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    24/09/2013

    « Remplacer l'esthétisme par le comestible »

    Des tomates made in Paris

    Par Barbara Bourreau

    A Paris, plusieurs assoc' veulent imposer haricots et tomates dans les espaces verts. D'autres installent des potagers bios sur les toits des immeubles. 100% bio ? Pas tout à fait : les fumées de voitures contaminent largement les légumes.

    Nous sommes au domaine de Longchamp, à 200 mètres de l’hippodrome et quelques encablures de la capitale. Ce dimanche 1er septembre, cela fait bientôt deux heures qu’Aurélien, entouré de 7 autres bénévoles de l’assoc’ Goodplanet, trimbale sa brouette pleine de branchages. Le reste de la bande s’active sur les quelques 3 hectares du domaine. Ça débroussaille, ça tond la pelouse, ça dégage les petits chemins que la nature s’évertue à recouvrir pendant que des enfants en culotte jouent avec des râteaux de jardinage. Le soleil tape encore doucement, une odeur d’herbe coupée flotte dans l’air et des bouteilles de jus de pomme bio à moitié pleines trônent sur la table de jardin.

    Potaverger Tout en balayant la terre qui traîne sur la terrasse, Thomas, coordinateur du projet nous détaille le projet : « ça va devenir un endroit en plein cœur de Paris où défileront des expositions en plein air » puis, en pointant son index vers un bout de terrain encore en friche, il ajoute « et là, il y aura un potaverger. » Traduction : un verger et un potager. « Selon la saison on plantera des tomates, des carottes, des pommiers, des courgettes…» Le tout 100% bio. La star des fourneaux, Paul Ducasse, a même prévu de venir y piocher pour remplir les assiettes de son futur restaurant bio.

    Un peu partout dans la capitale quelques assoc’ écolo tentent de remplacer les tulipes qui squattent nos rond-points par des choux ou planter des pommiers à la place des habituels platanes. Dans le 12e, « les incroyables comestibles » ont planté des tomates et des haricots dans des bac à fleur. Sur chacun des bacs, une pancarte invite les passants à se servir en légumes. Les « Toits Vivants », quand à eux créent des potagers sur les toits des immeubles de la capitale.

    Selon la saison on plantera des tomates, des carottes, des pommiers, des courgettes…

    Change the world Sylvain, grand gaillard aux bras tatoués plus épais que le tronc d’arbre qu’il est en train de scier, détaille le concept. Militant actif de l’association « Toits Vivants », son but est de « remplacer l’esthétisme par le comestible ». Des carottes plutôt que des pâquerettes, donc. « En plus de produire localement de la nourriture sur les toits de Paris, ça permettrait la conservation de variétés anciennes et plus généralement de la biodiversité tout en améliorant le climat urbain », prophétise Sylvain couvert de sciure.

    Entre deux grandes goulées d’eau, Sylvain insiste : « C’est un cercle vertueux tu sais, si tout Paris avait un potaverger sur son toit l’économie s’inverserait, les gens seraient plus proches de leur alimentation, et redécouvriraient qu’ils ont des voisins » Si j’avais su qu’on pouvait changer le monde en plantant des tomates !

    Lien social Selon Sylvain, installer des plantations sur son toit permet de mieux l’isoler, ainsi on perd moins de chaleur en hiver par exemple. Et, l’idée c’est aussi de recréer du lien social et de développer les rencontres et les échanges notamment autours des moments de plantation et des récoltes.

    « Évidemment pour l’instant ça reste encore relativement marginal mais c’est en pleine expansion, les gens voient que ça marche alors ça se propage comme une traînée de poudre, et puis, ce n’est plus une utopie puisqu’elle se réalise », lance Sylvain euphorique. Sans doute encore sous l’effet d’une overdose de choux de Bruxelles.

    Pollution L’idée d’un Paris transformé en énorme verger est plutôt kiffante. Mais est-ce que des lentilles traitées aux pots d’échappement c’est vraiment sain ? Des chercheurs de l’université technique de Berlin ont mené une étude sur la question et les résultats ne sont pas très encourageants. La pollution aux métaux lourds constatés sur ces légumes « bio » est bien souvent largement supérieure aux normes autorisées pour légumes – non bio – vendus en super-marché. Et de conclure dans un bel euphémisme : « les bénéfices pour la santé des produits issus de l’horticulture urbaine sont contestables ».

    L’étude précise tout de même qu’ à plus de 10 mètres de la route ou derrière un bâtiment, la pollution diminuait significativement. En clair, ça ne serait toujours pas idéal mais déjà bien mieux. Ouf, nos jardiniers urbains sont sauvés !

    C’est un cercle vertueux, tu sais…


    Sylvain, de l’association Toits Vivants

    bqhidden. Les bénéfices pour la santé des produits issus de l’horticulture urbaine sont contestables

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