter, c’est la lunette noire, tu sais celle de Eazy E. Ou des bandanas. » / Crédits : Tomas Statius

    Alors qu’on papote devant sa boutique, Arthur, un pote de LowLow, débarque et nous propose une canette de 1664. Chez Belleville Lowriders, ce solide gaillard qui arbore débardeur blanc et Air Jordan vient surtout chercher « des CDs, des t shirts, des trucs griffés L.A qu’on ne peut trouver que sur le net ». Il finit par lâcher : « Ici c’est West Coast. Peu importe la mode. »

    « Ca ne paie pas de vendre des lowriders »

    Faute d’atelier, Laurent est obligé de bricoler dans la rue. Devant la boutique, une dizaine de vélos garnissent le trottoir. Récupérés à droite à gauche ou amenés par des riverains sympas, le quadra en a fait son fond de commerce. Il s’est même fait une petite réput’ dans le quartier :

    « Comme je n’ai pas de garages, c’est un peu compliqué de bricoler des voitures [d’ailleurs la sienne est en panne, ndlr]. Des lowriders en France, il doit en avoir maxi une trentaine. Il n’y pas assez de demande. C’est pour ça que je fais plus de vélos que de bagnoles en ce moment. »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/lowrider1.jpg

    « Ici c’est West Coast. Peu importe la mode. » / Crédits : Tomas Statius

    Dans la petite rue de Toul, une jeune femme en scooter passe et s’arrête un instant devant la boutique. A la recherche d’un vélo, elle demande à Lowlow des conseils et s’inquiète de la fermeture du shop pendant une bonne partie du mois de juillet :

    « En ce moment, je suis veilleur de nuit. C’est pas facile de bosser toute la nuit et de venir ouvrir le shop. »

    Résigné mais pas dépité, il finit par lâcher :

    « Tu sais, ça ne paie pas de vendre des lowriders. »

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