En ce moment

    04/06/2012

    Sous-loc, foyer, chambre dans une famille : kifs et galères d'un logement à (très) court terme

    Jeunes provinciaux en stage à Paris cherchent pied-à-terre

    Par Thomas Arnaud-Deguitre

    Sur StreetPress Tifanie a les boules : « Je ne peux pas sortir de ma chambre et me balader en culotte. » Comme Kouider, Aline et Julien elle est en stage à Paris pour une très courte période. Avec le logement qui va avec.

    Le printemps rime avec stage pour les étudiants. Après une année passée à trimer sur les bancs de la faculté, les étudiants peuvent enfin accéder  au monde professionnel pour quelques temps. Sur le papier, débarquer à Paris pour quelques mois, ça peut faire rêver. Mais un problème majeur reste à résoudre : trouver un logement. Et c’est ici que les galères commencent.

    Aline – 22 ans – En stage pour 5 mois – Sous-loue un 2 pièces

    Comment tu as trouvé ? J’ai fait beaucoup de recherches pour trouver mon appartement. Vu que je cherchais pour avril jusqu’à août, on ne peut pas louer très facilement car c’est en pleine période scolaire. J’ai commencé à chercher pour des colocs sur des sites spécialisés mais j’ai vite abandonné. C’est plein d’annonces axées sexuel – cherche coloc bi ou gai pour nuit de folie, ou de vieux pervers – cherche jeune fille de -30 ans, étudiante de préférence pour colocation dans studio de 20m2. Je suis même allée jusqu’à regarder les chambres à louer dans les foyers de bonnes sœurs, mais c’est peu commode car tu ne peux pas amener ton copain. Au final, j’ai réussi à trouver un appartement à sous-louer via une pote d’une amie, une semaine avant le début de son stage. Ma copine est devenue mon Dieu !

    Ce que tu kif ? Se sentir comme à la maison. Et puis l’appartement est situé, par chance, à 20 minutes en métro de mon lieu de stage.  En plus, je ne paie pas trop cher car j’arrange aussi la jeune fille à qui je sous loue. Elle économise de l’argent et je prends soin de chez elle.

    La plus grosse galère ? La proprio est revenue deux semaines pour passer ses exams. Je suis donc allée de droite à gauche chez des connaissances avec ma grosse valise contenant 2 semaines de fringues. C’était vraiment la galère de ne pas avoir de chez-soi pendant tout ce temps. Je n’osais pas trop sortir avec mes copines pour ne pas déranger les personnes chez qui je squattais. Je ne me sentais pas à l’aise.

    Si c’était à refaire ? J’ai vraiment eu beaucoup de chance de trouver ce plan. Le problème est que j’ai gardé mon appart à Bordeaux, parce que déménager coûte cher. Rien qu’à cause de cela, je ne sais pas si je vais réitérer l’an prochain même si la ville est géniale sur plein d’aspects.


    Aline, en galère avec ses bagages

    La proprio est revenue deux semaines pour passer ses exams. Je suis donc allée de droite à gauche chez des connaissances avec ma grosse valise

    Tifanie – 20 ans – En stage pour 2 mois – Loue une chambre chez une famille qu’elle ne connaît pas

    Comment tu as trouvé ? J’étais toute contente d’avoir mon stage sur Paris. Sauf qu’en réalité, il est à Asnières. J’ai donc cherché sur Internet pour sous-louer dans ce coin. J’ai d’abord visité un appartement, ou du moins quelque chose qui y ressemblait. C’était miteux avec une salle de bain insalubre, des fils électriques partout, une cuisine relativement petite puisque réduite à un pauvre micro-ondes, et un lit superposé avec des draps sales …Tout cela pour la modique somme de 850 euros… Non merci. 

    Plan B. Toujours sur Internet, je tombe sur une dame qui loue une chambre d’hôte à la semaine dans sa maison. Le prix est plutôt raisonnable et la dame me parait très sympa au téléphone. Je monte donc sur Paris pour aller le visiter. Le lieu est sympa et calme. La chambre est très fonctionnelle puisqu’elle fait à la fois lit, douche et plaque électrique, le tout réparti dans deux mini pièces – si on peut appeler « pièce » un espace de 5m2.

    Le point galère ? Etre toujours présentable. Au départ, j’ai eu du mal à m’acclimater. Je rentrais du stage, j’essayais de faire le moins de bruit possible pour ne pas les déranger et je montais dans ma chambre, où je passe la plupart de mon temps. Ce qui est difficile, c’est qu’il faut toujours être présentable. Genre je ne peux pas sortir de la chambre et me balader en culotte. Le plus gros hic : ne pas pouvoir inviter d’amis ou son petit copain par exemple. Tu entends le fils de la proprio qui passe la soirée avec sa petite copine dans la chambre d’à côté alors que toi tu es seule devant la télé…

    Ce que tu aimes ? Avoir presque une seconde famille. La dame loue également une chambre à un mec de 26 ans et ma chambre se situe juste à côté de celle de son fils de 19 ans. Peu à peu, je me suis intégrée à la famille. Ils m’invitent désormais à manger avec eux ou à prendre un verre. Du coup, j’apprends à les connaître et à les apprécier. Ce qui est difficile, c’est qu’on ne partage pas vraiment les mêmes centres d’intérêt mais c’est aussi ce qui est intéressant. Et puis au moins, je ne suis pas seule le soir.

