Roissy-Charles de Gaulle – 16h14. Devant le hall 4 du terminal 1 où s’envolent les avions pour la Suisse, il n’y a ni afflux de Ferrari dernier cri, ni raz-de-marée de sacs Chanel. Hier à Roissy, StreetPress a cherché les réfugiés fiscaux annoncés après l’élection de François Hollande. mais rien. Claude, passager de la business classe pour Zurich a le sourire aux lèvres: « Ah c’est pas ici que vous allez les trouver, ils prennent des jets privés ces gens-là ! »
Au bureau d’embarquement de la Swiss International Airline, derrière les hôtesses, les télévisions murales diffusent en boucle des images de feu la campagne présidentielle. Pendant de longs moments, les écrans sont les seuls éléments animés de l’accueil ; « C’est un lundi comme un autre » soupire une des hôtesse qui relaie l’accueil de la Swiss Airline. Même constat du côté des autres compagnies. Selon un steward à l’accueil du bureau de vente de dernière minute, aucun des quatre vols en direction de la Suisse (Zurich et Genève) n’est complet et « la matinée est calme ».
Quelques français Zurich recevra peu de voyageurs aujourd’hui, et encore moins de français. Dans la file pour l’enregistrement, ils sont rares à n’avoir pas dit « I don’t speak french, sorry » ou sa version presque française « No parler français ici ». Les quelques hexagonaux en partance ne font souvent qu’une escale dans la ville Suisse pour finir en Russie ou en Israël. Ceux-là sont d’ailleurs plutôt content d’échapper à la campagne – législative cette fois – qui va reprendre. « J’en ai ras la casquette de la politique en ce moment moi, hein ! Et puis d’abord je m’en fous du président, c’est toujours pareil, du bruit pour rien ». « T’énerves pas René ! » répond sa femme Mireille en faisant virevolter sa crinière rousse (« Vous n’avez pas de caméra ? »).
C’est pas ici que vous allez les trouver, ils prennent des jets privés ces gens-là !
Hollande, même pas peur ? Surtout, parmi les français à destination de Zurich, on se défend de fuir, tout simplement parce que l’on a rien à craindre. « Franchement, j’ai une allure de millionnaire ? Moi, les 75 %, ça ne me concerne pas et j’ai pas peur du vote des étrangers », répond Claude en riant, sous son chapeau accordé avec son impair beige. Alain, qui va rendre visite à un ami à Zurich, est même content du résultat des élections : « J’ai voté pour Hollande, enfin, surtout contre Sarkozy… Je ne suis pas milliardaire, j’ai assez pour des vacances et je reviens après. Si, si je vous assure ! ». Les deux hommes sont en vacances et « ça fait longtemps que tout est prévu ».
Alors, pas de riche héritier à bord du vol pour Zurich ? Pourtant il y avait bien cette dame âgée, robe noire, teinture blonde et sac de voyage Louis Vuitton. Au début elle s’arrête, souriante mais au nom de François Hollande elle s’échappe, tête baissée en secouant ses cheveux platine « Ah non, non, non ». Bon.
Moi je serais partie bien avant le 2e tour ! C’est pas comme si le résultat était inattendu non ?
Welcome La très coquette Guilaine, la quarantaine, propose une explication au calme très suisse du hall 4 du terminal 1 de Roissy: « Moi je serais partie bien avant le 2e tour ! C’est pas comme si le résultat était inattendu non ? ». Pas folle la guêpe. Laurent, un jeune homme qui attend sa petite amie depuis une heure et commence à flipper, est persuadé que personne ne va partir : « Je suis content de payer pas mal d’impôt parce que je gagne correctement ma vie. Puis les riches ne peuvent pas se barrer, ils tireraient un trait sur un cadre de vie sympa, et un certain nombre d’avantages fiscaux, de niches non négligeables. C’est sûr moi je resterais. » « En tous cas, les riches réfugiés sont les bienvenus en Suisse, c’est bien pour nous ça » glisse John, américain, francophone et résident suisse au teint bronzé. Mais à part Mickaël Vendetta personne n’a encore quitté la France.
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