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    01/08/2013

    Plutôt Bombay, Lima ou Nancy ?

    10 bouquins que StreetPress vous conseille de lire sur la plage

    Par StreetPress

    Mieux qu'un test sur vos performances sexuelles, la sélection de 10 bouquins que la rédac de StreetPress vous a concocté pour glander sur plage. Du polar, du roman, de l'enquête, des nouvelles et même un essai pour les plus prise de tête.

    1 Bombay Maximum City, une enquête de Suketu Mehta

    Ze story : Alors qu’il a construit sa vie à New-York, le journaliste indien Suketu Metha retourne pour 2 ans dans sa ville natale Bombay avec un objectif dantesque : raconter les liaisons incestueuses entre mouvements nationalistes, mafias et starlettes de Bollywood. Récit sur le mode gonzo, Bombay Maximum City enchaîne 800 pages de moments hallucinés comme ces interviews de tueurs à gage où cette rencontre avec Bal Thackeray, le leader de la mouvance nationaliste, au pouvoir à Bombay au milieu des 1990’s. Big up aussi pour ce portrait d’une centaine de pages d’un travesti indien.

    L’auteur : Suketu Mehta, un journaliste du New York Times, qui a aussi bossé comme scénariste sur plusieurs films policiers à Bollywood. Il a terminé finaliste du Prix Pulitzer 2006 pour Bombay Maximum City.

    A lire pour : Connaitre le nom de tous les chefs de gang bombayites / Être initié aux intrigues de la politique intérieure indienne / Te muscler le dos pendant les vacances car le livre fait 800 pages.

    Bombay Maximum City, Buchet Chastel, 780 pages, 23,99 euros

    2 Le dernier stade de la soif, Frederick Exley

    Ze story : Fred rêve de célébrité et « de femmes à la beauté renversante qui écarteraient leurs cuisses sur son passage ». Sauf qu’à son arrivée à New York les choses ne se passent pas comme prévues : quand il séduit enfin une bombe, il n’arrive pas à bander, et les seuls boulots que Fred trouve sont ceux de… secrétaire. Trop lucide sur son impuissance à se réaliser, notre alcoolique s’enfonce dans la clochardisation et enchaîne les séjours à l’HP. Une seule bouée de sauvetage : les matchs des Giants, l’équipe de football américain de New York.

    L’auteur : Signée Frederick Exley, Le Dernier stade de la soif est une autobiographie sortie en 1968 aux États-Unis et rapidement devenue culte. Il a fallu attendre 2011 pour qu’elle paraisse enfin en France. Le pitch est vu et revu mais l’écriture désespérée d’Exley devrait vous arracher quelques frissons.

    A lire si : Tu pensais que Fante et Bukowski étaient indépassables / Tu ne savais pas qu’on pouvait écrire des choses magnifiques à propos de football / Tu t’es toujours demandé à quoi pouvait ressembler la vie d’un pilier de comptoir.

    Le dernier stade de la soif, 10-18, 454 pages, 8,40 euros

    3 Tes yeux dans une ville grise, un roman de Martin Mucha

    Ze story : Jérémias, à peine sorti de l’adolescence, oscille entre tentatives de suicide bidons et parties de PES avec ses amis. Tous les jours, il passe des heures dans les minibus de Lima pour se rendre à son université : l’étudiant profite de ces balades imposées pour croquer sa ville de son regard désenchanté et se perdre dans ses pensées. Conflits sociaux, relations familiales, filles… Jérémias a des idées (noires) sur tout. Attention, livre culte en puissance.

    L’auteur : Martin Mucha est un journaliste péruvien installé à Madrid où il écrit sur les questions d’immigration. Né à la fin des 70’s, il a grandi dans le Pérou en crise des années Fujimori.

    A lire si : Tu as passé ta scolarité dans des bus / Tu veux faire partie des premiers à avoir lu un livre qui pourrait bien devenir culte / Tu aimes l’Amérique Latine.

    Tes yeux dans une ville grise, Asphaltes, 192 pages, 16 euros

    4 Ma sœur aux yeux d’Asie, un roman de Michel Ragon

    Ze story : L’auteur replonge dans son passé et raconte l’énigme qu’a été pour lui sa sœur, Odette, la petite Cambodgienne que son père, sous-off de la coloniale, a ramenée d’Indochine. A travers de vieilles lettres du paternel, il y découvre sa vie, sa perception des colonies, l’Indochine elle-même. Le père, qui passe de « colon-super-raciste » à « père d’une petite khmère », nous balade entre le Vietnam et le Cambodge au fil de ses correspondances. Tellement vivant qu’on en chope presque le paludisme.