    Si c’était à refaire ? Au départ, j’avais pas mal d’appréhensions. J’avais peur de me sentir seule, loin du centre de Paris où se situent tous mes amis aussi en stage. Mais au final, je suis ravie de cette expérience. J’ai rencontré des gens extras qui t’ouvrent leur maison comme si tu les connaissais depuis longtemps, qui passent le soir dans ta chambre discuter avec toi pendant une heure pour savoir si tout va bien, si tu n’es pas dépaysée ou si t’as besoin de quelque chose. Tu partages une petite partie de ta vie avec eux. Je pense que même si j’aurais beaucoup aimé avoir mon petit chez-moi, ce n’est vraiment pas plus mal que je me retrouve chez eux. C’est un peu une sorte de  famille de rapatriement.


    Ça peut aussi se passer comme ça

    J’ai rencontré des gens extras qui t’ouvrent leur maison comme si tu les connaissais depuis longtemps

    Julien – 21 ans – En stage à Paris pour 1 mois – Squatte chez une amie

    Comment tu as trouvé ? Je n’ai eu aucun souci. Je suis né à Paris, j’y ai vécu pendant 14 ans. J’habitais à Saint-Germain des Prés, du coup j’ai encore plein de contacts dans ce quartier. Quand j’ai appris que j’étais pris en stage sur Paris, j’ai contacté une de mes amies d’enfance qui a un appartement seule là-bas. Elle a accepté tout de suite.

    Le point cool ? La colocation avec ma pote, c’est génial. Quand je rentre du boulot, je sais qu’il y aura quelqu’un avec qui je peux parler et déconner. On se connaît par cœur, et puis c’est comme si j’étais chez moi. J’invite mes amis quand je veux, et moi de mon côté, je rencontre ses potes. Le truc vraiment cool aussi est que je suis indépendant : à Bordeaux, j’habite chez mes parents, pas tous les jours facile quand on a 21 ans. Là, je peux faire ce que je veux, enfin presque…

    Le hic ? L’appartement de ma pote n’a qu’une chambre, je dors donc dans le salon, qui fait aussi office de cuisine. Je n’ai donc pas énormément d’intimité. Et puis quand je bosse le lendemain et ma pote non, elle me réveille en rentrant de soirée. Mais au moins le matin, elle me bouge si elle voit que je n’arrive pas à me lever ! Le truc chiant aussi, c’est que la salle de bain et les toilettes ne sont accessibles que par sa chambre.

    Tu le referais ? Oui carrément. On s’entend super bien et puis Paris est génial. Mais heureusement que j’ai des contacts dans cette ville, sinon j’aurais vraiment galéré. Mes parents n’auraient pas pu me payer un appartement pour un mois. Je suis bien content d’être parisien en fait, même si j’adore Bordeaux.


    Les joies de la colocation

    Je sais qu’il y aura quelqu’un avec qui je peux parler et déconner.

    Kouider – 23 ans – En stage sur Paris pour 6 mois – Loge dans un foyer de jeunes travailleurs

    Comment tu as trouvé ? Je suis étudiant en troisième année de biotechnologies de la santé à Nantes et j’ai un stage obligatoire de six mois à réaliser. Mon choix s’est porté sur Paris parce que les offres sont nombreuses. Ne connaissant personne dans la ville, et n’ayant que peu de revenus j’ai choisi de loger dans un CLJT (Centre de Logement pour jeunes travailleurs). J’ai envoyé une dizaine de demandes sur Paris, et je n’ai eu qu’une réponse positive. J’ai eu vraiment de la chance, sinon j’aurais abandonné Paris. Pas parce que je n’avais pas envie de sous-louer un appartement mais parce que c’est souvent générateur d’embrouilles.

    Le point cool ? C’est un bouillon culturel. Ce qui est bien, c’est qu’il y a beaucoup de diversités. Le soir, je peux entendre parler anglais, arabe, africain, etc…. Et puis il y a régulièrement des animations dans la résidence. Il y a aussi une cantine pour les fois où j’ai vraiment la flemme de me faire à manger. 

    Le hic ? C’est tout de même assez cher : je paye 423€ pour mes 14 mètres carrés. Mais bon, c’est toujours moins cher que certaines sous-locations. Le truc assez chiant aussi, c’est que si je veux inviter du monde à dormir chez moi, mes amis doivent payer la nuit. Bien sûr il y a toujours moyen de griller le truc, mais bon…Et le gros souci aussi est qu’Internet est payant dans les chambres. Le seul moyen de l’avoir gratuit est de descendre dans les salles communes, pas très pratique quand tu veux bosser tranquillement.

    Si c’était à refaire ? La résidence CLJT est un très bon moyen pour se loger sur Paris quand on ne connaît personne. Mais cela reste tout de même assez cher pour des étudiants comme moi qui n’ont pas de revenus. Si je devais réitérer un stage sur Paris, je retournerais sans problème ici, mais en prenant une chambre un peu plus grande, parce que je tourne quand même très vite en rond dans mes 14m2.


    La meilleure façon de partager une connection Wi-Fi

    bqhidden. Le gros souci aussi est qu’Internet est payant dans les chambres

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€ 💪
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER