En ce moment

    08/03/2011

    Benjamin Gans réagit aux propos de Olivier Jay pour qui l'antisémitisme est « plus grave » que le racisme

    Le juif que je suis n'en peut plus d'être le mètre-étalon de la douleur

    Par Benjamin Gans

    Le redac' chef du JDD a dénoncé samedi 5 mars au Journal de France 3 les propos «antisémites, pas racistes hein, donc c'est encore plus grave» de John Galliano. Un joli classement de la part d'Olivier Jay: c'est ce qu'on appelle l'arroseur-arrosé.

    Il y a des pensées qui ressemblent à des fonds de cuvette de WC dont on aurait pas tiré la chasse. Et ce qu’a prononcé spontanément Olivier Jay directeur de la rédaction du JDD fait partie de celles là : une pensée imbécile et sale. Et incroyablement passée inaperçue. Il aura fallu quelle soit postée par un ami sur Facebook pour que j’en prenne connaissance. Quand elle est apparue sur mon mur j’étais sidéré et surtout persuadé que la personne qui exprimait cette idée se prendrait une volée de bois vert, une réplique immédiate mais non, rien, silence sauf la voix énervée d’Audrey Pulvar . Repassez-vous la scène, elle ne dure que le temps d’ un souffle, et pourtant on se la passe et on se la repasse car on peine à entendre ce qui vient d’être dit. Invité par le présentateur du Soir 3 à réagir sur les propos de John Galliano couturier à la ville, admirateur d’Hitler dans le civil, voici l’échange surréaliste qui s’en suivit :

    *- Francis Lettelier : Olivier Jay ce qui a marqué les défilés cette année, c’est John Galliano et ses propos racistes. Après l’affaire Guerlain, ça fait beaucoup dans le milieu de la mode et du luxe, pourquoi dans ce milieu il se passe des choses comme ça ?

    - Olivier Jay : …antisémite, pas raciste hein, antisémite, donc c’est encore plus grave…

    - Francis Lettelier : Oui, oui…

    - Olivier Jay : Bon l’affaire Guerlain, c’est les péripéties de la vieille bourgeoisie française, c’est pas très reluisant… Galliano c’est la déchéance d’un homme quoi, c’est à la fois une descente aux enfers de quelqu’un qui a rénové la marque Dior et qui avait un talent exceptionnel et un talent déjanté et là il est d’une certaine manière allé au bout de son côté déjanté c’est… c’est un peu triste oui…

    - Francis Lettelier : Oui, oui… antisémite ou raciste, ça se ressemble malheureusement…

    - Olivier Jay : Oui… oui… mais enfin c’est… beaucoup plus grave d’une certaine manière.


    Être antisémite est plus grave qu'être raciste
    envoyé par Nzwamba. – L'actualité du moment en vidéo.

    Et les Cambodgiens merde ! L’antisémitisme est pire que le racisme… On aura tout entendu hein ? Voila une personnalité qui croit défendre la morale mais qui l’enfonce, la foule à ses pieds et lui marche dessus. Donc dire sale nègre ou traiter un arabe de crouille est moins grave qu’insulter un juif de youpin. Mais alors, c’est très intéressant cette échelle de valeur, continuons gaiement, filons cette pensée lumineuse et allons jusqu’au bout : Number One, les feujs, ok, mais juste après ? Car pourquoi n’y aurait-il pas des sous catégories dans le racisme et la douleur ? Voyons-voir, est-ce que les indiens d’Amérique viennent juste après les juifs, ou devant les Cambdogiens ? Choix difficile car les Tutsis en ont bavé aussi un chouilla plus que les Arméniens.

    Quand j’entends ce genre d’ânerie, je ressors systématiquement la phrase qui clôt les Mots de Jean-Paul Sartre, elle ne tire qu’une fois, mais elle est imparable « Si je range l’impossible salut au magasin des accessoires, que reste-t-il ? Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui ». Je suis n’importe qui, vous êtes n’importe qui Monsieur Jay et désormais encore plus qu’un autre. Enfin, il faut peut-être ajouter une précision : le juif ne supporte pas qu’on sorte les cadavres de ses ancêtres pour les comparer à ceux des autres, le juif que je suis n’en peut plus d’être le mètre-étalon de la douleur, celui auquel on compare tous les drames : Monsieur Jay, le juif, il vous emmerde .

    Cet article est en accès libre, pour toutes et tous.

    Mais sans les dons de ses lecteurs, StreetPress devra s’arrêter.

    Je fais un don à partir de 1€
    Sans vos dons, nous mourrons.

    Si vous voulez que StreetPress soit encore là l’an prochain, nous avons besoin de votre soutien.

    Nous avons, en presque 15 ans, démontré notre utilité. StreetPress se bat pour construire un monde un peu plus juste. Nos articles ont de l’impact. Vous êtes des centaines de milliers à suivre chaque mois notre travail et à partager nos valeurs.

    Aujourd’hui nous avons vraiment besoin de vous. Si vous n’êtes pas 6.000 à nous faire un don mensuel ou annuel, nous ne pourrons pas continuer.

    Chaque don à partir de 1€ donne droit à une réduction fiscale de 66%. Vous pouvez stopper votre don à tout moment.

    Je donne

    NE MANQUEZ RIEN DE STREETPRESS,
    ABONNEZ-VOUS À NOTRE NEWSLETTER