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    04/03/2015

    « Ici, c’est moitié-moitié : des arabes et des juifs. »

    A Belleville, l’épicerie Sabbah est Casher et Halal depuis 2001

    Par Garance Navarro-Ugé

    Depuis près de 15 ans, l’épicerie Sabbah à Belleville propose aussi bien des produits Casher que Halal. Aujourd’hui, l’entreprise s’est implantée dans plusieurs quartiers de la capitale.

    Epicerie Sabbah – A l’angle du boulevard de Belleville et de la rue de l’Orillon, l’enseigne annonce «Produits orientaux» et «Produits casher». A l’intérieur de la petite boutique, en vrac : des amandes, des olives, du henné, le café Kurukhveci Mehmet Effendi « meilleur café turc », mais aussi du vin et des salamis. Un joyeux bazar qui sent fort et bon.

    Derrière son comptoir, Ibo, le boss, ouvre un carton d’amandes grillées et salées qu’il range ensuite sur un présentoir. Près de 15 ans déjà qu’il gère l’enseigne, la première du quartier à proposer des produits estampillés aussi bien casher que halal.

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    La première épicerie du quartier à proposer des produits estampillés casher aussi bien que halal. / Crédits : Garance

    Deux amis tunisiens : un juif, un arabe

    En entrant dans l’épicerie, Ibrahim, qui travaille dans un autre commerce sur le boulevard, salue chaleureusement Ibo. Le gérant de l’épicerie a la tchatche et semble connaître tout le monde dans le quartier. Il nous précise :

    « Ici, c’est moitié-moitié : des arabes et des juifs. »

    Et à son collègue, qui revient du sous-sol les bras encombré d’un gros carton, de renchérir :

    « C’est souvent comme ça : deux amis tunisiens, un juif, un arabe, ils viennent faire leurs courses ensembles chez Sabbah. L’un achète casher, l’autre halal. »

    Dans la boutique se succèdent de jeunes arabes qui travaillent dans les commerces autour. Ils viennent acheter quelques produits et tailler le bout de gras autour d’un café. Il y a aussi des femmes juives qui viennent faire le plein en prévision de shabbat. Eva, élégante quinquagénaire, est une habituée :

    « Je viens ici souvent, quand je vais à la synagogue qui est en face par exemple. J’habite dans le quartier et je connais bien Sabbah. »

    Certains clients passent commande de produits spéciaux qui ne sont pas dans la boutique mais comme Ibo nous le précise :

    « On peut tout avoir ici, il suffit de demander ! »

    Les récents attentats ne semblent pas avoir eu d’effet sur le business d’Ibo :

    « Depuis Charlie Hebdo, il y a des militaires postés devant la synagogue mais les clients juifs viennent toujours s’approvisionner chez moi. »

    Sabbah, première épicerie Casher-Halal de Belleville

    Quand Ibo s’est installé à Belleville en 2001, il était le premier à proposer sur un même spot halal et casher :

    « On est nés à Belleville parce qu’il y avait les clients sur place »

    https://backend.streetpress.com/sites/default/files/epicerie2.jpg

    Un joyeux bazar qui sent fort et bon. / Crédits : Garance

    Et Ibo, plutôt halal ou casher ? Il botte en touche. Quant aux motivations, pas besoin d’aller chercher très loin :

    « Pour qu’une épicerie tourne, faut faire de tout. »

    Aujourd’hui, l’épicerie Sabbah de Belleville cartonne, elle est ouverte tous les jours à la seule exception du lundi. Le concept a si bien pris que Sabbah est maintenant devenue une chaîne d’épicerie implantée dans plusieurs quartiers de Paris (Menilmontant, Faubourg Saint Antoine, Rue d’Aligre et Rue de Meaux…) et en banlieue.

    Ca ne surprend plus personne

    D’autres, dans le quartier, ont aussi repris le concept. Et désormais à Belleville, tu peux trouver des épiceries Casher et Halal presque à chaque coin de rue. Le serveur du café d’en face, interrogé sur cette cohabitation culinaire, s’étonne presque de notre question :

    « Je ne savais pas qu’ils faisaient aussi du casher mais ça ne me surprend pas du tout. On est à Belleville, il y a des musulmans pratiquants et une synagogue en face. Pas vraiment étonnant, non ? »

    En 2012 pourtant, l’ouverture à Bordeaux de l’épicerie Hal’Cash avait fait les gros titres de la presse. On parlait alors d’une « idée inédite » et même de « symbole ». « A Paris, ça n’a jamais étonné personne », conclut Ibo.

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