Vincent Flibustier est plutôt fier de son coup : « Réussir enfin à avoir mon petit tweet et ma petite plainte du FN, c’était inespéré. J’espère que ça va aboutir et que je pourrais l’encadrer chez moi », raconte-t-il hilare. Son précieux ? Une plainte déposée par Marine Le Pen contre lui. La raison du litige ? Le site Vote FN et gagne 5 euros sur lequel il promettait 5 balles à quiconque mettrait un bulletin bleu marine dans l’urne aux départementales de dimanche.
Démasqué par Rue89, le boss de Nordpresse s’est finalement expliqué dans un poste intitulé « Bon d’accord, Votez FN et gagnez 5 euros c’était nous. Le FN porte plainte. Youpi ». StreetPress a voulu en savoir plus sur le mec et sur son site.
C’est quoi Nordpresse ?
Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Nordpresse, selon les mots de son jeune créateur, c’est « un cousin belge et demeuré du Gorafi ». On y trouve des informations parodiques, des nouvelles inutiles et « insolites », mais aussi beaucoup de cul, du gore et des blagues limites :
« Y’a pas vraiment de ligne éditoriale. Je pense le site comme si c’était mon blog. Je mets un peu ce que j’ai envie dedans. »
Outre le plaisir de la blague, le but de ce jeune belge de 24 ans était de lancer un alter-ego trash du quotidien Sud Info, un tabloïd qu’il déteste : « J’avais envie de creuser bien profond le sillon de la débilité ». En mai 2014, il se met à l’oeuvre et crée le site dans la nuit.
De branleur autodidacte à entrepreneur de la blague
Un an plus tard, Vincent est toujours le seul à tenir la barre de Nordpresse : « 99 % des articles sont de moi ». Le site cartonne et certains dépassent les 5 millions de vues. Entre deux post outrageux, le jeune homme participe chaque semaine à l’émission « C’est presque sérieux » sur la radio publique belge Première. L’équivalent de France Inter, nous dit-il.
Une ascension éclair pour ce « branleur autodidacte ». Avant Nordpresse, Vincent raconte en effet avoir bossé un peu dans le web, plutôt en dilettante. Aujourd’hui entre ses chroniques hebdomadaires et son site, il arrive à vivre de ses blagues :
« Une fois, grâce à un article, j’ai gagné 1000 euros sur deux jours. Rien qu’en publicité. »
Son titre ? « Un condamné à mort demande un enfant comme dernier repas. »
Prostituées halal à la télé libanaise
Car à coup de titrailles catchy et de vannes potaches, Nordpresse gagne du galon. Ses « infaux » s’invitent régulièrement dans les colonnes de médias un peu trop avides de buzz. Récemment Public s’est fait avoir. Et le magazine people n’est pas le seul :
« Au tout début, ce qui a vraiment marché c’était Partouze de vieux à Charleroi, 7 morts. Ça a été repris à peu près dans le monde entier. Ensuite, il y a eu l’histoire du premier cochon halal génétiquement modifié, puis l’interdiction de la vente du jambon. »
Suite à la publication d’un article sur l’ouverture d’une maison close de prostituées halal à Amsterdam, le créateur de Nordpresse reçoit même un appel d’une chaîne de télé libanaise : « l’article avait littéralement fait le tour du Moyen Orient ». Intéressé par le papier, le red’ chef cherche à en savoir plus sur l’histoire avant que Vincent ne lui révèle le pot-aux-roses : « J’ai éclaté de rire. Mais il a trouvé la blague hyper drôle ». Séduit, il l’invite sur le plateau d’une émission politique :
« Il voulait me faire venir jusqu’à Beyrouth pour causer avec un Imam en direct dans un talk show ».
Finalement il a décliné l’invitation. « C’était un peu surréaliste », nous raconte-t-il.
No limites
Pour continuer à grossir, Vincent doit continuer à créer la surprise. Alors que Nordpresse est trop identifié comme niche à hoax, le jeune homme compte bien monter de nouveaux petits sites pour diffuser ses infos-LOL. Exactement comme il l’avait fait pour le FN :
« Tu sais les gens vérifient pas ce qu’ils lisent. Il suffit de créer un autre site pour qu’ils gobent l’info »
Depuis peu Vincent traduit certains de ses postes en anglais. Il compte également demander à Google de l’inclure dans son flux d’actualité News. Les blagues, nous confie -t-il, il ne compte pas arrêter de sitôt :
« J’ai déjà eu des menaces mais rien de bien méchant. Je n’ai pas vraiment de limites. Je joue avec le feu et le jour où je me brûlerai vraiment, je réfléchirai un peu plus. »
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