    L’auteur : De son premier livre jusqu’au dernier, Michel Ragon tente à chaque fois de reconstituer la mémoire d’un peuple. Ici, à travers les yeux du pauvre paysan de la coloniale, celle des Indochinois sous l’occupation, mais aussi celle de la France rurale, parallèlement occupée par les Allemands au moment où il plonge dans les écrits de son père.

    A lire si : Tu n’as pas de problème avec les longues phrases particulièrement alambiquées que tu ne peux pas lire en un seul souffle / Tu veux visiter le Sud-Est asiatique d’avant 1914 / Tu aimes les histoires de familles mixtes et recomposées.

    Ma sœur aux yeux d’Asie, Le livre de Poche, 215 pages, 4 euros

    5 Camaraderie, un recueil de nouvelles de Matthieu Rémy

    Ze Story : “C’est l’histoire d’un mec”:http://amzn.to/1bRFc66 qui choppe une fille dans un bar, puis celle d’une bande d’étudiants qui découvrent un dancing et bizarrement s’y sentent bien… Dit comme ça, ça ne vend pas du rêve, mais le propos n’est pas vraiment là. Camaraderie dresse, à travers 11 nouvelles, le portrait d’une certaine jeunesse, souvent étudiante et toujours provinciale. 11 tranches de vie pour raconter ces moments où l’on est confronté à des choix. Études, amours, politique… quelles direction prendre ? On ne sait pas, alors on attend – parfois longtemps – que la vie choisisse pour nous.

    L’auteur : Matthieu Rémy est prof à l’université Nancy 2, spécialiste de la « contre-culture ». Un temps, il tenait une chronique dans les Inrocks et a collaboré à Rolling Stone et Novo. Il a également fondé les revues Tout Seul et Zooey. « Camaraderie » est sa première œuvre de fiction, un recueil sélectionné au Goncourt de la nouvelle 2013.

    A lire si : Tu passes ton été à Nancy / Matthieu Rémy était ton prof à la fac / tu hésites entre plaquer ta meuf et la demander en mariage.

    Camaraderie, Editions de l’Olivier, 165 pages, 18 euros

    6 Le linguiste était presque parfait, un roman de David Carkeet

    Ze Story : Un meurtre improbable à l’Institut d’étude du langage des nourrissons ? Tout fout le camp, jusqu’à ce que Jeremy Cook, linguiste presque parfait, soit chargé de l’élucider dans une sorte de Cluedo romanesque où la double-négation et l’énoncé performatif ont beaucoup plus d’intérêt que le Colonel Moutarde ou la clé anglaise. L’enquête se déroule ainsi dans un monde d’extravagances, fait de bons mots et de personnages antipathiques, entre un flic érudit, un directeur despotique et des chercheurs relativement névrosés. Drôle et intelligent.

    L’auteur : David Carkeet a publié 6 romans aux États-Unis, dont Le linguiste était presque parfait, en 1980 et qui a attendu l’âge du Christ avant d’être traduit en français. The New York Times l’adore. TF1 aussi.

    A lire si : Tu as 33 ans de retard, mais désormais besoin d’avance / Tu n’as pas lu beaucoup de livres entre le Prince des Mots tordus et le dernier Alain Rey / Tu sais que Simon Roussin, l’auteur de la couverture française, est aussi un illustrateur presque parfait.

    Le linguiste était presque parfait, Monsieur Toussaint Louverture Editions, 272 pages, 19 euros

    7 Il se passe des choses, une bande dessinée de Guillaume Chauchat

    Ze Story : Pourquoi la feuille de l’arbre arrive-t-elle à tomber ? Pourquoi un chien jappe ? Pourquoi s’embrasser ? Autant de questions existentielles qui permettent à un petit personnage, dessiné a minima, d’évoluer dans un monde faussement naïf, résolument caustique, en se demandant pourquoi il se passe autant de choses autour de soi. Derrière tout cela, cette bande dessinée originale, qui ne ressemble à aucune autre, met en scène une réflexion sur la narration picturale et la manière dont on raconte les histoires.

