Panorama extérieur
Sex Shop: Dissimulation maximum. De l’attirail contenu à l’intérieur du magasin, vous n’en verrez que le nom, inscrit sur des pancartes en carton. En majuscules et au feutre.
Love Shop: Ambiance rose bonbon. Hello Kitty est à l’honneur, sur des coussins, des serviettes et un mug. Une pancarte « soldes » laisse présager qu’on va enfin pouvoir s’offrir une combinaison d’infirmière à prix réduits.
Odorama
Sex Shop: On cherche en vain un rat mort derrière les bites en plastique. Histoire de donner une justification apparente aux relents de ranci contenus dans l’atmosphère. Un piste, aller chercher du coté des tâches sur les jeans des clients ?
Love Shop: L’odeur du plastique nous monte au nez. Quand la boutique aura pris un peu de bouteille, on voit bien le responsable investir dans un diffuseur de parfum. Aux notes de gingembre, histoire de se rappeler qu’on n’entre pas dans n’importe quelle boutique.
Audiorama
Sex Shop: Les dialogues sirupeux du téléfilm auquel le vendeur jette quelques coups d’œil servent de fond sonore. De toute façon on préférerait dépoussiérer les rayons et rafraîchir un peu l’air avant de se préoccuper de l’ambiance sonore. Une fois le ménage effectué, pourquoi pas se brancher sur Chérie FM.
Love Shop: Une compile instrumentale ponctuée de chansons pop à la Lio un brin indigestes. Suggestion: se contenter de l’album gentiment sulfureux Erotica de Madonna. Ou bien Love Street des Doors qui pourrait charmer plus aisément la gente masculine.
Rayon septième art
Sex Shop: Un rayon bien fourni en vidéos d’origine allemande. On croit apercevoir un sosie assez peu glamour de Virginie Ledoyen sur l’une d’elle. La format VHS a été conservé. Quelles que soient les tendances recherchés – zoo, scato, sado-maso – vous trouverez chaussure à votre pied.
Love Shop: Caché au sous-sol. En plus des fictions où infirmières et jeunes filles innocentes ont des rôles en or, on trouve des œuvres de Andrew Blake – le « Scorsese du X » d’après la jaquette porno-chic du film Les femmes érotiques . Ici nos amis les animaux ne sont pas les bienvenus et pour rester en compagnie des bêtes, il faudra se contenter des strings musicaux surmontés d’ une peluche. A noter qu’au love shop il n’y a pas de VHS: on joue la carte de la modernité.
Rayon cuir
Sex Shop: Ça manque cruellement de fournitures. Pour jouer au maître et au serviteur, il faudra changer de crèmerie.
Love Shop: De quoi attacher, museler et cravacher au moins un cirque équestre. Et en plus, c’est plutôt « mignon » réplique le vendeur. Forcément, en rose et noir, ça fait moins mal.
Accueil clientèle
Sex Shop: Absorbé par son écran de télévision, il ne jette qu’un regard défiant qui n’incite pas vraiment à obtenir des conseils sur la multitude d’objets conservés dans cette caverne.
Love Shop: Vendeurs au sourire jovial, à l’image de la vitrine. Un vigile veille au grain. Le matériel est précieux par ici.
Les badauds
Sex Shop: On ne se presse pas dans l’étroitesse des rayons. Quelques âmes solitaires, ou de jeunes adultes en bande – qui au bout de 18 ans de bagne s’octroient une petite faveur – hésitent entre un porno avec des Milf et un autre « spécial Insertions ».
Love Shop: Des couples de copines s’en tiennent au rayon lingerie et maillots de bain deux pièces flashy, qui rappellent la sobriété du style vestimentaire d’une Loana. Les jeunes parents y viennent également accompagnés de leur jeune progéniture en poussette. Tout ce rose, ça rappelle forcément l’univers layette.
Depuis mai dernier, un nouveau-né s’est introduit entre les sex-shops du boulevard de Clichy: Le Secret’s Pigalle. Dans la lignée de boutiques jusque là principalement implantées dans le Marais, ce nouveau magasin est un « love shop ». Traduction: exit les poupées gonflables, ici le beau sexe est à l’honneur. Comme le souligne Cédric, vendeur du magasin, « Love shop, ça ne veut rien dire. C’est simplement fait pour une clientèle plutôt féminine. » L’implantation de ce premier love shop dans le territoire des sex-shops marque le début d’une nouvelle concurrence.
Source: Irène Hervois | StreetPress et 75019.streetress
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