1 Les faits :
Stéphane Gatignon, le maire Europe Ecologie – Les Verts de Sevran (93), a entamé une grève de la faim le vendredi 9 novembre. Installé dans une tente de camping, place Edouard Henriot, devant l’Assemblée Nationale, il réclame 5 millions d’euros à l’État pour boucler le budget de sa commune, une des plus pauvres de France, qui a pris de plein fouet la faillite de Dexia.
Mercredi matin, il n’avait toujours rien mangé.
2 Le contexte :
La grève de la faim, peut-être dernier mode d’action pour faire entendre une cause juste qui laisse trop indifférent ? Gandhi, en 1932, a jeûné pendant 6 jours pour les droits des intouchables que le parlement local voulait remettre en cause. En France, le libertaire Louis Lecoin ne mange plus en 1962, en pleine guerre d’Algérie, pour demander un statut pour les objecteurs de conscience. 2 buzz qui ont cartonné, puisque les grévistes l’ont emporté.
Ce ne fut pas le cas pour Bobby Sands, député de l’Ira, que Margaret Thatcher laissa mourir après 66 jours de grève de la faim. Il demandait un statut de prisonnier politique pour les républicains irlandais incarcérés.
3 La question de StreetPress :
Et vous, pour quelle cause pourriez-vous faire une grève de la faim ?
Aller jusqu’à la grève de la faim, certainement pas. Je suis Alsacien, alors la saucisse et la choucroute ça me tente.
4 La réponse des députés :
Les grévistes
Denis Baupin – EELV – Paris « Pour beaucoup de causes. Si j’étais sûr qu’une grève de la faim pouvait nous faire sortir du nucléaire, par exemple, je ferais une grève de la faim (…) Pour que ce soit pertinent, il faut un sujet d’envergure et gagnable. La dernière fois que José Bové a lancé une grève de la faim, il savait que dans les 15 jours qui suivaient, il y avait des décisions importantes. Ça peut rythmer une campagne d’opinion »
Nicolas Dupont-Aignan – DLR – Essonne : « Pour l’indépendance de mon pays. Mais je ne suis pas sûr qu’ils ne préféreraient pas me laisser mourir de faim. »
Jean-Pierre Door – UMP – Loiret : « J’aimerais bien la faire pour pouvoir perdre du poids. »
Serge Janquin – PS – Pas-de-Calais : « Il y a par exemple la cause syrienne qui mériterait qu’on s’engage à ce niveau-là »
Patrick Ollier – UMP – Hauts-de-Seine : « Pour la misère, la précarité »
Serge Letchimy – PS – Martinique : « La dignité humaine, la question des guerres inutiles me semblent aussi fondamentales »
Les gros estomacs
Benoist Apparu – UMP – Seine-et-Marne : « Y’a pas que la grève de la faim comme mode de gouvernance intelligent, rassurez-moi ? »
Malek Boutih – PS – Essonne : « On envoie comme signal à l’opinion publique que nous-mêmes, nous n’avons pas de pouvoir ! Ça détruit même l’idée d’action politique, faut se battre quoi ! (…) La grève de la faim, c’est Bobby Sands dans les prisons nord-irlandaises. »
Thierry Mariani – UMP – Asie : «C’est ridicule. Demain c’est quoi ? Y’en a un qui se coupera le petit doigt pour montrer qu’il en fait plus que le voisin ? (…) Vous savez j’ai été président du groupe d’étude sur la restauration, ça m’ennuierait de faire la grève de la faim. »
Yves Jégo – UMP – Seine-et-Marne : « Quand on fait bien son travail, on n’a pas besoin d’attirer l’attention »
Catherine Coutelle – PS – Vienne : « Je trouve que ça dévalorise les grèves de la faim, quand on annonce une grève de la faim de 4 jours »
Sébastien Huyghes – UMP – Nord : « Plus personne ne se souvient pourquoi Jean Lasalle avait fait une grève de la faim à l’Assemblée. Mais finalement c’est lui qui est devenu le centre d’attraction et non la cause qu’il défendait »
Jean-Luc Reitzer – UMP – Haut-Rhin : « Parfois j’ai envie d’exprimer ma colère. Mais aller jusqu’à la grève de la faim, certainement pas. Je suis Alsacien, alors la saucisse et la choucroute ça me tente. »
J’aimerais bien la faire pour pouvoir perdre du poids
Pour que ce soit pertinent, il faut un sujet d’envergure et gagnable
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