A chaque campagne, son lot de débordements plus ou moins grotesques. Cette année, François Hollande a sniffé de la cocaïne farine” frameborder=“0” allowfullscreen> et Nicolas Sarkozy a envoyé les CRS charger des manifestants basques “visiblement hostiles”:<iframe width=“560” height=“315” src=”//www.youtube.com/embed/T9foXTtJxY4 à sa venue à Bayonne. Hier, des ouvriers d’Arcelor ont manifesté devant le QG de campagne de l’UMP, de quoi faire flipper le 15e peu habitué aux mouvements de foule. Mais au fur et à mesure des années, qui détient la palme de l’agression de campagne ?
1. Jean-Marie Le Pen joue à la guerre
Le contexte : 30 avril 1997, élections législatives. La voiture de Jean-Marie Le Pen est à peine arrivée à Mantes-La-Jolie qu’une foule d’opposants se masse autour du véhicule. Bien que ce soit le rôle de ses gorilles, Jean-Marie Le Pen préfère jouer de ses poings lui-même pour se frayer un chemin. Furieux, il charge même la candidate socialiste Annette Peulvast-Bergeal, qu’il plaque contre un mur en hurlant. Un “dérapage” qui lui vaudra deux ans d’inéligibilité.
La réaction : Violente et immédiate «Dans la mesure où on m’agresse, j’ai jamais eu peur d’un autre homme, ni même de plusieurs.» Mais a-t-il été agressé ?
Le style : la précision et la modération, c’est pas son truc. Non Le Pen, lui, il fonce dans le tas.
La phrase qui tue : « Je vais te faire courir tu vas voir le rouquin là-bas ! Hein ! Pédé ! »
Le détail qui tue : « Chargez ! » (1min03) crie le candidat à ses troupes comme s’il était sur un champ de bataille. Heureusement qu’un policier lui tient tête, sinon il lançait la cavalerie.
Je vais te faire courir tu vas voir le rouquin là-bas ! Hein ! Pédé !
2. Jean-Pierre Chevènement et la minorité violente
Le contexte : 17 avril 2002, élections présidentielles. Alors que Jean-Pierre Chevènement déambule au salon du Livre face caméra, le candidat est attaqué, les assaillants réussissant à contourner le cordon sécuritaire qui l’entoure.
La réaction : Aucune. Le candidat reste hébété, le visage plein de crème. Jean-Pierre est un diesel, il a réagi, mais plus tardivement, en portant plainte. Bayrou qui s’était lui aussi fait entarté pendant sa campagne avait pris l’incident avec plus de philosophie en déclarant : «C’est plutôt le signe que la société française ne va pas très bien. » Condamnation pour l’entarteur de JP : 800 euros.
Le style : 1 000 points ! Si l’on était dans un jeu vidéo, c’est le gros lot. La tarte à l’ananas préparé par Noël Godin, qui se fait passer pour un journaliste télévisé, atterrit en plein dans le mille. L’ex-ministre était sur la liste de l’entarteur depuis sa loi contre les sans-papiers.
Le détail qui tue : L’entartage tombe à point nommé, pile au moment où le candidat évoque une « minorité violente », elle lui répond, en direct !
800 euros à payer pour l’entarteur
3. François Bayrou, et ça tape tape tape
Le contexte : 8 avril 2002, élection présidentielle. En berne dans les sondages, le candidat de l’UDF (le Modem n’existe pas encore) cherche à attirer l’attention. Quoi de mieux qu’un « quartier chaud » ? Il est donc en visite à La Meinau, dans une mairie de quartier de Strasbourg. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le but est atteint. Au cours de sa visite, il veut aller s’expliquer avec des jeunes qui ont brisé des vitres. Mais quand des enfants s’approchent et tentent de lui faire les poches, la réaction est immédiate.
La réaction : Rapide, mais pas méchante On est en plein dans la période “Bayrou mais euuuuh” lancé par les Guignols.
Le style : bien visé (en même temps, c’était pas difficile), bien ajusté et bien pesé : professeur Bayrou donne une leçon.
La phrase qui tue : “Tu me fais pas les poches ! Si, tu me faisais les poches !”
Le détail qui tue : L’impression que le jeune interlocuteur de Bayrou est à deux doigts de s’assoupir en direct.
Tu me fais pas les poches ! Si, tu me faisais les poches !
4. Lionel Jospin a la frite
Le contexte : Avril 2002, élections présidentielles. C’est la fin de son meeting à Rennes et Lionel Jospin prend un bain de foule quand surgissent tout à coup des jets de ketchup qui atteignent le candidat en plein visage. Accrochez-vous car la vidéo est chahutée et de mauvaise qualité.
La réaction : Honnêtement, c’est un peu dur à dire. Une réaction un peu floue ?
Le style : le candidat est atteint, 1 point pour ça, et l’idée du jet de ketchup est originale, il faut le dire.
La phrase qui tue : la seule que l’on entende distinctement et elle suffit : « Oh, oh là là, merde ! ».
Le détail qui tue : les deux jeunes attaquants arborant des T-shirts des jeunes socialistes affirment avoir voulu « mettre un peu de rouge dans la campagne ». A l’époque la campagne de Lionel Jospin roule sur un parterre d’épines : il gère mal le thème de l’insécurité et soutenait que son programme « n’était pas socialiste».
5. Ségolène Royal mauvaise joueuse
Le contexte : 11 juin 2006, élections présidentielles. La future candidate du PS ne l’est alors pas encore. Mais tout le monde la pressent pour porter les couleurs de son parti aux présidentielles. Ce qui explique pourquoi les journalistes la suivent partout et notamment à la gare de La Rochelle.
La réaction : un petit cri seulement. D’ailleurs sur le coup, personne ne réagit vraiment ni ne vient en aide à la supposée-future-candidate. Pourtant il y avait moyen de marquer un bon point aux yeux de Ségo ! Un peu après elle reprend du poil de la bête : « Il n’y en a pas une autre qu’on lui mette dans la figure ? »
Le style : la tête de la candidate est bien visée, faut dire qu’on le voit venir d’assez loin, on sent que le coup est bien préparé. Et il a pas peur de tenir ensuite tête à Royal et ses amis, puisqu’il reste dans le décor. Une tête brûlée.
La phrase qui tue : Il y en a deux : « La police est là ? Oui oui, je porte plainte » L’homme a finalement été condamné à 150 euros d’amende, c’est dire si l’attaque était grave et malveillante. Mais aussi cette sortie du maire de la Rochelle : « C’est ces gens qui se disent gauchistes et qui sont en fait des petits bourgeois »
Le détail qui tue : l’attaquant a pris soin d’adapter la tarte à son destinataire : aux fraises parce que les fraises, tu comprends, c’est féminin et le rouge, c’est à gauche. (On le voit bien car le journaliste juge nécessaire de faire un plan long sur les restes du gâteau de la discorde).
bqhidden. « Il n’y en a pas une autre qu’on lui mette dans la figure ? »
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