    L’auteur : Lauréat en 2010 du prix jeunes talents au Festival de la bande dessinée d’Angoulême, Guillaume Chauchat est un illustrateur tout terrain, qui fait des cascades (et des émules) entre ses Bonshommes, ses dessins de presse et ses figurines en fil de fer.

    A lire si : Tu te poses de vraies questions sur la vie, mais que tu préfères un bon roman graphique à un hors-série de Psychologies Magazine / Tu aimes les concepts, même à la plage / Tu vas chez Colette.

    Il se passe des choses, Aux Éditions 2024, 18 euros

    8 Cœur de chien, une histoire prodigieuse de Mikhaïl Boulgakov

    Ze story : L’histoire de Bouboule, un chien errant des bas fonds de Moscou, qui est recueilli par le professeur Filip Filippovich Preobrazhensky. Le célèbre chirurgien vit dans un appartement bourgeois, passe ses soirées à l’opéra et ne fait pas mystère de ses opinions anti-communistes. En même temps, ses patients sont des apparatchiks du régime auxquels il prodigue des soins mystérieux. Une fable qui démarre lorsqu’on comprend que Bouboule va lui aussi passer sur la table d’opération du professeur…

    L’auteur : Mikhaïl Boulgakov (1891-1940), l’incroyable écrivain et auteur de théâtre russe, auteur de Le Maître et Marguerite, sans doute un des meilleurs romans du 20e siècle.  La carrière de Boulgakov est rythmée par la censure qui interdit nombre de ses œuvres. Ainsi Cœur de Chien, écrit en 1925 ne paraîtra en Russie que plusieurs décennies après sa mort, en 1987.

    A lire si : Tu te sens l’âme d’un écrivain(e) d’opposition / Tu es membre du Parti ouvrier indépendant et crois toujours à l’idéologie communiste de l’homme nouveau / Tu es déjà un grand fan de Boulgakov et tu viens d’apprendre que Cœur de chien est de nouveau en librairies, avec une nouvelle traduction proposée par les éditions Sillage.

    Cœur de chien, éditions Sillage, 160 pages, 10,50 euros

    9 Cyber China, un roman de Qiu Xiaolong

    Ze Story : Shanghai se développe à toute vitesse, avec un boom de l’immobilier et de la corruption qui va avec. Mais voilà que des blogueurs chinois mènent l’enquête sur le directeur de la commission de l’urbanisme de la ville et démontrent à quel point le hiérarque du parti a bénéficié de pots de vin. Son suicide en détention est entaché de zones d’ombres. Et c’est là que l’inspecteur Chen intervient.

    L’auteur : Qiu Xiaolong, le Simenon chinois, délaisse les années 1990 pour situer la dernière enquête de l’inspecteur principal de la police de Shangaï à l’époque actuelle. Mais la recette reste la même : une intrigue mixée à un fait de société – ici les libertés sur le net, une love story avec une jolie shanghaienne, assaisonnée de vers de poésie et de recettes de cuisine chinoise.

    A lire si : vous êtes membres de Reporters Sans Frontières / vous avez un faible pour les flics-poètes romantiques – ou les jeunes & jolies journalistes / vous cherchez un bon polar qui se lit d’une traite / vous cherchez la recette de l’émincé de porc frit aux huit trésors.


    Cyber China, éditions Points (poche), 330 pages, 7,30 euros

    10 Un orgasme à Moscou, le presque roman d’espionnage d’Edgar Hilsenrath

    Ze Story : Comme dans toutes les histoires d’Hilsenrath, c’est l’histoire d’un type avec une bite hors norme. Celle de Sergueï Mandelbaum, fils de rabbin et dissident soviétique, a le don de procurer des orgasmes à tout va. Et voilà que ça tombe sur la fille du patron de la mafia newyorkaise qui débarque à Moscou. En pleine guerre froide, la mafia va mettre tout en œuvre pour faire passer Mandelbaum dans la Big Apple.

    L’auteur : Edgar Hilsenrath écrit des romans fous depuis sa sortie du ghetto, mais longtemps refusés par les éditeurs en Allemagne. « Un orgasme à Moscou » est un synospis commandé par Otto Preminger à Hilsenrath, librement inspirée d’OSS 117. De quoi renvoyer Michel Hazanavicius dans les cordes.

    A lire : d’urgence si vous n’avez pas encore ouvert un roman chtarb d’Edgar Hilsenrath !

    Avec la participation de la team du magazine Kiblind.


    Un orgasme à Moscou, éditions Attila, 316 pages, 23 euros

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